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Recours à la pharmacopée traditionnelle : 4% des intoxications finissent en décès

Quelque 4% des personnes intoxiquées par les plantes et produits de la pharmacopée traditionnelle décèdent, selon le Centre anti-poison et de pharmacovigilance du Maroc. Le recours à ces produits pour se faire soigner n’est donc pas sans risque, mais les malades y voient parfois le seul moyen de soulager leur mal et à petits prix ! Les dangers.

Recours à la pharmacopée traditionnelle : 4% des intoxications finissent en décès
La généralisation de la protection sociale apportera à coup sûr son lot de solutions à l'utilisation hasardeuse des plantes pour se soigner.

C’est un constat qui se confirme : Les Marocains ont tendance à recourir davantage aux plantes et aux produits de la pharmacopée traditionnelle pour se faire soigner. Outre le facteur purement culturel, la pratique s’explique aussi, et surtout, par des raisons financières. Le dernier rapport de la Commission de travail thématique sur la sécurité sanitaire portant sur les médicaments, la santé mentale et la médecine de l’addiction révèle que sur 7.394 médicaments approuvés, 4.896 (soit 66%) supportent une TVA de 7%. Ceci constitue une lourde charge pour le consommateur à faible pouvoir d’achat. Le rapport ajoute un autre facteur pouvant expliquer le recours des patients aux produits de la pharmacopée traditionnelle. Il s’agit du manque de confiance que certains Marocains nourrissent à l’égard des médicaments génériques. Le rapport précise ainsi que malgré l’amélioration enregistrée ces dernières années, le niveau de consommation des produits génériques reste faible pour un pays comme le Maroc.

Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, estime que ces facteurs pourraient expliquer le recours des Marocains aux plantes et herbes pour se faire soigner. Le médecin tient à souligner que cette pratique est extrêmement dangereuse, voire mortelle. Dans une déclaration accordée au quotidien «Le Matin», Dr Naima Rhalem, responsable du département de la toxicovigilance au Centre antipoison du Maroc, fait savoir que 4% des personnes intoxiquées par les plantes et les produits de la pharmacopée traditionnelle décèdent. Et d’ajouter que le Centre a enregistré 1.826 cas d’intoxication entre 2009 et 2019, selon les derniers chiffres disponibles. «Ce chiffre a augmenté les deux premières années de la Covid-19, ce qui doit alerter», souligne-t-elle.

Le bouche à oreille fonctionne à fond

Le recours aux plantes et produits de la pharmacopée traditionnelle n’est donc pas sans risque. «Dans la plupart des cas, les patients utilisent des herbes et des plantes dont ils ne connaissent ni l’origine, ni le mode d'utilisation encore moins le dosage, ce qui pourrait aggraver leur situation sanitaire, voire causer leur décès», explique Dr Hamdi. Et d’ajouter que ces produits peuvent aussi ne pas être compatibles avec l’état de santé du patient, ce qui pourrait lui coûter cher.
En outre, ce qui convient à l'un peut ne pas convenir à l'autre, les «recettes» d’automédication étant souvent partagées entre amis, voisins, familles et autres. Il suffit de se rendre chez un herboriste «Aattar» pour constater à quel point la pratique est devenue monnaie courante. Des femmes et des hommes demandent des produits dont on n’a peut-être jamais entendu parler, dans l’espoir de calmer une douleur «à petit prix», l'accès aux médecins pouvant aussi s'avérer coûteux ! Cette pratique est observée chez toutes les tranches d'âge, mais elle peut être plus fatale pour les personnes âgées, ce qui la rend encore plus inquiétante.

Poursuivant ses explications, Dr Hamdi souligne qu’un patient souffrant peut-être d'une maladie grave ne le saura jamais sinon tardivement. «Le diagnostic n’étant pas au rendez-vous, la prise en charge tardera, ce qui peut avoir des conséquences graves.», note-t-il. Ce phénomène concerne aussi les patients qui, faute de moyens, préfèrent acheter des médicaments sans se rendre chez le médecin. «Les médicaments peuvent calmer la douleur, mais on risque ainsi de ne pas diagnostiquer, notamment un cancer ou toute autre pathologie nécessitant une prise en charge rapide et urgente», alerte-t-il. La vigilance est donc de mise pour les malades, mais elle n’est pas suffisante pour résoudre ce problème. La généralisation de la protection sociale apportera à coup sûr des solutions à ce problème.

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