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Une nouvelle hausse des prix de l’énergie guette le Maroc

Pour éviter une spirale récessionniste, la Réserve fédérale américaine a relevé mercredi son principal taux d'intérêt d'un demi-point, sa plus importante hausse depuis près de 22 ans. Pour des pays comme le Maroc, la hausse du dollar va inéluctablement impacter la balance des paiements, sans parler des factures énergétique et céréalières.

Une nouvelle hausse des prix de l’énergie guette le Maroc
«Tant qu’on n’aura pas trouvé d’autres ressources pour s’approvisionner, on aura des problèmes au niveau des prix ». insiste Labrak. PH Sradni

C’était attendu. La Banque centrale américaine (Fed) a fini par relever de 50 points de base ses taux directeurs. Cette décision intervient naturellement pour contrer l’inflation et éviter la récession aux États-Unis. Et même si les marchés qui craignaient de voir la Fed être obligée de frapper encore plus fort face à l'inflation, cette augmentation représente tout de même la première hausse de cette ampleur depuis 2000 et la plus importante depuis près de 22 ans.
Pour des pays comme le Maroc, l’impact sera évidemment palpable puisque cette décision va renchérir le dollar, sauf si la Banque centrale européenne (BCE) fait la même chose avec l’euro. En tout cas, la rémunération du dollar va augmenter. Et cette hausse de la parité dollar/MAD induira des importations plus chères et des exportations plus rémunératrices.
«Cela va impacter négativement nos achats d’autant plus que l’essentiel est payé en dollar, surtout les produits pétroliers et les céréales», indique Mohamed Rahj, fiscaliste et professeur universitaire.

Quel levier actionner pour atténuer l'impact ? Pour notre interlocuteur, «le Maroc doit vendre davantage à l’étranger pour avoir plus de dollars pour pouvoir payer ses importations. Sinon, le déficit de notre balance commerciale ne pourra que s’aggraver, mais c’est surtout la balance des paiements qui va encore se creuser. Bonjour les dégâts en termes de déficit !», décrypte notre économiste.
L’envolée du dollar qui s’approche des dix dirhams (déjà à 9,97 à l’heure où nous mettions sous presse) ne sera pas le seul déterminant dans l’envolée de la facture énergétique du Royaume. Car son premier partenaire économique l’Union européenne se prépare également à des mois difficiles en refusant de payer ses achats de gaz à la Russie en roubles et à une rupture dans ses approvisionnements. «L'Europe doit se débarrasser de la dépendance aux énergies fossiles russes», a affirmé la ministre polonaise Anna Moskwa en début de semaine. «Nos réserves seront à 100% de leurs capacités pour cet hiver», a-t-elle assuré. «Du gaz naturel liquéfié américain a commencé à arriver par la Lituanie et nous allons nous fournir en gaz de Norvège par le Danemark», a-t-elle expliqué.

Quel impact donc sur les prix à la pompe au Maroc ? Mostafa Labrak, secrétaire général de la Fédération de l’énergie et directeur général d’Inergysium Consulting, n’y va avec le dos de la cuillère : «la menace de l’UE de suspendre ses achats de pétrole et du gaz de la Russie dans un maximum d’un an veut dire que les quantités que les pays ne vont pas acheter à la Russie, seront prises ailleurs, et c’est justement ce “ailleurs” qui pose problème pour nous puisque nous allons tous nous retrouver sur le même marché. Les quantités mises sur le marché seront réduites et les prix augmenteront davantage», nous explique le spécialiste.
Difficile donc de prévoir quand cette spirale s’arrêtera tant que la guerre russo-ukrainienne se poursuit. «Tant qu’on n'aura pas trouvé d’autres ressources pour s’approvisionner, on aura des problèmes au niveau des prix», soutient Labrak.

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États-Unis : 8,5% d’inflation en mars, le plus haut niveau depuis 1981 !

Ce chiffre à lui seul justifie la hausse d’un demi-point des taux directeurs de la Fed qui évoluent désormais dans une fourchette entre 0,75 et 1%. «L’inflation est beaucoup trop élevée et nous comprenons les difficultés qu’elle cause, nous agissons rapidement pour la faire reculer», a justifié Jerome Powell, le président Fed.
Voilà pour les taux à court terme. Pour enfoncer le clou, la Fed va cesser d’acheter des titres émis par les institutions financières. Une mesure de politique monétaire «non conventionnelle» qui permettait de maintenir artificiellement bas les taux d’intérêt à long terme afin de soutenir la croissance de l’économie. La Fed a ainsi, ces dernières années, acquis pour 9.000 milliards de dollars d’actifs. Le bilan de la banque va être progressivement réduit de 47,5 milliards de dollars par mois à partir de juin, puis de 95 milliards à partir de septembre prochain.

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