Menu
Search
Vendredi 29 Mars 2024
S'abonner
close
Vendredi 29 Mars 2024
Menu
Search
Accueil next Société

Omicron : le Maroc ne réalise pas suffisamment de séquençages selon Azzedine Ibrahimi

Faute de moyens financiers, la veille génomique actuellement mise en place au Maroc ne permet pas de faire les séquençages nécessaires pour avoir une idée précise sur la présence réelle du variant Omicron au Maroc. C’est ce qu’affirme le professeur Azeddine Ibrahimi, membre du Comité national scientifique et technique de la Covid-19. Il assure, en revanche, que le variant Omicron n’est pas encore dominant dans le Royaume, mais qu’il le sera bientôt.

Omicron : le Maroc ne réalise pas suffisamment de séquençages selon Azzedine Ibrahimi
Professeur Azeddine Ibrahimi, membre du Comité national scientifique et technique de la Covid-19 et directeur du Laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat.

Les pronostics qui prédisaient une dominance du variant Omicron au Maroc avant la fin de l’année ne se sont pas vérifiés. L’analyse des données épidémiologiques indique bien que celui-ci circule activement dans notre pays, mais qu'il n’a pas encore pris le dessus. «L’Omicron n’est pas encore dominant au Maroc», confirme le professeur Azeddine Ibrahimi, membre du Comité national scientifique et technique de la Covid-19. «Quand il sera dominant, nous allons avoir des chiffres de l’ampleur de ceux qu’on voit ailleurs», ajoute-t-il.
Invité de l’émission «L’info en Face» du Groupe Le Matin, le scientifique a souligné qu’en l’absence de données précises, on ne peut qu’extrapoler pour dire que le Maroc nage en pleine vague d'Omicron, et ce en se basant sur la courbe d’augmentation des cas de contamination, qui est actuellement raide comme un mur. Le scientifique affirme que le nombre de personnes infectées devra au moins doubler dans les 10 prochains jours et que le pic est prévu entre les 15 et 20 janvier.

Pour lui, le nombre d’infections est certes important, mais il ne donne qu’une idée générale sur la situation épidémiologique, car le nombre réel des cas est beaucoup plus élevé. Par contre, le taux de positivité (le pourcentage de personnes testées positives sur l'ensemble des personnes testées) est beaucoup plus indicatif. «On constate actuellement une montée en flèche de ce taux qui est comparable aux taux enregistrés dans d’autres pays du monde», signale-t-il. «Le taux de positivité est l’indicateur à prendre en compte et à surveiller. Il a triplé en quelques semaines. Cela veut dire que nous avons plus de personnes touchées, ce qui indique, en valeur absolue, qu’on aura un pourcentage plus élevé de cas sévères. Si ce dernier augmente de façon exponentielle, il pourra créer une pression sur le système de santé marocain», alerte-t-il.

Autre indicateur à surveiller, le taux d’hospitalisation et d’occupation des lits de réanimation. «Pour l’heure, le taux est plutôt stable, tout simplement parce qu’il y a un décalage entre l’infection et l’apparition des cas graves et des décès. Cela prend généralement deux à trois semaines. À partir de la fin de la semaine prochaine, peut-être qu’on enregistrera des cas sévères engendrés par Omicron», note-t-il. Mais de manière générale, assure-t-il, la situation reste maîtrisable pour le moment. «Tous les chiffres actuels étaient prévisibles. Mais s’il y a une leçon que nous avons retenue de ces deux années d’expérience, c’est qu’il faut rester très humble avec ce virus», assure-t-il, ajoutant que la vigilance reste de mise et que les gestes barrières ainsi que la dose de rappel sont les seules armes disponibles à ce jour pour combattre ce virus.

Un dispositif permanent de veille génomique s’impose

«Actuellement, nous ne disposons malheureusement pas des moyens financiers pour pouvoir effectuer les séquençages nécessaires et assurer ainsi une surveillance épidémiologique sur l’ensemble du territoire, de manière à avoir une idée précise sur la présence réelle du variant Omicron», regrette Azzedine Ibrahimi. «Nous avons les moyens intellectuels et matériels pour faire une excellente surveillance génomique au Maroc. Mais les moyens financiers ne suivent pas malheureusement», insiste-t-il. «Tout ce que nous avons fait en matière de séquençage au niveau de notre laboratoire a été fait avec les fonds du département de l’Enseignement supérieur et non avec les fonds du ministère de la Santé», fait savoir le directeur du Laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat.

Le scientifique est convaincu que le Maroc doit mettre en place une veille génomique permanente qui durera au-delà de la présente, crise puisque celle-ci ne sera certainement pas la dernière. Il rappelle qu’un consortium de laboratoires pour l'identification des variants est déjà en place, mais qu’il a besoin d’être renforcé. «C’est une très belle initiative et c’est un effort qu’il faut vraiment soutenir et consolider», plaide-t-il.

Interrogé sur l’utilité de la fermeture des frontières, le scientifique a assuré que la décision des autorités a permis de retarder l’échéance de la propagation du variant au Maroc. L’idée, explique-t-il, n’était pas d’empêcher l’arrivée d’Omicron sur le territoire national, mais plutôt de la différer, le temps d’avoir plus d’informations sur ce nouveau variant et de s’y préparer. «L’arrivée du variant était prévisible et nous savions que ce n’était qu’une question de temps. Mais la fermeture des frontières nous a permis de gagner du temps pour en apprendre plus sur ce variant et de recueillir assez de données pour pouvoir agir», souligne-t-il.

Lisez nos e-Papers