Le Matin : Quelles sont les nouveautés introduites au programme de cette nouvelle édition ?
Pr Abdelhadi Jabiri : La particularité de cette édition est qu’elle relance le festival après deux années de rupture causée par la pandémie Covid-19. C’est pour cela que nous avons décidé d’adopter une nouvelle vision qui tient compte de l’animation hybride. Autres points forts de ce festival sont résumés comme suit : Le champ d’action du festival initialement limité à la région de Tensift-Al Haouz sera élargi cette année à la région Rehamna à travers une coopération entre l’Université Mohammed VI Polytechnique, le lycée d’Excellence de Benguérir et notre association 3AM. Notre vision à long terme est de fusionner les différents festivals (Ifrane, Rabat, Casablanca, Agadir, etc.) en un seul Festival national de l’astronomie qui sera principalement coordonné par le CNAM (Comité national pour l’astronomie au Maroc).
Un autre aspect particulier de ce festival est que la période choisie colle bien avec celle fixé par l’Union internationale de l’astronomie pour fêter les femmes astronomes. Nous avons intégré dans le programme une journée dédiée aux femmes qui ont marqué l’astronomie en Afrique. Une table ronde sera organisée en mode hybride et sera l’occasion d’échanger et de partager entre femmes/filles de différents pays africains pour parler de leurs parcours, des défis et des opportunités.
Il y’aura aussi des démonstrations d’observations astronomiques en «Live Remote» qui seront organisées par des animateurs de l’observatoire HAO.
Le dernier point important de cette édition c’est qu’elle intègre dans son programme une formation en Astronomie et Astrophysique en faveur des enseignants du secondaire. Elle sera animée par des professeurs de l’Université Cadi Ayyad et de l’Université de Leuven en Belgique.
Quels sont les grands axes du programme de cette 21e édition du festival ?Le programme de ce festival est étalé sur six jours dans différents établissements scolaires et universitaires via internet.
Les grands axes de ce programme sont : Le Ciel étoilé, Astro-Tourisme et Astronomes Amateurs, High Atlas Observatory (HAO), la Spectroscopie en Astronomie : La musique des étoiles, la Rencontre des parcours astronomiques au féminin en Afrique et, enfin, la Formation STIM (Sciences, Techniques, Ingénieries, Mathématique)
Signalons enfin que le 18 mars, une conférence sera animée par le professeur Michel Mayor, prix Nobel de Physique de 2019 pour la découverte de la première exoplanète.
Il est invité par l’Université Cadi Ayyad dans le cadre des tribunes de Dans quelle mesure un astronome amateur pourrait être utile à l’astronomie professionnelle ?
Pour mieux comprendre l’univers, il va falloir réaliser des observations en continu couvrant tous les cieux. Malheureusement, malgré le nombre important d’observatoires installés sur terre, nous sommes toujours loin de couvrir totalement en temps et en espace toutes les régions du ciel. D’où l’intérêt des collaborations entre professionnels et amateurs.
Dans le passé, les astronomes amateurs s’intéressaient aux petits corps du système solaire et plusieurs de ces objets portent leurs noms. Actuellement, une minorité, superbement équipée, se consacre à la recherche d'objets dans le ciel profond à l’aide de télescopes complètement automatisés et contrôlés à distance, comme le HAO (High Atlas Observatory) installé à l’Oukaïmeden. La recherche professionnelle requiert l’observation répétée de grandes régions du ciel, une tâche qui peut être accomplie de façon efficace par un amateur sérieux équipé d’un télescope de dimension modeste. Le professionnel, lui, doit généralement composer avec un nombre de nuits d’observation.
Pour ces raisons, le créneau occupé par les astronomes amateurs a été quelque peu délaissé par les astronomes professionnels, ce qui contribue à une synergie entre les deux groupes particulièrement intéressante et probablement unique en science.
Dans la majorité des cas, le travail de l’astronome amateur prend fin avec la découverte d’un nouvel objet, son annonce et sa confirmation par les réseaux d’observatoires professionnels. Les travaux subséquents, qui incluent l’acquisition de divers types de données, leur modélisation et leur interprétation, sont généralement du ressort du professionnel, car ces travaux requièrent des connaissances bien au-delà de ceux à la portée d’un astronome amateur.
Propos recueillis par Mohammed Drihem