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Sahara : pourquoi la diplomatie marocaine doit rester en «mode offensif»

Le mois d’août dernier a été marqué par nombre d’événements diplomatiques en relation directe avec la cause nationale. Ces rebondissements confirment qu’une action diplomatique soutenue est de rigueur afin de pérenniser les acquis s’agissant de la question de l’intégrité territoriale du Royaume. C’est certainement à travers ce prisme qu’il faut lire l’annonce faite il y a quelques jours par Nasser Bourita, appelant à une réunion ministérielle des pays qui ont ouvert des consulats dans les provinces du sud du Royaume.

Sahara : pourquoi la diplomatie marocaine doit rester en «mode offensif»

Le dossier du Sahara marocain a récemment connu une série de développements qui convergent tous vers un seul constat : dans les relations internationales, la seule constante qui existe, c’est le changement des positionnements au gré des alliances et des intérêts. De l’Amérique latine à l’Afrique, notamment le Maghreb, le mois d’août a été marqué par des rebondissements qui ont fait couler beaucoup d’encre. D’abord, il y a eu la décision du Président colombien nouvellement élu, Gustavo Petro, de rétablir les relations avec l’entité fantoche. Ensuite est venue le lendemain l’annonce du Pérou qui décide de rompre ses relations (à peine rétablies il y a moins d’un an) avec la pseudo «rasd». Puis, et à l’occasion de la tenue la conférence de la Ticad 8 à Tunis, il y a eu cet épisode fâcheux de l’accueil officiel du chef des miliciens du polisario par le Président tunisien.

Un épisode auquel la diplomatie marocaine a réagi avec vigueur et que le Japon et la quasi-totalité des pays africains ont dénoncé sans ambages. Viennent ensuite l’ouverture par le CapVert d’un consulat à Dakhla et l’annonce du ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, de la tenue imminente d’une réunion ministérielle des pays qui ont ouvert des consulats dans les provinces du sud du Royaume. Face à ce chassé-croisé diplomatique, la vigilance doit être de mise et les forces vives du Maroc, et à leur tête sa diplomatie officielle, doivent rester sur leurs gardes pour pérenniser et renforcer les acquis, d’une part, et, d’autre part, déjouer les manœuvres ourdies par les ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume. À cet égard, l’expert en relations internationales Ahmed Noureddine recommande prudence et anticipation. Pour lui, il faut s’attendre à des revirements et à des changements d’attitude par rapport au Sahara marocain. «Le changement de position des États vis-à-vis de notre cause nationale n’est pas une nouvelle donne. En Amérique latine, c’était souvent le résultat de manipulations idéologiques. Ailleurs, notamment en Afrique et dans les pays insulaires, c’était lié plutôt aux pratiques de corruption, de chantage et aux pétrodollars», explique-t-il.

Selon M. Noureddine, on est sur un terrain où il n’y a pas de certitude ni de constantes dans un sens comme dans l’autre. Que faire alors ? «Je pense que l’on devrait se focaliser sur l’objectif ultime, à savoir le retrait de nos provinces du Sud de la liste des territoires non autonomes au sein de la quatrième Commission des Nations unies, dite Commission de la décolonisation. C’est le seul et unique moyen pour clôturer définitivement cette affaire». Mais en parallèle, estime cet expert en relations internationales, la diplomatie marocaine doit s’activer pour que l’entité fantoche soit expulsée de l’Union africaine. 
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Ahmed Noureddine, expert en relations internationales : «C’est dans le déséquilibre géopolitique que l’on peut réaliser des percées»

Le Matin : La Colombie vient de reconnaître la pseudo «rasd», puis il y a eu plus récemment la position de la Tunisie… quelle réaction cela doit susciter chez la diplomatie marocaine

