Voici comment renforcer le lien intergénérationnel entre les MRE et le Maroc (CESE)

En interaction avec le Discours Royal du 20 août 2022 dans lequel Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait appelé à une refonte des cadres législatifs et des politiques publiques dédiés aux attentes, aux intérêts et aux droits des Marocains du monde, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a décidé d’utiliser son pouvoir d’auto-saisine pour formuler un avis dans ce sens. Cette démarche, qui a démarré en octobre dernier, avec le lancement d'une consultation citoyenne sur sa plateforme digitale (ouchariko.ma) auprès des Marocains du monde (MDM), a permis lors d’une session extraordinaire, tenue le 9 novembre 2022, d’adopter à l’unanimité l’avis intitulé «Renforcer le lien intergénérationnel entre les Marocains du monde et le Maroc, les chances et les défis». Les grandes conclusions de ce rapport ont été présentées, mercredi au siège du CESE, par le président du Conseil, Ahmed Reda Chami, qui a présidé lui-même les travaux de la commission en charge de ce thème, ainsi que le rapporteur de ce document, Fouad Ben Seddik.

Configuration des MDM

Les Marocains du monde représentent près de 15% de la population totale du Maroc et contribuent à plus de 7% au produit intérieur brut du pays. Leur sentiment d’appartenance et le poids structurel de leur contribution aux besoins sociaux et à l’équilibre macroéconomique du pays est à la fois une opportunité et un défi. Il s’agit, plus exactement, de 5,1 millions immatriculés dans le réseau consulaire mondial (selon les données d’avril 2021), 6 à 6,5 millions de natifs du Maroc, en plus des descendants de Marocains et de binationaux non immatriculés dans les consulats du Maroc. Cette communauté est présente dans quelque 100 pays, dont 89% en Europe. Plus du tiers de cette communauté a un niveau d’enseignement supérieur (33,5%) et les trois quarts (74,1%) ont obtenu leur diplôme au Maroc. Nouvelle tendance, les migrants marocains qualifiés se dirigent relativement plus vers le Canada et les États-Unis d’Amérique. Il s’agit aussi d’une population jeune, active, dont 60% âgés entre 15 et 39 ans avec 44% de femmes, catégorie qui enregistre un taux d’activité de 38,2% (soit le double de celui des femmes en milieu urbain au Maroc, souligne le rapport du CESE). Aussi, 69% des MDM sont salariés, 10% indépendants, 3,3% employeurs et 12,8% n’ont pas de contrat de travail.

Maroc & MRE : des liens multiformes

Par ailleurs, estime le président du CESE, «l’un des objectifs de cette action du Conseil est de bien connaître ces MDM et leurs aspirations, pour mieux les protéger, leur assurer un accès sans cesse meilleur et de proximité aux services publics et à l’expression citoyenne», a-t-il déclaré. Quelles sont donc les aspirations des MDM ? Il ressort du rapport du Conseil que plus de 93% des répondants dans le cadre des «consultations citoyennes» ont qualifié leurs liens avec le Maroc de «forts» ou «à renforcer». Ces liens se manifestent à travers des relations personnelles et familiales, notamment via la régularité des visites aux parents et à la famille (94,3% des répondants), la célébration des fêtes religieuses et familiales (37,3% des répondants) ou dans le cadre de séjours au niveau d’une résidence secondaire ou alternée (24,4%). Ce qui est également illustré par des liens de nature professionnelle, de l’investissement (34% des répondants), du commerce (19,32%) et des interventions auprès d’entreprises ou dans le cadre de projets de coopération (11,69%). Les autres types de liens ont trait à la culture et au tourisme et aux actions de solidarité.

Les attentes des générations

En ce qui concerne les attentes relevées, elles sont classées en quatre catégories. Une première catégorie est en lien avec les services culturels. Cela à trait à l’accès à l’enseignement de la langue arabe, à la connaissance de l’histoire du Maroc et de sa vie culturelle. La deuxième catégorie relève d’un besoin cultuel. Il s’agit surtout de besoins pour renforcer la qualité des infrastructures, la compétence des intervenants, et préserver l’identité et l’intelligibilité de la tradition du rite malikite marocain. La troisième catégorie d’attente est de nature économiques. Les MDM soulignent dans ce sens la faiblesse des moyens consacrés à la représentation permanente à l’étranger des secteurs d’activité et des opportunités économiques du Maroc et appellent à la mise à niveau des dispositifs d’accueil et d’appui pour les porteurs, parmi eux, de projets d’investissement. La dernière catégorie d’attente cite les besoins en lien avec les prestations des services consulaires, administratifs et sociaux. Les MDM regrettent ainsi l’insuffisance des processus de digitalisation, les coûts, la complexité et les délais des formalités, les coûts et la qualité de l’offre de transports ainsi que la complexité et le manque de fiabilité de l’accès aux services de justice. Que faire pour répondre à toutes ces attentes ?

Le CESE plaide pour un portefeuille dédié aux MDM

L’une des premières actions pour lesquelles plaide le CESE, c’est la mise en place d’une architecture institutionnelle renouvelée. Le Conseil propose ainsi d’attribuer à un ministre délégué auprès du ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, un ministère dédié aux MDM, chargé de concevoir et de veiller à la bonne mise en œuvre de la stratégie relative à cette communauté. De même, il appelle à ériger la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l'étranger en établissement public stratégique «qui constituera l’opérateur et le bras opérationnel pour le déploiement de la stratégie MDM». Proposition dont le principal objectif est de pallier le manque de convergence des stratégies menées par les différents intervenants, estime Ahmed Reda Chami.

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Recommandations

Le CESE a émis une série de recommandations dans le cadre de son rapport «Renforcer le lien intergénérationnel entre les Marocains du monde et le Maroc, les chances et les défis». Concernant les moyens à mettre en place pour renforcer et préserver la durabilité des liens entre les Marocains du monde (MDM) et le Maroc, il propose quatre recommandations clés.
1. Mieux comprendre et connaître les MDM
• Évolution des flux migratoires.
• Résidence, citoyenneté et nationalité dans les pays d'accueil.
• Le lien avec le Maroc (expressions et fondements).
2. Mieux servir et renforcer la protection des droits et de la dignité des MDM
• Accès aux services culturels et cultuels.
• Accès aux services administratifs.
• Protection judiciaire.
• Protection sociale.
3. Soutenir et encourager la contribution des talents expatriés au développement du Royaume
• Mobilisation effective des compétences des MDM.
• Développement de leurs transferts financiers.
4. Co-construire avec les MDM des liens innovants qui démultiplient leurs succès et étendent le rayonnement du Royaume
• Représentation et participation politiques des MDM.
• Reconnaissance de l’utilité sociale des associations de MDM et renforcement de leur participation.