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Samedi 18 Mai 2024
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Textile-habillement : les 4 chantiers pour un repositionnement du secteur

Le textile-habillement marocain est promis à de belles années de croissance. Le secteur devrait en effet s’assurer un nouveau positionnement sur la carte mondiale du textile en profitant et en s’adaptant aux nouvelles tendances de consommation qui se dessinent notamment en Europe. Du côté des industriels comme du département de tutelle, la détermination est le mot d’ordre afin de diversifier les marchés en misant sur de nouveaux comme l’Amérique et l’Europe du Nord et en profitant du retour au principe du sourcing du prochain port.

Textile-habillement : les 4 chantiers pour un repositionnement du secteur
La task-force de l’Industrie a retenu, à date d’aujourd’hui, 94 projets d’investissement, pesant pour plus de 2,93 milliards de dirhams.

La task-force dédiée à l’accompagnement des projets d’investissement dans le secteur du textile-habillement attise l’intérêt des opérateurs locaux et des capitaux étrangers. Cette structure, relevant du département de l’Industrie, a retenu à date d’aujourd’hui 94 projets pesant plus de 2,93 milliards de dirhams. Leur mise sur rail devrait ainsi générer quelque 10.873 emplois supplémentaires dans le secteur et un chiffre d’affaires local de 2,78 milliards de dirhams, en plus d’un CA à l’export additionnel de 3,36 milliards. Le fast fashion arrive en tête des branches attirant ces investissements (41%), suivi du textile à usage technique (36%) et d’autres filières dont le vinyle, la maille et le textile de maison. Sans surprise, la répartition régionale de ces projets fait ressortir Casablanca en première position, devant Rabat, Salé, Kénitra et Settat. «La task-force, dont la mission est l’accompagnement des projets d’investissements en amont et en aval du secteur, suscite un engouement sans précédent chez les investisseurs locaux, mais aussi auprès des capitaux étrangers qui souhaitent surtout investir dans l’amont de la filière», relève Rachid Bahi qui représentait le département de l’Industrie lors d’une table ronde virtuelle organisée le 9 février par la CGEM en partenariat avec l’Association marocaine du textile et de l’habillement (Amith) autour du thème «Textile : passer de la fabrication à l'industrie durable».

Pour les cinq prochaines années, la task-force du ministère entend accompagner le secteur à travers quatre chantiers stratégiques. D’abord, le renforcement de l’accès des entreprises locales à la commande publique. Ensuite, la diversification des donneurs d’ordre en multipliant les missions de prospection sur de nouveaux marchés comme l’Amérique et l’Europe du Nord. Puis, l’assistance technique des projets d’investissement et enfin la normalisation. Ces différents paramètres devraient permettre au Maroc de s’assurer un nouveau positionnement sur la carte mondiale du textile et profiter des opportunités qu’offre le processus de reconfiguration des chaînes de valeurs mondiales suite à la crise sanitaire.

La décarbonation, tout sauf un luxe !

Pour le président de l’Amith, Mohamed Boubouh, le secteur a de nouveaux défis à relever notamment la décarbonation et la diversification des marchés. «Je pense que le processus de décarbonation de l’industrie textile constitue une nécessité et non pas un luxe. D’ailleurs, l’ensemble des marques avec qui nous travaillons aujourd’hui insiste beaucoup sur cet aspect. Notre secteur doit absolument suivre cette tendance», souligne l’opérateur. Boubouh rappelle, en outre, que la diversification des marchés figure en bonne place dans la nouvelle stratégie de développement du secteur à l’horizon 2035. «Nous sommes tous conscients aujourd’hui de la nécessité de diversifier les marchés et cibler de nouveaux autres à l’instar de l’Europe du Nord et les États-Unis avec qui nous avons un accord de libre-échange», conclut le patron de l’Amith.

Export : Le secteur retrouve sa vigueur de 2019

Après une année 2020 difficile suite au déclenchement de la crise sanitaire, le secteur du textile-habillement devrait engranger en 2021 des performances à l’export similaire à celles de 2019. En attendant la confirmation par les chiffres définitifs (+24,8% pour les vêtements confectionnés et +29,5% pour les articles de bonneterie selon les données provisoires de l'Office des changes), le secteur aurait ainsi profité du redressement de la demande notamment au niveau de ses marchés classiques notamment l’Espagne et la France. «Je pense que derrière ces performances, nous assistons à une recomposition de la demande en habillement à l’échelle mondiale.

En Europe, où se concentrent nos principaux donneurs d’ordre, nous constatons un retour au fameux principe du sourcing de prochain port», explique pour sa part Hicham M'ghirbi, directeur général du groupe Filmod qui prenait part à la table ronde. Selon lui, cette nouvelle tendance est le corollaire de plusieurs facteurs notamment le manque de visibilité et la vulnérabilité par rapport à des chaînes d’approvisionnement reculées. À cela, s’ajoute également la montée de l’éco-responsabilité qui fait que les consommateurs sont de plus en plus regardant quant à l'empreinte carbone liée aux produits textiles venant de pays lointains. «Je pense que le prochain port veut dire pour le marché européen, le bassin euro-méditerranéen avec des pays comme le Maroc, la Tunisie et la Turquie. Ce retour au prochain port est donc une opportunité pour nous puisque 80% de nos exportations vont à l’Europe», détaille M’ghirbi.

Le patron indique, par ailleurs, que l’industrie textile marocaine devra convertir en opportunités toutes ces nouvelles tendances de consommation sur les marchés à l’export. «Par exemple, le pays pourrait profiter des opportunités offertes dans le recyclage du textile surtout quand on sait que certaines directives européennes interdisent désormais la destruction des stocks des invendus», explique l’opérateur.




 

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