Ahmed Noureddine : En deux mots, notre diplomatie devrait passer du mode Newtonien à celui d’Einstein, plus explicitement de la diplomatie statique à la diplomatie dynamique. Le monde a changé, les paradigmes aussi. Et que ce soit pour définir les intérêts vitaux des États, leurs zones d’influence ou même leurs alliés, tout change en permanence et tout se transforme, pour emprunter encore une fois le jargon des sciences physiques. Nous sommes entrés, et depuis belle lurette, dans un monde post-Bretton Woods et post-Yalta. Les positions des États ne sont plus prédéfinies selon des paramètres relativement stables et plus ou moins connus. Cette ère est révolue et les lignes de démarcation ne sont plus les mêmes et elles ne cesseront de bouger dans le futur. Certes, cela présente de hauts risques, mais ça nous ouvre aussi des opportunités pour mettre un terme aux hostilités du régime militaire au pouvoir à Alger et régler le conflit du Sahara marocain. C’est dans le déséquilibre géopolitique que l’on peut réaliser des percées, à condition d’avoir une vision et une stratégie pour la mettre en œuvre.

Comment expliquez-vous le revirement de la Colombie ? et le geste de Kaïs Saied ?

La Colombie et la Tunisie, malgré la différence des tenants et aboutissants pour chacun des deux cas, restent une illustration du «dérèglement du monde», pour paraphraser Amine Maalouf. Autrement dit, les changements brusques de ces deux États s’inscrivent dans une loi géopolitique plus globale que l’on peut qualifier de loi des sables mouvants. Et elle n’est pas propre aux pays du tiers monde, comme on peut le croire. Loin de là, c’est une transformation à l’échelle planétaire, on peut citer le différend entre Washington et Paris concernant l’affaire des sousmarins destinés à l’Australie, ou encore l’accord nucléaire avec Téhéran, ou l’accord de libre-échange transatlantique, le Brexit, et j’en passe. Pour le cas précis de la Colombie, il est certain que la plupart des mouvements de gauche en Amérique latine sympathisent avec le front séparatiste du «polisario», parce qu’ils sont sous influence de la propagande algérienne, qui a déformé les faits sur la question du Sahara marocain en présentant un mouvement séparatiste en tant que mouvement de libération. Quant à la Tunisie, il est regrettable qu’elle ait cédé au diktat des pétrodollars et au chantage de la diplomatie algérienne. Il n’est plus un secret qu’Alger a versé de gros pots-de-vin sous forme, entre autres, de prêts ou de dépôts bancaires. Il parait que Carthage a sacrifié sa doctrine diplomatique sur l’autel des intérêts immédiats. Et malgré cela, il ne faut pas mettre toutes nos erreurs sur le dos des autres, nous devrions remédier aux dysfonctionnements de notre système immunitaire, qu’il s’agisse de la diplomatie officielle, parlementaire ou partisane. Pour Tunis, à titre d’exemple, on devait s’alarmer depuis au moins une année, lors du vote blanc de la résolution 2602 à l’ONU, mais on a préféré l’attitude «wait and see».

Doit-on s’attendre à l’avenir à des revirements similaires ?

Sans hésitation aucune, je dirai oui, on doit s’attendre à cela et on doit agir en conséquence. Le changement de position des États vis-à-vis de notre cause nationale n’est un pas une nouvelle donne. En Amérique latine, c’était souvent le résultat de manipulation idéologique. Ailleurs, notamment en Afrique et dans les pays insulaires, c’était lié plutôt aux pratiques de corruption, de chantage et aux pétrodollars. Mais dans les deux cas, c’est toujours le régime algérien qui tirait les ficelles. Et c’est un secret de polichinelle qu’Alger adopte une doctrine anti-marocaine qui a pour principal objectif de porter atteinte à l’intégrité territoriale du Royaume. Ce cap n’a pas changé, malgré tous les événements survenus chez nos voisins pendant plus d’un demi-siècle. À une exception près, c’est devenu une obsession et une raison d’être de tous les dirigeants qui se sont succédé au pouvoir au palais d’ElMouradia. Le seul qui a dérogé à la règle était Feu Boudiaf, et ce n’est pas une coïncidence s’il a été assassiné par un officier algérien trois mois après son investiture. On a remarqué justement ces derniers temps un certain activisme algérien pour rallier les pays soutenant l’intégrité territoriale.

Pensez-vous que ces projets vont aboutir ?

