La pandémie Covid-19 a ralenti dans le monde depuis quelques semaines, mais cela n’empêche pas la propagation de nouveaux variants tels que le Deltacron. Apparu pour la première en janvier dernier à Chypre, ce variant a finalement été reconnu par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) la semaine dernière. L’organisation a affirmé que ce variant est une combinaison entre Delta AY.4 et Omicron BA.1. Il a été détecté en Angleterre, en France, aux Pays-Bas et au Danemark mais à des niveaux très bas.
«Le plus grand nombre de cas de Deltacron apparu en Europe a été enregistré en France, une quarantaine environ. Ces derniers sont suivis par l’institut Pasteur. À ce jour, on sait qu’il s’agit d’un variant hybride, qui combine dans une même cellule à la fois des caractéristiques du Delta et d'Omicron. Il est apparu suite à une co-infection simultanée chez une personne par les deux souches, dont le génome s’est mêlé pour former Deltacron», déclare au «Matin» Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.
Doit-on s’inquiéter de l’apparition de ce variant hybride ? Serait-ce le début d’une nouvelle vague, d'autant plus que toutes les frontières aériennes sont désormais ouvertes et que les mesures barrières ne sont plus très respectées ? D’après Dr Hamdi, il n’y a rien d’alarmant pour l’instant.
«Sur le plan épidémique, on remarque que Deltacron évolue à une vitesse très ralentie et qu’il se propage très lentement. Concernant la gravité de ce variant, les premières données montrent qu’il n’y a pas de grande différence entre les patients qui ont fait la Covid par Omicron et ceux touchés par le Deltacron. On constate que la symptomatologie et la gravité sont similaires jusqu’à présent même s’il est plutôt difficile de juger avec peu de cas», explique le médecin.
«Les experts estiment que pour l’instant il n’y a pas de raison de s’inquiéter puisqu’il n’a pas de transmissibilité accrue ni une virulence particulière. On se contente de le surveiller. Certes un nouveau variant concerne toujours toute la planète, mais nous n’avons pas à nous inquiéter au Maroc. Il suffit de faire le suivi des données qui s’accumule sur ce nouveau variant. Bien que les frontières soient ouvertes, il n’y a pas de mesures particulières à prendre face au Deltacron», ajoute Dr Hamdi.
De son côté, le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait déploré le fait que plusieurs pays aient baissé la garde au niveau des tests de dépistage, ce qui empêcherait de suivre l’évolution de ce nouveau variant. «L’arrêt des tests inhibe notre capacité à voir où se trouve le virus, comment il se propage et évolue. Les tests restent un outil vital dans notre lutte contre la pandémie, dans le cadre d'une stratégie globale. Il ne faut pas oublier que de nombreux pays d'Asie et du Pacifique sont confrontés à une augmentation des cas et des décès dus à la Covid-19», a alerté le responsable onusien.