Plusieurs Marocains rêvent de voyager en Israël et en Palestine. D’autres ont déjà sauté le pas. Ismaël Ibn El Khalil en a fait un carnet de voyage, une fenêtre sur le quotidien de Palestiniens et Israéliens vivant côte à côte. En observant et analysant des scènes de vie, il propose un livre qui se veut «instructif, pour ceux qui envisagent de faire un voyage en Terre sainte». Au fil des étapes de ce périple passant par Tel-Aviv, Jérusalem, Jaffa, Safed, Tibériade, Hébron, Nazareth et Jéricho, on imagine les rencontres d’Ismaël Ibn El Khalil, pseudonyme emprunté par l’auteur du livre, Mohamed Alami Berrada. On se laisse emporter par la description de certains espaces et ambiances. On peut même être tenté par une discussion chimérique avec les Israéliens et Palestiniens qui ont répondu à son questionnaire. Ce carnet de voyage, écrit avant la signature des «Accords d’Abraham» signés par Israël et plusieurs États arabes, rappelle des faits, mais raconte aussi des histoires et des points de vue. Il parle des juifs du Maroc, des secrets du miracle économique israélien... L’auteur raconte son passage à Jérusalem et Ramallah, la capitale palestinienne promise. Il décrit les villes, les rues… et détaille avec émotion ses moments de prière.
«L’intensité de cette prière, sa résonance avec le plus intime de moi-même, de ma foi et de mon besoin d’Universel, d’amour en Lui, tout cela, comprime ma poitrine… C’est pour faire ces prières d’appel à la miséricorde que je suis venu jusqu’ici». La miséricorde, la paix, le vivre ensemble… autant de concepts inspirant l’auteur qui rêve de «la création d’un État fédéral au Proche-Orient, Eretz Abraham, fédérant Israël et la Palestine». Dans certains extraits du livre, les mots d’Ismaël Ibn El Khalil soufflent que l’avenir des jeunes générations valent bien des concessions majeures de la part des Palestiniens. «S’il s’agissait de mes enfants, peut-être aurais-je plutôt préféré qu’ils soient des citoyens de seconde zone, mais qu’ils aient cependant le droit de vivre, de grandir en sécurité, d’être soignés, d’être éduqués et instruits». Dans un contexte de coresponsabilité des Palestiniens et Israéliens, il rappelle à ces derniers les devoirs de solidarité importants dans toute société véritablement humaine. Ce récit de road-trip parle surtout d’un nouveau concept, «La posture d’Abraham», «une disposition psychologique d’écoute et de bienveillance, qui cristallise probablement l’approche marocaine de médiation consensuelle, qu’incarnait à la perfection Feu Hassan II, pour faire échanger et rapprocher deux parties prenantes, de confessions religieuses différentes et, surtout, aux intérêts diamétralement opposés.»