On est sur un terrain où il n’y a pas de certitude ni de constantes dans un sens comme dans l’autre. La reconnaissance de la pseudo «rasd» ou sa négation est un jeu dangereux et coûteux, qui est alimenté comme je l’ai dit par la propagande et les pétrodollars algériens. Ce fardeau continuera de menacer nos intérêts vitaux et continuera de peser sur notre diplomatie tant que nous ne nous serons pas attaqués au mal dans son foyer. Nous savons où se trouve les cellules cancéreuses, il faudrait les exposer à une radioactivité pour détruire leur ADN, et pour de bon. Pour l’Algérie, l’affaire du Sahara a toujours été et restera une carte à double face, qui sert pour régler les comptes du tracé frontalier avec le Maroc, et en même temps pour dompter l’opposition algérienne et détourner l’attention de l’opinion publique des vraies questions qui la préoccupent. Je pense que l’on devrait se focaliser sur l’objectif ultime, à savoir la sortie de nos provinces du Sud de la liste des territoires non autonomes au sein de la quatrième Commission des Nations unies, dite Commission de la décolonisation. Faudrait-il rappeler que c’est le Royaume chérifien qui les as inscrits sur cette fameuse liste en 1963, pour parachever la libération de ses territoires du «Sahara et Sidi Ifni» alors occupés par l’Espagne. C’est le seul et unique moyen pour clôturer définitivement cette affaire. En parallèle, notre diplomatie gagnerait à faire en sorte que l’Union africaine expulse l’entité fantoche qui ne dispose d’aucun critère politique ou juridique pour y siéger. L’organisation panafricaine étant une union d’États souverains et indépendants et non pas un club de mouvements séparatistes.

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Colombie, Pérou, Tunisie... pourquoi la diplomatie marocaine doit rester sur le qui-vive

En ce mois d’août, la question du Sahara marocain a été marquée par deux faits nouveaux au niveau de l’Amérique latine. D’abord, il y a la Colombie, pays avec lequel le Royaume était sur une bonne dynamique en termes de relations bilatérales. Fin octobre dernier, la vice-présidente et ministre des Relations extérieures de Colombie, Marta Lucia Ramirez, et à l’occasion de sa visite officielle au Royaume, avait fait part au ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, des instructions données au nouvel ambassadeur de son pays à Rabat, pour étendre la juridiction consulaire de l’ambassade de Colombie au Royaume du Maroc sur tout le territoire marocain, incluant le Sahara. Une décision qui revient à reconnaître en des termes plus clairs la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud. Il est à rappeler également que le Congrès colombien avait réaffirmé à de nombreuses occasions son soutien au Royaume, à travers l’adoption de quatre résolutions historiques, en 2017 et 2018.

Les parlementaires colombiens, issus de diverses tendances politiques, ont exprimé dans ces résolutions leur plein soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Royaume. Les parlementaires colombiens avaient également salué, à l’unanimité, les efforts déployés par le Maroc pour mettre fin au conflit artificiel autour du Sahara marocain, considérant ainsi le plan d’autonomie comme la solution politique idéale pour mettre fin à ce différend régional. Mais à la date du 10 août, le Président fraîchement investi, Gustavo Petro, a décidé de rétablir les relations diplomatiques avec la «rasd». Cet ex-guérillero et ancien maire de Bogota avait remporté les élections présidentielles avec 50,45% des voix, devenant ainsi le premier président de gauche de l’histoire de la Colombie. Et la première décision qu’il a prise sur le plan des relations extérieures a été de rétablir les relations avec l’entité fantoche. Une décision qui a surpris les Colombiens plus que tous les autres, à l’image du journaliste et écrivain Edward MacKenzie, qui a été surpris de voir que la première décision prise par Gustavo Petro est de «rétablir les relations diplomatiques avec une entité que très peu de gens connaissent en Colombie». «Qu’est-ce cela apporte à la Colombie ? Rien. Bien au contraire, cet acte assène un coup à la Colombie et ruine les excellentes relations avec le Maroc», déplore l’éditorialiste. Ce nouveau développement survenu en Colombie montre bien pourquoi la diplomatie marocaine se doit d’intensifier son lobbying en Amérique latine pour faire échec à celui mené par les ennemis de son intégrité territoriale.

