Le Matin : Dernièrement, il y a eu une table ronde autour de la thématique «Russie-Maroc : collaboration dans le domaine de l’enseignement supérieur». Que pouvez-vous nous dire sur le volet de l’apprentissage de la langue russe au Maroc ?
Petr Iakhmenev : Le Centre reçoit cette année quelques dizaines d’enfants pour l’enseignement de la langue russe. Il y a, aussi, une branche de cette langue dans certaines universités marocaines. Au Centre se déroulent les cours de la langue russe qui invite tous ceux qui désirent apprendre la langue. La langue russe est, également, enseignée dans de nombreuses associations de compatriotes russes dans différentes villes du Maroc.
Concernant les bourses octroyées aux étudiants, actuellement, la Russie donne plus de 40 bourses et en 2024, ce sera une centaine de bourses pour les étudiants.
Est-ce qu’avec ce conflit en Ukraine la Russie a reçu des étudiants marocains ?La Russie a ouvert ses portes à tous les étudiants, non seulement les Marocains, après avoir étudié leur dossier pour donner l’équivalence.
Que fait votre organisme pour que cette langue ait plus de popularité au Maroc ?D'abord, il faut savoir que la langue russe est connue au Maroc depuis près de100 ans. Selon les statistiques de l’Association des professeurs de la langue russe, il y a environ 18.000 lauréats qui ont fait leurs études en langue russe. Au Maroc, il y a actuellement 400 étudiants qui apprennent la langue russe dans les universités marocaines où se trouve cette branche, comme à Fès, Rabat et Mohammedia. Et ce sont des professeurs marocains qui l’enseignent. D’ailleurs, c’est le travail que fait le Centre pour donner plus de propulsion à la langue.
Est-ce que le Centre russe pense à conclure des partenariats avec les universités pour élargir ce créneau ?Bien sûr, nous voulons bien que la langue russe prenne plus de proportions au Maroc. Mais, cela ne dépend pas uniquement de nous. Il faut qu’il y ait une demande de la part des Marocains.
De notre côté, le Centre reçoit chaque année des livres, des manuels, de la littérature méthodologique, des magazines en langue russe que nous donnons aux universités marocaines où il y a la branche de la langue russe. Puis, cela fait 20 ans que nous organisons un Concours national de langue russe pour expérimenter le savoir des étudiants, entre autres activités.
Après avoir fait leurs études en Russie, est-ce que ces étudiants gardent le lien avec la Russie ?Chaque année, les jeunes du Maroc participent aux programmes de la «Nouvelle génération», «Bienvenus en Russie» qui permet aux jeunes marocains de connaître la Russie, sa culture et son histoire.
Ne pensez-vous pas que l’art et la culture peuvent, aussi, motiver le public à apprendre la langue russe pour en savoir plus sur votre pays ?Tout à fait. Mais, comme vous savez, la pandémie a freiné beaucoup d’activités, notamment les manifestations artistiques et culturelles programmées tout au long de l’année. Cela va reprendre petit à petit. Par exemple, aujourd’hui j’ai reçu des propositions de certaines villes russes pour faire venir des groupes de musiques, de cirque pour donner des spectacles au Maroc. Il y a, aussi, un rapprochement dans d’autres domaines entre le Maroc et la Russie. Tout ceci peut aider à la diffusion de la langue russe.
Par rapport aux activités artistiques et culturelles, pouvez-vous faire en sorte pour qu’elles soient plus diverses afin que les Marocains aient une vision plus large sur la civilisation russe ?De notre part, nous sommes très actifs au Centre culturel et nous organisons plusieurs activités tout au long de l’année. Mais, il faut dire qu’il y a le problème logistique : il n’y a pas de ligne directe entre la Russie et le Maroc. Par contre, beaucoup de troupes aimeraient bien venir au Maroc. Cependant, il ne faut pas oublier que le Ballet du Kremlin est venu à plusieurs reprises au Maroc, puis le grand orchestre de l’Armée rouge avec ses 450 artistes.
Prévoyez-vous un jour la programmation d’une Semaine de cinéma russe ?La programmation des Semaines culturelles se fait sur le plan mutuel. Nous avons programmé cela, mais il y avait le problème de la Covid. Toutefois, en 2023, nous avons l’intention d’organiser une Semaine de cinéma russe.
Peut-on aussi voir du cinéma russe à travers des plateformes digitales, comme le font d’autres pays ?En ce qui concerne les plateformes digitales, nous travaillons, actuellement, sur deux volets : la littérature russe et le cinéma. C’est-à-dire que tous ceux qui sont intéressés par la littérature russe peuvent rentrer dans la bibliothèque par Internet et lire ce qu’ils veulent de cette littérature. Concernant le cinéma, il y a le site Internet de la Maison russe où ils peuvent trouver des films russes.
Ne pensez-vous pas exporter l’art et la culture marocains en Russie pour que les Russes connaissent, eux aussi, notre civilisation et qu’il y ait un échange mutuel ?L’échange entre nos deux pays est très important et je crois que c’est un travail mutuel au niveau des ministères de la Culture de nos deux pays. Nous sommes là pour les aider et faciliter l’organisation de ces activités. Par ailleurs, le Centre invite toujours des Marocains pour présenter leurs créativités russo-marocaines dans diverses disciplines.