Menu
Search
Jeudi 25 Avril 2024
S'abonner
close
Jeudi 25 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Société

Les parents face à la rentrée scolaire : ça pèse lourd sur les poches…et le moral !

Le compte à rebours a commencé pour la rentrée scolaire prévue le 5 septembre. Outre les écoliers, les parents sont les plus concernés par les préparatifs, qui interviennent cette année dans un contexte marqué par la hausse significative des prix des fournitures scolaires. Ceux qui ont opté pour l’enseignement public craignent, plutôt, de revivre le même scénario que les années précédentes en ce qui concerne les grèves des enseignants-cadres des AREF. Un phénomène dont l’impact sur l’apprentissage des élèves n’est plus à démontrer. Autant dire qu’il est difficile pour les parents de garder le moral, alors qu’ils sont invités à accompagner leurs enfants pour mieux vivre cette rentrée.

Les parents face à la rentrée scolaire  : ça pèse lourd sur les poches…et le moral !

A l’approche de la rentrée scolaire prévue le 5 septembre, le sourire des parents tend à disparaitre. Ceux-ci stressent pour assurer les derniers préparatifs et s’assurer que leurs enfants auront tout ce qu’il leur faut le jour J. Le défi est de taille surtout pour les parents qui ont un nombre élevé d’enfants à charge.

« Je me sens dépassé par les derniers préparatifs de la rentrée scolaire et je me demande si je vais pouvoir compléter les listes des fournitures scolaires de mes trois enfants inscrits dans un établissement privé à Casablanca », souligne Ali, fonctionnaire. Même son de cloche auprès de Leila, jeune maman d’un enfant de 9 ans :« Je cours depuis quelques jours à gauche et à droite pour m’assurer des derniers préparatifs de la rentrée scolaire et je me sens déjà épuisée, surtout que certains livres et manuels ne sont pas disponibles dans toutes les librairies ». Cette jeune maman n’arrête pas de culpabiliser et craigne ainsi que son stress soit transmis à son enfant, déjà sous l’angoisse de la rentrée qui approche à grands pas ! Eh oui, il suffit de faire un tour dans les librairies, les grandes surfaces et les magasins de vêtements pour enfants pour constater à quel point les parents sont inquiets.

Contacté par « Le Matin », Mohcine Benzakour, psychosociologue, tient à rappeler que la rentrée scolaire est un évènement qui pèse toujours sur les esprits, d’autant plus que pendant les vacances, « l’être humain prend l’habitude à développer un certain plaisir à ne rien faire ». Poussant la réflexion un peu plus loin, le spécialiste affirme que si certains parents ont besoin juste de temps pour retrouver le rythme de la rentrée, d’autres y paniquent réellement. « On les voit d’ailleurs courir à gauche et à droite pour tout remettre en ordre d’un seul coup et c’est ce qui provoque chez eux ces sentiments de stress et d’inquiétude », explique-t-il. Et d’ajouter que ces parents vivent chaque année le même stress de la rentrée et agissent comme s’il s’agissait d’une véritable guerre à mener. Pour pallier à ce problème, Mohcine Benzakour recommande aux parents d’opter pour une bonne organisation en identifiant un planning de la semaine. « On peut par exemple dédier la journée du mercredi à la réorganisation de la chambre, le jeudi pour l’achat des manuels et livres manquants et le vendredi pour la préparation des vêtements », détaille-t-il. Le spécialiste est quasiment convaincu que l’organisation permet, aussi bien aux stressés, qu’à ceux qui ne le sont pas, de retrouver petit à petit le rythme de la rentrée.

Quand le budget est touché, tout est chamboulé !

Et voilà un autre fait qui aggrave la situation : les parents ne manquent pas de dénoncer sur les réseaux sociaux l’augmentation des prix des fournitures scolaires. Si l’on prend l’exemple des cahiers, Hassan El Kamoun, vice-président de l’association des libraires indépendants du Maroc, confirme à « Le Matin » que ceux-ci ont subi une augmentation de 85%. « Elle concerne aussi bien les cahiers de 96 pages que ceux de 192 pages », souligne-t-il, tout en indiquant que cette augmentation « est due à la pénurie du cahier dans le marché et à la mentalité anti- nationaliste des industrielles marocains », regrette-t-il. En tout cas, et quelle que soit la raison affichée, il est clair que toute augmentation des prix pèse lourd sur les poches des familles, ce qui se répercute négativement sur leur moral. Le psychosociologue estime, à cet égard, que cette situation va constituer « un véritable handicap pour les familles les plus démunies et ayant beaucoup d’enfants ». Faute de moyens, ajoute-t-il, ces familles pourraient décider d’arrêter la scolarisation de leurs enfants.

A propos des familles appartenant à la classe sociale, qui représente d’ailleurs la majorité de la société marocaine, le spécialiste pense que l’augmentation des prix aura également un impact sur leurs budgets, mais pas autant que les plus démunies. Ceci laisse entendre que ces familles vont subir cette augmentation, et ils n’ont pas le choix d’ailleurs, en tentant différentes solutions, outre que l’abandon scolaire. C’est le cas de Othman, père de deux enfants âgés de 5 et 8 ans, a décidé d’emprunter de l’argent auprès de son frère. « Je n’ai pas le choix et je remercie Dieu puisque j’ai pu avoir cette solution en cette période si difficile », confie-t-il. D’autres parents sont toujours à la quête des solutions pour relever le défi de la rentrée scolaire qui, rappelons-le, intervient juste après les vacances d’été et les fêtes religieuses, notamment celle de Aid Al Adha. Des événements qui ont été, eux aussi, coûteux pour les Marocains, sans parler de l’impact de la crise russo-ukrainienne et la sécheresse. Disons que c’est beaucoup pour le moral des Marocains !  

Sur un autre registre, des parents ayant choisi l’enseignement public craignent de revivre le même scénario des années précédents dans lesquelles « les enseignants-cadres des AREF ont multiplié leurs grèves pendant l’année ». Effectivement, au titre de l’année scolaire 2021-2022, ces enseignants ont cumulé 45 jours de grève pour revendiquer leur insertion dans la fonction publique. Ces jours de grèves se traduisent, d’ailleurs, par une énorme baisse des heures de cours et, corrélativement, un déficit d'apprentissage pour les élèves. Les associations des parents d’élèves ont réagi et se sont entretenues avec le ministre de l’Éducation nationale. Aucun changement n’a été apporté à la situation, ce qui suppose que ces enseignants pourront encore une fois recourir à ce mode de prestation.  

Il convient de noter, en guise de conclusion, que la peur, le stress et le manque d’incertitude, bien qu’ils soient légitimes, ne changent en rien la réalité. Pis encore, Mohcine Benzakour, note que ces sentiments peuvent impacter négativement les échanges au sein de la famille. « Les relations pourraient ainsi devenir toxiques, ce qui risque de se répercuter sur la santé psychologique de l’enfant », note-t-il. Le spécialiste recommande ainsi d’être suffisamment solidaires. Pour lui, le gouvernement est appelé aussi à revoir le volet social au Maroc pour venir en aide aux familles.  

Lisez nos e-Papers