Le Pérou renonce à sa reconnaissance de la pseudo «rasd»
Parallèlement, et dans un sens positif cette fois, le Pérou a décidé de retirer sa reconnaissance de la pseudo «rasd», prise il y a moins d’un an, et de soutenir l’intégrité territoriale du Royaume et son initiative d’autonomie. «Le gouvernement de la République du Pérou a décidé de retirer sa reconnaissance de la rasd et de rompre toute relation avec cette entité», a déclaré le ministère des Affaires étrangères péruvien dans un communiqué. Le ministère péruvien des Relations extérieures a également apporté son soutien à «l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc, à sa souveraineté nationale, ainsi qu’au plan d’autonomie relatif à ce différend régional» autour du Sahara marocain. Le ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a indiqué pour sa part, dans un communiqué, que «le Royaume du Maroc apprécie et salue cette décision de la République du Pérou, qui ouvre une nouvelle page dans les relations avec ce pays ami. Elle permettra l’approfondissement de la concertation politique et le renforcement de la coopération sectorielle, notamment dans les domaines de l’agriculture et des fertilisants. Dans ce cadre, des actions concrètes seront menées très rapidement». Réagissant à cette nouvelle, l’ancien ministre péruvien des Relations extérieures, Luis Gonzales Posada, a qualifié de «positive, raisonnable et judicieuse» la décision de son pays de rompre avec le polisario, fustigeant le caractère «insolite» de l’initiative prise par l’ancien ministre péruvien des relations extérieures,  «Oscar Maurtua, d’établir des relations diplomatiques avec une république inexistante, non reconnue par l’ONU». L’ancien chef de la diplomatie péruvienne a expliqué, dans une tribune publiée par le journal local «La Razon», que cette décision avait été prise «sous la pression des Forums de Sao Paolo et Puebla (regroupant les partis de gauche latino-américains), ainsi que par le bloc chaviste conduit pas le Venezuela, Cuba et le Nicaragua».

Plus des deux tiers des pays d’Amérique latine et des Caraïbes ne reconnaissent pas la pseudo «rasd»
Dans son communiqué publié suite à la décision du Pérou de retirer sa reconnaissance de la pseudo «rasd», le ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a rappelé que «grâce aux actions menées au cours des dernières années, sur Très Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, de nombreux pays ont retiré leur reconnaissance de l’entité fantoche». «Ainsi, sur les 193 pays membres des Nations unies, 84% ne reconnaissent pas la pseudo “rasd”, soit les deux tiers des pays africains, 68% des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, 96% des pays asiatiques et 100% des pays européens et nord-américains», souligne le communiqué. Cela démontre que la zone de l’Amérique latine et des Caraïbes est un espace où la diplomatie marocaine se doit de se mobiliser davantage afin de remporter plus de victoires et d’immuniser ses acquis.

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Mustapha Sehimi, professeur de droit et politologue :«Aujourd’hui, on ne peut plus parler de fiefs du mouvement séparatiste en Amérique latine»

Le Matin : Le Pérou vient de retirer sa reconnaissance de la «rasd», mais la Colombie s’est rétractée en apportant de nouveau son soutien au polisario. Quel enseignement en tirer, selon vous ?
Mustapha Sehimi :
 Avec la reconnaissance de la «rasd» par le gouvernement de la Colombie, le 7 août dernier, c’est évidemment une décision regrettable. Il faut la situer dans un contexte particulier : celui de la nouvelle situation politique dans ce pays. Le nouveau Président élu, Gustavo Petro, homme de gauche qui a eu un parcours de guérillero dans le mouvement socialo-bolivarien du 19 avril, a toujours été un soutien du mouvement séparatiste. Ce n’est donc pas une surprise pour le Maroc. Il faut rappeler que ce pays a établi des relations avec cette entité en 1985, sous le gouvernement de Belisare Betancour. Cette reconnaissance avait ensuite été gelée en 2001 dans le gouvernement Andrès Pastrana Arango (président de la République de 1998 à 2002), issu du parti conservateur. À la fin de 2021, la Colombie avait annoncé que «la juridiction consulaire de son ambassade au Maroc s’étend désormais sur tout le territoire marocain, incluant le Sahara». Elle avait souligné également qu’elle soutenait «les différentes résolutions du Conseil de sécurité qui reconnaissent les efforts du Maroc dans la recherche d’une solution politique, pragmatique, réaliste et durable à ce différend, sous les auspices exclusifs de l’ONU».

