Casablanca met en valeur son patrimoine «méconnu et mal entretenu». Des centaines de bâtiments historiques bénéficieront d’une opération de ravalement de façades pour un montant de 60 millions de DH. C’est ce qu’a annoncé, le 5 juillet, Nabila Rmili, maire de Casablanca, lors de la septième Rencontre du patrimoine à Casablanca. Pour elle, cette opération de restructuration permettra de préserver le patrimoine de la ville et le valoriser sur le plan architectural et touristique. À cette occasion, la Société de développement locale (SDL) Casa-Patrimoine a réuni des architectes, des ingénieurs et des spécialistes pour échanger les expériences. Selon Reda Jaafri, professeur-assistant, génie civil à l’École Hassania des travaux publics (EHTP), «le ravalement d’une façade ne se résume pas à une simple mise en état.
Il s’agit surtout de traiter les pathologies sources en profondeur, améliorer les performances acoustiques et énergétiques et valoriser le patrimoine». Cet expert a souligné l’importance d’agir à temps quand on observe des pathologies ou dégradations généralisées sur la surface d’un bâtiment. Selon Reda Jaafri, les pathologies peuvent être bénignes comme les taches blanchâtres sur la surface, le décollement de la peinture, les taches noires… ou altérations plus préoccupantes comme les fissures, le problème de retrait du béton… Pour lui, chaque bâtisse a sa particularité qui doit être prise en considération avant d’entamer les travaux de ravalement. Même son de cloche auprès de El Houssin Gounaya, ingénieur au laboratoire LPEE.
«On ne peut pas faire un ravalement de façade sans diagnostic de l’immeuble en entier». Pour ce spécialiste, les pathologies des deux sont souvent liées comme c’est le cas de l’hôtel Lincoln tombé en ruine à cause des corrosions et dégradations au niveau du bâtiment en entier. Les bâtiments art déco peuvent être affectés par des facteurs internes (mode de construction, matériaux…) ou externes (environnement, sollicitations exceptionnelles comme le séisme). Les intervenants à cette rencontre ont insisté sur l’importance de choisir les matériaux adaptés à chaque construction. Pour sa part, l’historien et archéologue Mohamed Essemmar a mis en lumière l’importance du contexte historique afin de réussir l’opération de restauration.
La septième Rencontre du patrimoine était aussi l’occasion d’aborder le façadisme. Il s’agit d’une pratique urbanistique qui consiste à garder la façade du bâtiment historique intacte et enlever l’intérieur pour reconstruire un nouveau bâtiment généralement en changeant l’activité initiale. Selon l’architecte Karima Berdouz, cette pratique est encore récente au Maroc en termes de conservation du patrimoine. «Quelques projets commencent à émerger, mais restent singuliers vu la complexité de cette approche», affirme-t-elle. Et de préciser que les premiers projets nationaux datent des débuts des années 2000. Le façadisme permet de garder l’équilibre entre l’aménagement et la conservation des bâtiments historiques.