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Orientations générales du PLF 2023 : ce qu’en pensent les économistes

Les orientations générales du projet de loi de Finances pour l’année 2023 ont été adoptées mardi 18 octobre en Conseil des ministres. Au nombre de quatre, ces orientations portent sur le renforcement des fondements de l’État social, la relance de l’économie nationale à travers le soutien à l’investissement, la consécration de l’équité territoriale et le rétablissement des marges budgétaires pour assurer la pérennité des réformes. Quel regard portent les économistes Driss Effina et Mohamed Rahj sur ces orientations générales ? Voici une synthèse de leurs lectures données au «Matin».

Orientations générales du PLF 2023 : ce qu’en pensent les économistes

Le projet de loi de Finances pour l’année 2023, d’après les principales orientations adoptées en Conseil des ministres, reste «très ambitieux» avec ses hypothèses fixant le taux de croissance à 4% et le taux d’inflation autour de 2%, dans un contexte international difficile et incertain. Telle est la première remarque de l’économiste Driss Effina, qui estime qu’«il ne sera pas facile d’atteindre ce taux de croissance dans un contexte international marqué par de fortes fluctuations des prix des matières premières» et il en sera de même pour le taux d’inflation qui augmente aujourd’hui d’un mois à l’autre et nul ne saurait prédire à quel niveau se situera ce taux l’année prochaine». Mais malgré cela, poursuit M. Effina, le gouvernement a décidé de maintenir le même niveau d’investissement public qu’en 2022, qui reste élevé par rapport aux années précédentes, et c’est très important.

Revenant sur les quatre orientations générales du PLF 2023, l’économiste relève que le gouvernement est déterminé à aller de l’avant concernant le chantier du renforcement des fondements de l’État social déjà ouvert à travers la généralisation de la protection sociale dans ses différentes composantes, la réhabilitation du système national de santé en l’ouvrant notamment à l’investissement étranger, la réforme du système d’éducation et de formation en allant vers une école de qualité et puis le revirement concernant la décision d’accorder des aides directes pour l’accès au logement à des catégories ciblées. «Et là, il faut attendre plus de détails sur la teneur de ces aides qui seront certainement suivies d’une suppression des avantages fiscaux qui ont été instaurés auparavant, comme cela été suggéré dans le rapport sur le nouveau modèle de développement», souligne-t-il.

La deuxième grande orientation concerne la relance de l’économie nationale à travers l’investissement, une orientation, d’après M. Effina, qui n’est pas nouvelle, mais dont «la spécificité cette année réside dans l’entrée en vigueur de la Charte de l’investissement, nécessitant plusieurs décrets d’application qui doivent voir le jour sans tarder, et qui prévoit des incitations financières mobilisant un budget important au sujet duquel nous attendons les détails du PLF 2023 pour en avoir une idée précise». Cette même orientation, ajoute l’économiste, consiste en l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI dont la création a été décidée après la crise de la Covid-19 dans le but de dynamiser l’investissement public orienté vers les projets d’infrastructure et les stratégies sectorielles. «Nous savons que le point faible de notre économie est la faiblesse de l’investissement par tête qui reste dix fois inférieur par rapport à la Corée du Sud par exemple, sachant qu’en termes de taux d’investissement, nous avons le même taux que ce pays, autour de 30%», note dans ce sens M. Effina.

En ce qui concerne la mise en œuvre des dispositions de la loi-cadre sur la réforme fiscale, l’économiste est d’avis que la fiscalité reste un levier qui sera en permanence actionné en fonction des conjonctures économiques, avec une tendance cette année à opérer une réforme globale de l’impôt sur les sociétés et les secteurs bancaire et des assurances, et à alléger la pression fiscale sur les salariés et retraités. S’agissant de la consécration de l’équité territoriale, à travers la poursuite de la mise en œuvre du projet de régionalisation avancée, M. Effina affirme que ce projet est en mesure de procurer des points de croissance supplémentaires à notre économie pour peu que soit également envisagée la réforme de l’administration à travers la nouvelle Charte de déconcentration administrative qui doit être mise en œuvre rapidement.

Pour sa part, l’économiste Mohammed Rahj estime que la note de présentation de la ministre de l’Économie et des finances reprend les axes qui ont été développés dans le PLF 2022. «C’est une reconduction des mêmes choix, avec en priorité celui de l’État social qui est avant tout un Projet Royal et non gouvernemental déjà amorcé en 2021 avec l’ancien gouvernement à travers la généralisation de la couverture sociale», affirme M. Rahj. Le deuxième élément de cette note de présentation, poursuit M. Rahj, concerne l’investissement qui constituera la première année d’application de la Charte de l’investissement, laquelle a été abordée par S.M. le Roi Mohammed VI dans Son discours inaugural de la nouvelle année législative, «ce qui signifie que le Budget de 2023 doit accorder un intérêt particulier à la partie accompagnant l’investissement, d’où l’importance d’adopter les décrets d’application de cette Charte qui prévoit des mesures d’aide et de subvention aux investisseurs et porteurs de projets qui seront en concordance avec les choix de l’État marocain».

Le troisième élément relatif à la consécration de l’équité territoriale consiste à étendre l’investissement à toutes les régions et provinces en dehors de l’axe Tanger-El Jadida, avec ce que cela implique comme poursuite du chantier de l’aménagement du territoire et de régionalisation avancée, explique l’économiste, notant que «les textes sur la régionalisation et la déconcentration ne sont pas encore arrivés, d’où un problème à résoudre rapidement». Le quatrième élément relatif à la mobilisation de davantage de ressources consistera, comme par le passé, à se servir de l’impôt comme principal moyen de financement, ce qui reviendra à solliciter l’administration fiscale pour collecter un maximum d’impôts, d’autant plus qu’elle a réalisé cette année une plus-value fiscale de 36 milliards de dirhams, conclut M. Rahj.

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