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Mustapha Sehimi : Voici pourquoi la pseudo-rasd doit être suspendue de l'UA

À la veille du 35e sommet de l'Union africaine prévu les 5 et 6 février à Addis-Abeba, le politologue Mustapha Sehimi nous livre sa lecture de la nouvelle composition du mécanisme de la «troïka», décidé par la Conférence de l'Union pour accompagner et soutenir les efforts exclusifs des Nations unies pour le règlement du conflit régional artificiel autour du Sahara marocain. Le politologue nous expose également les deux raisons majeures qui inciteraient l'UA à décider de la suspension de la pseudo-rasd.

Mustapha Sehimi : Voici pourquoi la pseudo-rasd doit être suspendue de l'UA

«Évidemment, c'est avec satisfaction pour le Maroc de voir que le tour de table de cette troïka est occupé par des pays amis», affirme M. Sehimi. L’agenda diplomatique africain, rappelle le politologue, prévoit la tenue du 35e sommet de l'Union africaine les 5 et 6 février à Addis-Abeba (Sommet qui sera précédé par la réunion des ministres des Affaires étrangères) dans le cadre duquel on assistera effectivement à ce changement de la composition de la troïka. «Ce changement est intéressant parce qu’il y aura le départ du sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui était dans cette troïka et qui s’est distingué au cours de son mandat par un activisme particulier à l’endroit du Maroc marqué du sceau de l’hostilité», affirme M. Sehimi. «Et en fait, la position sud-africaine, on le sait depuis des années, est une position de sous-traitance de celle de l'Algérie et le Maroc est particulièrement vigilant sur ce sujet», dit le politologue, qui rappelle, toujours en lien avec cette hostilité de Pretoria à l’égard du Maroc, qu’en février 2021, lors du 34e Sommet ordinaire de l’UA, le Président sud-africain (président sortant de l’UA) avait demandé une réunion de la troïka, mais cette proposition n’a pas été suivie par les autres membres, à savoir le président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi (qui était président en exercice de l’UA) et le président du Sénégal, Macky Sall (qui était le président entrant de l’UA). «C’était un échec patent pour les manœuvres de Pretoria et derrière de l’Algérie», souligne M. Sehimi, faisant observer que «maintenant, il y a une nouvelle donne qui va marquer le travail de la troïka, désormais constituée par les trois Chef d’États du Sénégal, de la République démocratique du Congo et des Îles Comores».

Tout en rappelant que ces trois pays reconnaissent la marocanité du Sahara, et plus encore, ils ont ouvert des consulats à Dakhla, M. Sehimi affirme que «ces acquis importants sont un signe fort des nouvelles positions qui s’expriment et qui s’articulent au niveau du continent africain et de l’UA». À propos du statut et du rôle de cette troïka, M. Sehimi rappelle que ce mécanisme a été créé lors du Sommet de Nouakchott en 2018. Il faut revenir au texte de la résolution 693 adoptée par la Conférence de l’Union qui avait décidé d’établir «un mécanisme africain comprenant la Troïka de l’UA, à savoir les présidents sortant, en exercice et entrant de l’UA, ainsi que le président de la Commission, pour apporter un soutien efficace aux efforts conduits par les Nations unies», souligne-t-il. «Voilà le texte de cette résolution, et donc il n’est pas question de dénaturer le mandat qui a été donné à cette troïka. Il s’agit d’un mécanisme d’accompagnement et de soutien aux efforts exclusifs de l’ONU. Il n’est fait aucune autre référence à l’intervention de l’UA», explique-t-il. Le texte de cette résolution précise également que la Conférence décide que «la question du Sahara ne sera abordée que dans ce cadre et à ce niveau».

