CDG Capital Insight vient de livrer ses prévisions relatives au prochain Conseil de Bank Al-Maghrib qui se tiendra le 20 deÌcembre pour deÌcider de la conduite de la politique moneÌtaire. Sur la base des dernières évolutions, sur les plans monétaire, financier et réel, et des perspectives y afférentes, «il est plus probable que le Conseil augmente, pour la deuxième fois consécutive, le taux directeur de 50 points de base à 2,50%», soulignent les économistes CDG Capital Insight. Selon leur analyse, plusieurs faits majeurs caractérisent le comportement des sphères monétaire, financière et réelle, aussi bien au niveau national qu’international, et ce, depuis la tenue du dernier Conseil de Bank Al-Maghrib en septembre 2022.
Au niveau international, CDG Capital Insight constate la poursuite du resserrement des politiques monétaires, adoptées par la quasi-majorité des Banques centrales, même dans certains pays où les tensions inflationnistes sont d’origine externe ou bien liée à un choc d’offre à l’image du Maroc. «En effet, face au risque de durabilité de l’inflation, les Banques centrales cherchent à ancrer les anticipations d’inflation des opérateurs et ménages en vue de briser le cycle vicieux inflationniste», est-il indiqué.
Au niveau national, les économistes de CDG Capital Insight citent le redressement du taux d’accroissement des prêts accordés au secteur privé. Et ce grâce aux différents mécanismes de garantie mis en place en collaboration avec «Tamwilcom» qui favorisent une distribution de l’ensemble des catégories de crédits en faveur des entreprises à des taux privilégiés. À ce sujet, il faut noter que sur la base des indicateurs publiés par Bank Al-Maghrib, la transmission de la dernière hausse du taux directeur, de 50 points de base (Pbs) en septembre à 2%, vers les taux débiteurs et créditeurs est quasi nulle.
Pour CDG Capital Insight, l’efficacité du canal taux représente un facteur déterminant pour atteindre l’objectif final de stabilité des prix. En effet, la réaction des taux débiteurs et créditeurs, proportionnellement à la hausse du taux directeur, devrait ralentir les crédits et favoriser l’accroissement de l’épargne, générant, ainsi, un ralentissement de la demande globale intérieure.
Les dérapages inflationnistes résistent
Les experts de CDG Capital notent par ailleurs la persistance des dérapages inflationnistes, alimentaires et non alimentaires, impactant aussi bien la composante globale que sous-jacente. Ce qui laisse présager, ainsi, une durabilité de l’inflation pour le prochain exercice 2023, principalement sur la base d’un effet psychologique d’anticipation par les opérateurs et les ménages. Et ce n’est pas tout.
Le prochain Conseil de Bank Al-Maghrib intervient dans un contexte de perspectives favorables pour la croissance économique en 2023, sur la base de l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne 2022-2023 avec une production céréalière autour de 75 millions de quintaux. Tenant compte de l’ensemble de ces évolutions et perspectives, ainsi que de la nouvelle stratégie de resserrement de la politique monétaire annoncée par Bank Al-Maghrib lors du dernier Conseil, CDG Capital Insight table ainsi sur une nouvelle augmentation du taux directeur de 50 Pbs à 2,50%. Selon l’étude, la poursuite du rétrécissement de la politique monétaire à travers de nouvelles hausses du taux directeur aura des avantages, mais aussi des inconvénients. Pour les avantages, il s’agit de l’ancrage des anticipations d’inflation des ménages et d’un retour plus rapide vers l’objectif de stabilité des prix. S’ajoutent à cela l’amélioration des taux créditeurs bancaires et des rendements obligataires ainsi que la baisse sensible de la composante liquide de la masse monétaire en circulation et des dépôts à vue en faveur de l’épargne. Pour ce qui est des inconvénients, l’étude cite le rétrécissement des conditions de financement, le ralentissement des crédits et l’affaiblissement de la croissance économique. De même, cela devrait entraîner un renchérissement du coût de financement du Trésor et des entreprises et établissements publics ainsi qu’une pression à la baisse des cours boursiers.
>> Lire aussi : Pourquoi Fitch s’attend à une forte hausse du taux directeur à 3%
>> Lire aussi : Crédit : pourquoi les banques n'ont pas relevé leurs taux