L’automne météorologique, qui va de septembre à octobre, se caractérise cette année encore par un retard des précipitations. En effet, selon la Direction Générale de la Météorologie, les prévisions d’ici la dernière semaine de septembre ne sont pas très bonnes. De rares gouttes de pluies sont à prévoir dans quelques régions du Maroc notamment sur le Tangérois et la Méditerranée, sur les côtes entre Sidi-Ifni et Tarfaya, sur le Rif et le Moyen-Atlas, et sur les côtes centre et le Nord-Ouest des provinces Sud. Un début de saison inquiétant qui en plus intervient dans un contexte de déficit hydrique important. Les pluies d'automne et d’hiver sont fortement attendues pour sauver les ressources en eau du Royaume et la prochaine campagne agricole.
Contacté par Le Matin, El Husseine Youabed, chargé de la communication à la Direction Générale de la Météorologie (DGM) a expliqué que cette « instabilité météorologique » signifie que le Maroc est dans « une période de transition » entre l’été et l’hiver. Il est donc assez normal de constater des précipitations faibles et dispersées ainsi que des orages par endroits. Pour lui, on ne peut estimer le retour à la normale des précipitations qu’à partir de la mi-octobre. Ainsi, tout retard de précipitations après cette date doit inquiéter, notamment si ça se prolonge dans la durée. Pour rappel, le cumul moyen des précipitations enregistrées au niveau national du premier septembre 2021 au 31 janvier 2022 est de 38,8 millimètres, contre une normale climatologique de 106,8 mm calculée sur la même période entre 1981 et 2010, soit un déficit de 64%. Le déficit par rapport à la saison précédente 2020-2021 est de 53%.
De son côté, Mohammed Benabbou, climatologue et expert en développement durable, estime que si les pluies tardent encore à venir, et dans le cas où ce retard dépasse la mi-octobre, les inquiétudes vont augmenter d’abord pour la saison agricole et ensuite pour les réserves en eaux. « Si la saison pluvieuse ne commence pas dans les semaines qui viennent, toute la saison agricole sera affectée, impactant toutes les prévisions économiques. En effet, le modèle et les prévisions économiques du Maroc sont toujours fortement basés sur les pluies », a-t-il noté. Et d’ajouter, « le scénario de l’année dernière ne doit pas se reproduire car le Maroc ne pourra pas supporter une autre saison sèche, et un retard pluviométrique pourrait avoir des conséquences néfastes sur le pays et son économie ».
Le scénario de la précédente saison des pluies était en effet catastrophique et s'il devait se reproduire ce serait très alarmant pour le pays. A fin Février 2022, le Maroc avait reçu seulement 76 mm de pluie. Les précipitations dans certaines régions, qui recevait jusqu’au 400 mm par an, avaient chuté bien en dessous des niveaux habituels. Il est à noter que la saison de la pluviométrie normale débutait historiquement au Maroc à partir du mois de septembre et se poursuivait jusqu’au mois de décembre. « Dans les années 70, l'année pluvieuse commençait en septembre, mais cette période s’est décalée jusqu'au mois d'octobre dans les années 80, et en décembre pour 2021 », a souligné Benabbou.
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