Le politologue explique ainsi que l’UA ne peut prendre connaissance de l’évolution de la question nationale qu’à travers les indications et les rapports que pourrait lui faire la troïka. «Il est donc exclu que l’UA prenne en charge la question nationale par tel ou tel subterfuge de procédure ou de manœuvre», dit le politologue. «Cette troïka est donc un mécanisme d’accompagnement et de soutien et non un mécanisme de gestion ou de proposition et on sait que cela n’a pas été le cas dans la pratique de la troïka, compte tenu de l’activisme de la présidence sud-africaine qui adoptait une position partiale et non objective, et qui a voulu instrumentaliser le dossier national pour des raisons d’agendas diplomatiques particuliers, notamment les agendas sud-africain et algérien, et non pour servir les objectifs de l’UA», affirme M. Sehimi. Par ailleurs, le politologue fait remarquer qu’il y a eu un recadrage et une réarticulation du Conseil de paix et de sécurité de l’UA dont l’algérien Smaïl Chergui était le commissaire de 2013 à 2021. «Il fallait mettre fin à cette situation quasi-monopolistique de l'Algérie qui voulait faire de ce Conseil un instrument pour concrétiser ses visées et exprimer son hostilité à l'égard du Maroc. Il y a donc au niveau de ce Conseil une normalisation qui été faite qu’il faut saluer», indique M. Sehimi.

Deux raisons majeures qui motivent la suspension de la pseudo-rasd

Au sujet de la présence de la pseudo-rasd au sein de l’UA, M. Sehimi indique qu’il y a une majorité de pays africains qui remettent en cause cette présence et appellent à prendre des mesures appropriées à propos de cette entité fantomatique, consistant à tout le moins en sa suspension. Et d’expliquer que «la suspension est une formule intermédiaire de la gradation dans les sanctions de l’UA. La mesure la plus radicale étant l’exclusion». De nombreux pays africains ont travaillé sur cette option-là de suspension, pour deux raisons fondamentales : 1. La première ayant trait à la remise en cause l’équation de novembre 1984 qui a conduit à l’admission de la pseudo-rasd au sein de l’Organisation de l’unité africaine à l’époque. Admission survenue du fait de la complicité de l’ancien secrétaire général de l’OUA, Edouard Edem Kodjo, qui avait même reconnu après qu’il avait subi des pressions de l’Algérie allant jusqu’à le menacer. Sur ce plan-là, affirme M. Sehimi, «nous sommes dans une situation particulière.

Il y a un processus de règlement placé sous les auspices des Nations unies, lequel ne peut pas préjuger par avance de l’existence d’un État. C’est pour ça qu’il faut donc régler cette situation où on a une entité fantoche qui ne réunit pas les attributs de la souveraineté d’un État et en plus, ne permet de répondre par avance à l’autodétermination des populations sahraouies, puisque ce sont ces populations-là qui décident de leur destin, ce qui est déjà le cas, compte tenu de leur pleine intégration dans les domaines politique, social, économique et institutionnel avec les Conseils de régions, les municipalités et autres. C’est dans les provinces du Sud qu’on enregistre d’ailleurs le plus fort taux de participation aux élections. Aux yeux du politologue, la suspension de la pseudo-rasd s’apparenterait donc à une mesure provisoire et conservatoire qui ne va pas gêner le processus onusien actuellement en cours, en attendant son aboutissement. 2. La deuxième raison justifiant la suspension de la peusdo-rasd tient au fait qu'elle est en infraction majeure vis-à-vis des Chartes de l'UA et de l'ONU.

Le 13 novembre 2020, le mouvement séparatiste a décidé de mettre fin au cessez-le-feu imposé par l’ONU depuis septembre 1991 et qui fait l’objet d’un suivi de la part du Conseil de sécurité en tant qu’élément important pour le règlement de ce différend. Donc, voilà un mouvement séparatiste qui n’a pas les attributs d’un État, admis à l’OUA en novembre 1984 dans des conditions sujettes à caution, et qui en plus dit, depuis maintenant 14 mois, qu’il ne respecte plus le cessez-le-feu et multiplie les déclarations en soutenant que la guerre est ouverte et qu’elle a repris avec le Maroc en mettant en cause, dans la même ligne, le mandat de la Minurso tel qu’il a été validé par le Conseil de sécurité. Ce sont donc deux raisons cumulatives qui, dans la présente conjoncture, ne peuvent que pousser l’UA à prendre des mesures de suspension à l’encontre de cette entité qui n’a pas les attributs de souveraineté et n’applique pas les principes de la Charte de l’ONU, ni les résolutions du Conseil de sécurité. «Cette entité se présente comme un vecteur d’agression menaçant la paix et la sécurité régionales, voire même internationales», conclut M. Sehimi.

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