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La stratégie de Sonasid pour accéder à un nouveau palier de développement

Sonasid sera bientôt l’un des premiers aciéristes au monde, et pratiquement le premier en Afrique, à mettre sur le marché international un acier issu à 100% d’énergies renouvelables. En plus de ses projets de décarbonation, le groupe planche sur la diversification de ses produits, comme le lancement de l’acier intelligent, de l’acierantisismique ou encore la fibre d’acier, un produit qui est en train de révolutionner les marchés mondiaux de la construction… Le point des projets du sidérurgiste avec sonDG, Ismail Akalay, qui a rencontré la presse, jeudi dernier, pour présenter les résultats financiers 2021 et parler de la stratégie de développement de la société.

La stratégie de Sonasid pour accéder à un nouveau palier de développement
Sonasid a décidé d’avoir chaque année un projet dans le pipe.

Sonasid est sur tous les fronts pour accéder à un nouveau palier de développement : accélération du recours à l’énergie verte, diversification des produits, lancement de nouveaux projets... Ainsi, le leader du secteur sidérurgique marocain sera dès 2023 l’un des premiers au monde, et pratiquement le premier en Afrique, à mettre sur le marché international un acier issu à 100% d’énergies renouvelables. «Nous avons la chance aujourd’hui de remplacer le charbon par de l’énergie verte. L’acier que nous produisons est à 85% fait avec de l’énergie verte (éolienne), et nous avons pris la décision de construire avec Nareva une station photovoltaïque à Nador qui nous permettra de compléter les 100%», indique Ismail Akalay, directeur général de Sonasid, lors d’une rencontre jeudi dernier à Casablanca avec la presse marocaine. Le parc photovoltaïque qui sera livré dès la fin de l’année par la société énergétique marocaine Nareva, qui est également le premier acteur privé de l’éolien en Afrique, permettra à Sonasid d’éviter dès 2026 la taxe carbone : «À partir de 2023, l’Europe va imposer une taxe d’énergie verte qui concerne l’acier. Bien sûr, à cette échéance, nous ne faisons qu’inscrire les exportateurs qui produisent de l’acier vert, mais à partir de 2026, on mettra en place une taxe qui sera pénalisante pour ces produits», explique le DG. Pour l’heure, Sonasid fait une économie de carbone de 200.000 tonnes par an. Mais, l’utilisation du fuel rend le processus incomplet : «On attend aussi le gaz de Tendrara qui va nous permettre de remplacer le fuel que nous utilisons. Et là, nous allons aussi réduire le dégagement de CO2 en utilisant le gaz à la place du fuel», note-t-il. Mais Sonasid, qui a pu réduire sa facture énergétique de 7% entre 2020 et 2021, a une bataille à mener aux côtés des autres opérateurs marocains. Il faut dire que le crédit carbone marocain n’est pas encore reconnu à la Bourse européenne du crédit carbone. «Les industriels européens achètent le crédit carbone à 80 euros la tonne. Imaginez-vous ce que pourraient nous rapporter de plus les 200.000 tonnes d’économie si nous étions capables de les vendre ?»

Chaque année, un projet dans le pipe

Pour améliorer ses fondamentaux financiers, Sonasid se fixe des délais. «Nous avons décidé d’avoir chaque année un projet dans le pipe», révèle Akalay. Le sidérurgiste met un budget de 100 millions de DH par an, afin de pouvoir répondre aux futurs besoins de ses clients marocains et étrangers. «La construction d’un barrage consomme environ 8.000 tonnes d’acier. Sur le port de Nador qui est en construction, nous sommes déjà à plus de 120.000 tonnes d’acier consommées. Le port de Laâyoune va consommer 50.000 tonnes d’acier et nous attendons le projet du port de Dakhla qui peut nécessiter 100.000 tonnes. Pour sa part, la ligne TGV Casablanca-Marrakech consommera bien évidemment de l’acier et nous en avons fourni pour la ligne Kénitra-Casablanca». Notons que Sonasid exporte déjà son acier «vert à hauteur de 85%» vers le marché allemand depuis juin de l’année dernière. le groupe y avait écoulé 25.000 tonnes : «La demande du marché allemand se poursuit. Avec la flambée des coûts énergétiques en Europe, les producteurs d’acier n’arrivent plus à suivre. Nous avons donc des demandes pratiquement chaque jour», se réjouit le DG de Sonasid.

La fibre d’acier, l’autre cheval de bataille…

Outre l’Europe, Sonasid affûte ses armes pour s’attaquer à d’autres marchés avec de nouveaux produits. Cette année, la filiale d’ArcelorMittal a lancé un autre projet important : la fibre d’acier, première gamme à haute valeur ajoutée. «C’est un acier très fin – 0,5 à 0,9 mm de diamètre – et qui est utilisé dans le béton pour construire des tunnels de métro, des puits profonds, des dalles horizontales (…). Les marchés nord-américains et européens se développent de manière importante avec cette fibre», explique le top management de la société. Coupée en petits morceaux, mélangée avec le béton et mise en place, cette fibre permet d’obtenir ce béton fibré qui vient remplacer les armatures traditionnelles. «Cette production que nous allons avoir à partir du quatrième trimestre 2022 sera à 80% destinée au marché nord-américain, notamment les États-Unis et le Canada. Et nous allons en profiter pour marketer ce produit de niche auprès des entreprises de génie civil locales», fait savoir le DG. Pour augmenter ses capacités de production dans un marché local absorbant 1,2 million de tonnes d’acier par an, l’industriel, qui a vu le jour en 1974, mise sur de nouveaux produits. Il s’agit notamment de l’acier antisismique ou encore un autre type d’acier intelligent qui peut changer de température en fonction des conditions de travail. En tout cas, la fibre d’acier demeure un produit à forte valeur ajoutée, et dont la compétitivité à l’export vers les marchés américains ne sera pas impactée par le renchérissement des coûts de transport.

De la R&D «made in Morocco»

Pour assouvir ses ambitions de développement qui s’étendent jusqu’au marché automobile à l’horizon 2025, Sonasid décide d’ouvrir un laboratoire au Maroc. «Jusqu’à présent, Sonasid travaillait avec les produits de la R&D d’ArcelorMittal. Les chercheurs marocains vont pouvoir développer des produits spécifiques aux besoins du marché marocain. Ils iront peutêtre sur de l’acier assez élaboré pour justement permettre d’avoir dans notre portefeuille les produits des aciers spéciaux», détaille Akalay qui a passé trente ans à explorer les mines du Maroc pour développer la recherche dans ce domaine. Pour toutes ses ambitions en acier, Sonasid démarre avec un budget de 6 à 8 millions de DH afin d’acquérir les équipements du laboratoire qui abritera des chercheurs marocains formés par la maison mère. 

1 milliard d’Ebitda dans 10 ans !

L’année dernière, le groupe Sonasid a réalisé de bonnes performances. Le sidérurgiste a, en effet, affiché un chiffre d’affaires consolidé de 4,49 milliards de DH, en hausse de 43% par rapport à l’année précédente. Le résultat net part du groupe consolidé s’inscrit également sort du rouge, avec 108 millions de DH, contre des pertes de 28 millions un an plus tôt. L’Ebitda consolidé s’améliore également à 315 millions de DH, contre 118 millions un an auparavant. Par ailleurs, le groupe continue de voir grand. En réponse à une question du journal «Le Matin» sur ce que deviendra Sonasid dans 10 ans, Ismail Akalay a répondu : «(...) si nous réussissons notre plan stratégique, on peut devenir une entreprise de poids avec plus de 1 milliard d’Ebitda !»

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