Un succès inédit, une deuxième breloque en or en moins d’un an et un statut de légende à jamais acquis. Du haut de ses 1,91 m, Soufiane El Bakkali est le nouveau phare de l’athlétisme marocain. Le champion fassi a remporté, dans la nuit de lundi à mardi, le titre de champion du monde du 3.000 m steeple, au terme d’une course lente et tactique, où il était bien seul face à la concurrence kenyane et éthiopienne. Comme à Tokyo, Soufiane attend le dernier virage pour griller la politesse à ses adversaires et s’offrir un premier titre mondial dans sa discipline de prédilection.
Un succès inédit pour le demi-fond marocain, qui n’avait jamais réussi jusqu’ici à bousculer la hiérarchie imposée par les Africains de l’Est. «Je suis très heureux de remporter mon premier titre mondial après l’or olympique, a-t-il lâché au micro de World Athletics. La course était très difficile, c’était tactique et lent. Je me suis bien positionné sur le dernier tour. Je suis très fort sur les 400 derniers mètres et ça a bien marché pour moi», a analysé l’athlète de 26 ans.
L’arbre qui cache la forêt
La victoire d’El Bakkali sur un chrono de 8:25:13, le plus lent lors d’un Championnat du monde, lui a permis de mettre fin à une série de 7 titres mondiaux successifs des Kényans, dont les deux derniers portant la signature de Conselsus Kipruto. L’Éthiopien Lamecha Girma (8:26:01) remporte l’argent, alors que Kipruto (8:27:92) termine sur la troisième marche du podium. C’est la première fois depuis 1991 que le Kenya n’est pas sur les deux premières marches. C’est également la première médaille d’or marocaine dans les Mondiaux d’athlétisme, depuis le sacre de Jaouad Gharib au marathon à l’occasion de l’édition 2005 à Helsinki.
El Bakkali continue de sauver la face de l’athlétisme national, puisqu’il est le seul marocain à être monté sur le podium en 2017 à Londres, puis en 2019 à Doha. Sans parler de Tokyo l’été dernier. La prestation du champion marocain ne devrait pas cacher les désillusions dans les autres disciplines. À titre d’exemple, aucun athlète national ne s’est qualifié en finale du 1.500 m, une discipline jadis acquise aux Marocains. Les espoirs sont désormais placés dans les athlètes engagés en 800 m et en 5.000 m, en espérant que d’ici la fin de la semaine, le drapeau marocain retrouve les cieux de l’Oregon.