Après une explosion en 2021, une nouvelle vague des défaillances d’entreprises se profile au Maroc cette année. Selon une nouvelle étude de Allianz Trade, elles croîtront de 12% en 2022, soit plus que la moyenne mondiale et africaine estimée à 10%, pour atteindre un record annuel de 11.800 entreprises dans le pays. «Il est vrai que le Maroc, selon les résultats de notre étude dédiée, devrait enregistrer une hausse marquée des défaillances d'entreprises en 2022 de 12% comparativement à 2021, en rappelant, toutefois, la très nette progression enregistrée en 2021, avec une hausse de près de 60% des défaillances (à 10.550 cas) par rapport à 2020, année certes marquée par une sous-activité notable des tribunaux de commerce (en 2020, les défaillances avaient chuté de 22%, en raison essentiellement des mesures publiques de soutien, ndlr). Mais le rattrapage mécanique de 2021, avec le traitement des dossiers en instance, ne saurait tout expliquer», a déclaré au journal «Le Matin» Hicham Bensaid Alaoui, CEO Allianz Trade Maroc.
«De manière macro, je pense qu'il convient de voir là une tendance plutôt cohérente avec l'ancrage économique du Royaume, car nous semblons importer quelque peu la tendance escomptée chez nos partenaires stratégiques de la zone euro, de la même manière que notre inflation croissante semble épouser les courbes de progression dans ces pays», précise Hicham Bensaid Alaoui. Globalement, détaille-t-il, la tendance observée en 2021 et celle escomptée en 2022 pour le Maroc, en termes de défaillance des entreprises, sont bien révélatrices des turbulences économiques traversées par notre pays, dans un contexte de pandémie, mais également de sécheresse sévère. A l’échelle mondiale, les experts de Allianz Trade estiment que la crise russo-ukrainienne et les mesures de confinement en Chine renforcent les pressions qui pèsent déjà sur la trésorerie des entreprises.
Celles-ci font ainsi face, à nouveau, à d’importants vents contraires à l’échelle mondiale : perturbations prolongées des chaînes d’approvisionnement, goulots d’étranglement affectant les transports, hausse du prix des matières premières, pénuries de certains intrants, voire de main d’œuvre... En parallèle, elles doivent également faire face à une hausse des coûts de financement dans un contexte d’accélération de l’inflation et de resserrement des politiques monétaires. Autant d’éléments qui pèsent sur leur rentabilité, leur activité et leur trésorerie. Allianz Trade a identifié plusieurs poches de fragilité, qui pourraient déboucher sur une hausse prononcée des défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale. Il s’agit notamment du besoin en fonds de roulement, qui s’est particulièrement accru en Asie (+2 jours), en Europe centrale et de l’Est (+2 jours), en Amérique latine (+2 jours).
En Afrique et Moyen-Orient, le BFR s’est stabilisé à 61 jours. De même, le contexte international actuel a engendré un déclin du pouvoir d’achat des ménages, et un ralentissement de la demande des consommateurs pourrait en résulter. Dans ce contexte, Allianz Trade estime que les défaillances d’entreprises à l’échelle mondiale croîtront de 10% en 2022 et de 14% en 2023, après avoir baissé de 12% en 2021. «Pour la première fois depuis 2019, nous estimons que les défaillances d’entreprises rebondiront à l’échelle mondiale en 2022 et 2023, se rapprochant ainsi de leur niveau pré-Covid-19», développe Maxime Lemerle, responsable des études défaillances chez Allianz Trade. Pour l’assureur-crédit, les défaillances d’entreprises retrouveront leurs niveaux d’avant-crise en 2022 dans 1 pays sur 3. Pour 1 pays sur 2, cette normalisation aura lieu en 2023. Pour le Maroc, Allianz Trade table sur un recul de 4% des défaillances en 2023 à 11.300 entreprises. Toutefois, par rapport à 2019, elles augmenteraient de 33%.