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Le mois du Ramadan approche à grands pas. Durant ces derniers jours qui le précèdent, les préparatifs battent leur plein. Les ménagères essayent de s’organiser du mieux qu’elles peuvent pour pouvoir préparer «chebakia», «sellou», «briouates» et autres mets qui seront consommés durant ce mois. Mais si autrefois les femmes du même quartier ou de la même famille avaient l’habitude de se réunir dans une seule maison pour partager les recettes et les tâches à faire, de nos jours c’est plutôt sur les réseaux sociaux qu’elles se retrouvent.
Fini les livres de cuisines et les petits carnets où on notait les ingrédients et astuces pour réussir les plats, c’est désormais sur YouTube que la plupart des femmes prennent note. En effet, durant les dernières semaines qui précèdent le mois sacré, la plateforme est bombardée de toutes sortes de vidéos spécial Ramadan pour le plus grand bonheur des ménagères. Celles-ci ont l’embarras du choix entre les recettes faciles, économiques, modernes, healthy… De leur côté, les youtubeuses poussent leurs followers à partager leurs préparations sur les autres réseaux sociaux tels que Facebook. Plusieurs groupes spécialisés en cuisine et pâtisserie ont été créés pour cette raison, et des millions de femmes marocaines à travers le monde se prêtent au jeu. Certaines se contentent de poster le résultat final de leur plat, d’autres prennent en photo les différentes étapes de préparation et mettent en commentaire les détails de la recette. S’il s’agit d’une habitude que les ménagères ont prise tout au long de l’année, notamment pour partager de nouvelles idées de recettes pour le dîner, avec l’avènement de ce mois sacré, la cadence s’accélère.
Les cordons bleus des réseaux sociaux explosent les partages. Même les plus paresseuses sont motivées et s’empressent de poster leurs préparations. «Je me suis mariée récemment. Ce mois du Ramadan sera le premier que je passerai dans ma nouvelle maison en tant que femme mariée. Et même si je travaille, je souhaite préparer pour moi et mon mari une belle table de ftour où rien ne manque. Mais comme je n’ai jamais été très fan de cuisine, cela me faisait très peur, jusqu’à ce que je tombe sur les groupes de partage de recettes sur Facebook. Cela m'a sauvé la vie», confie Asmae, 26 ans. «En plus des vidéos sur YouTube, l’échange qui se fait sur ces groupes me permet de découvrir les secrets de réussite de plusieurs recettes que je croyais compliquées. Je suis très contente du résultat de mon travail. Il y a même une sorte de concurrence qui s’installe entre les membres de ces groupes qui nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes. J’aime beaucoup cette ambiance de Ramadan 2.0», ajoute-t-elle. Les réseaux sociaux sont également utiles pour ceux qui préfèrent acheter le «prêt-à-manger».
Sur Instagram par exemple, les influenceuses partagent quotidiennement des dizaines d’adresses et de contacts de personnes qui mettent en vente des mets «spécial Ramadan», proposant de bons rapports qualité-prix. Elles y partagent aussi des adresses de ventes de vêtements «beldi» et toutes sortes de bons plans qui pourraient être utiles durant le mois sacré. Aussi, de plus en plus de coachs et médecins adeptes des réseaux sociaux postent des vidéos-conseils en organisation, nutrition, sommeil… pour aider les internautes à passer le mois sacré le plus sainement possible.
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Avis du psychosociologue Mohcine Benzakour
«Les préparatifs pour le Ramadan sur les réseaux sociaux créent une dynamique économique qui enchante les familles marocaines»
«L’effervescence avant le Ramadan était une habitude presque anodine. Les familles se réunissaient pour préparer les mets spéciaux comme “sellou” et “chebakia”. Durant ces réunions, les femmes échangeaient les nouvelles astuces et recettes, les adresses de couturières de vêtements “beldi”… Aujourd’hui, l’effervescence pré-Ramadan est toujours d’actualité, mais se passe autrement ; c’est plutôt dans le monde virtuel que les femmes partagent leurs préparatifs pour le mois sacré. Mais ce qui est intéressant aujourd’hui c’est que ça ne se passe plus uniquement entre les membres de la même famille, mais avec des millions de personnes étrangères. On constate deux nouveaux aspects, celui des influenceuses qui cherchent à avoir le plus grand nombre de followers et qui partagent plusieurs bons plans et celui des youtubeuses qui multiplient les publications de vidéos de recettes pour des raisons pécuniaires. Ce sont ces facteurs qui expliquent l’effervescence qu’on constate actuellement sur les réseaux sociaux. Ces derniers permettent également aujourd’hui aux professionnels de toucher plus de clients et de vendre plus leurs marchandises. Cela crée une dynamique économique au niveau des réseaux sociaux qui enchante les familles marocaines. Le seul bémol est que durant le mois du Ramadan, nous sommes censés baisser notre consommation, mais avec ce grand mouvement de préparation sur les réseaux sociaux, les Marocains sont amenés à augmenter leur consommation d’une façon considérable».
