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La santé mentale des populations fortement exposée aux risques climatiques

Si les effets des changements climatiques sur notre santé physique sont bien connus, leur impact sur la santé mentale est un sujet beaucoup moins documenté. Dans une récente note d’orientation, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) attire l’attention sur ce sujet et exhorte les pays à inclure le soutien à la santé mentale dans leur réponse à la crise climatique.

La santé mentale des populations fortement exposée aux risques climatiques

Qui l'eût cru ? Les changements climatiques ne constituent pas uniquement un danger pour notre planète et notre santé physique, mais ils présentent aussi des risques graves pour notre santé mentale et notre bien-être. Dans une nouvelle note d'orientation lancée à l'occasion de la conférence de Stockholm+50 sur l'environnement, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté les pays à inclure le soutien à la santé mentale dans leur réponse à la crise climatique. Les résultats de cette note concordent avec un récent rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), publié en février de cette année. Le GIEC avait soutenu que l'accélération du changement climatique constitue une menace croissante pour la santé mentale et le bien-être psychosocial, et un facteur de détresse émotionnelle, d'anxiété, de dépression, et de comportement suicidaire.

«Les impacts du changement climatique font de plus en plus partie de notre vie quotidienne, et il existe très peu de soutien dédié à la santé mentale disponible pour les personnes et les communautés confrontées aux aléas climatiques et aux risques à long terme», déclare l’OMS. Et d’ajouter que «Les conséquences des changements climatiques aggravent la situation déjà extrêmement précaire de la santé mentale et des services de santé mentale à l’échelle mondiale. Près d’un milliard de personnes sont atteintes de troubles mentaux, mais dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, 3 sur 4 n’ont pas accès aux services nécessaires. En tenant davantage compte de la santé mentale et du soutien psychosocial dans le cadre de la réduction des risques de catastrophe et de l’action climatique, les pays peuvent mieux contribuer à protéger les personnes les plus exposées aux risques».

L’agence onusienne souligne, par ailleurs, que les effets des changements climatiques sur la santé mentale ne sont pas les mêmes pour tous. Certains groupes sont touchés de manière disproportionnée en fonction de facteurs tels que le statut socioéconomique, le genre et l’âge. Cependant, il est clair que les changements climatiques ont une incidence sur bon nombre des déterminants sociaux qui représentent déjà un très lourd fardeau pour la santé mentale à l’échelle mondiale, sachant que la majorité des pays ne prennent pas ce volet en considération.
La nouvelle note d’orientation de l’OMS recommande ainsi quelques approches importantes aux pouvoirs publics pour faire face aux conséquences des changements climatiques sur la santé mentale. Il s’agit d’intégrer le soutien en faveur de la santé mentale à l’action climatique et les considérations climatiques dans les programmes de santé mentale. L’Organisation recommande aussi de s’appuyer sur des engagements mondiaux, d'élaborer des approches communautaires pour atténuer les vulnérabilités et combler l’important déficit de financement dans le domaine de la santé mentale et du soutien psychosocial.
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L'avis de Mohamed Hachem Tyal, psychiatre et psychanalyste
«La lutte contre l’impact des changements climatiques sur la santé mentale doit être un souci des décideurs et des acteurs sociaux»


«Il est très important aujourd’hui de s’intéresser à l’impact des changements climatiques sur la santé mentale. En effet, même si on n’en parle pas souvent, la santé mentale et le bien-être des individus sont très dépendants de l’environnement dans lequel nous vivons dès le plus jeune âge et ne peuvent être dissociés de ce qui arrive dans le monde, au niveau climatique. Plusieurs changements sont en train de s'opérer et nous n'y sommes pas préparés, ce qui dépasse notre système défensif psychologique et agresse notre psychique. À partir du moment où il y a un dépassement des capacités de gestion psychologique, qui touche en particulier une catégorie de personnes vulnérables, celles-ci se retrouveront en souffrance avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir en termes de pathologies psychiatriques.
L’OMS a bien fait de rappeler que les changements climatiques sont de plus en plus présents dans notre quotidien, d’où la nécessité de prendre en compte cet aspect pour l’amélioration de la santé mentale. Nous avons un devoir vis-à-vis des générations à venir. Il faut mettre en place des plans et des stratégies d’actions et de sensibilisation afin de réduire le plus possible l’impact des modifications climatiques sur la santé mentale avant qu’il ne soit trop tard. Certains pays ont déjà mis en place des programmes dans ce sens, d’autres s’y mettent actuellement. Le Maroc moderne auquel nous aspirons tous devrait s’y intéresser aussi. La lutte contre l’impact des changements climatiques sur la santé mentale doit être un souci des décideurs et des acteurs sociaux qui devraient prendre rapidement les bonnes décisions.»

 

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