Par ailleurs, avec le Pérou, il faut se féliciter de sa décision de retirer sa reconnaissance de la «rasd» et de la rupture de toute relation avec cette entité. Cette annonce vient d’être faite, le 18 août, suite à un entretien téléphonique entre le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue péruvien, Miguel Angel Rodriguez Mackay. Dans cette même ligne, Lima et Rabat ont convenu de renforcer leurs relations bilatérales avec la signature d’une «feuille de route multisectorielle» (consultations politiques régulières, coopération, etc.). Le Pérou avait reconnu la «rasd» en août 1984 avant une décision de suspension de cette reconnaissance du président Alberto Fujimori (1990-2000) prise en 1996. Puis, le président Padro Castillo avait rétabli les relations avec l’entité séparatiste en septembre 2021. Preuve que la mobilisation de la diplomatie marocaine dans cette région porte ses fruits…

L’Amérique latine est historiquement un fief des ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc. Pourquoi ?
Il faut distinguer deux séquences dans la diplomatie marocaine en Amérique latine. La première, couvrant pratiquement le dernier quart du siècle dernier, n’avait pas priorisé une mobilisation dans cette région. Ce qui a été mis à profit par l’Algérie pour obtenir des dizaines de reconnaissances de la «rasd». Cette situation a été profondément modifiée avec la Tournée Royale, à la fin de 2004, dans plusieurs pays d’Amérique latine (Brésil, Chili, Mexique, Pérou). Un nouvel élan a été donné au déploiement de la politique étrangère dans un espace géopolitique important. De nouvelles ambassades ont été ouvertes. Les ministères des Affaires étrangères qui se sont succédé ont multiplié les visites. La coopération bilatérale a été renforcée, d’autant plus que le Maroc se distinguait aussi par le dynamisme de sa politique continentale, offrant à ces pays et à d’autres en Amérique latine de nouvelles opportunités de partenariat en Afrique. Aujourd’hui, on ne peut plus parler de «fief» de l’Algérie et du mouvement séparatiste en Amérique latine. Leur isolement se poursuit, le Maroc étant dans une nouvelle dynamique liée aux données qui entourent favorablement les termes de référence de la question nationale, tant aux Nations unies qu’au sein de la communauté internationale.

La nouvelle position de l’Espagne peut-elle avoir une quelconque incidence sur les positions de certains pays d’Amérique latine ?
À un premier niveau, des pays d’Amérique latine et centrale sont hispanophones. Ce facteur pèse-t-il pour les pousser à prendre en compte la position de Madrid sur le Sahara marocain ? Ce n’est pas établi, historiquement en tout cas, pour ce qui est des précédentes décennies. Chaque pays obéit à des préoccupations propres et aux sensibilités partisanes à la tête de son gouvernement : droite, conservateur, gauche, etc. Pour autant, il ne faut pas exclure peut-être une certaine approche culturelle et politique, même pour ce qui est de l’ex-Sahara espagnol récupéré par le Maroc en 1975.

Ce qui est nouveau, fondamental même aujourd’hui, c’est que la cause nationale a enregistré et engrangé des avancées majeures. Le Souverain a fait référence à «des percées aux niveaux régional et international»… Une nouvelle dynamique est en marche, induite et mue par les nouveaux positionnements intervenus et capitalisés (reconnaissance américaine, soutien affirmé à l’Initiative marocaine d’autonomie comme prioritaire et seule option de règlement, une trentaine de consulats à Dakhla et Laâyoune…). Il faut ajouter que le Maroc s’inscrit toujours dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité et du respect du cessez-le-feu. Tel n’est pas le cas ni de l’Algérie ni du mouvement séparatiste qui sont sortis de ce cadre, s’opposant aux décisions du Conseil de sécurité et les bravant. 

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