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Jeûne des enfants : l’âge et la santé physique et morale à prendre en compte

Certains parents essayent par tous les moyens d’habituer leurs enfants au jeûne même s’ils n’ont pas encore atteint l’âge de la puberté. Une pratique qui, sur le plan purement médical, doit être soumise à un certain nombre de règles afin d’éviter des risques comme l’hypotension artérielle et la déshydratation. Les conseils de Dr Laila Tami, pédiatre.

Jeûne des enfants : l’âge et la santé physique et morale à prendre en compte
Il ne faut absolument pas obliger l’enfant à jeûner, ni le comparer à d’autres enfants du même âge. Ph: MAP.

Les enfants sont normalement dispensés du jeûne jusqu’à leur puberté, mais certains parents les y invitent bien avant. Ils les poussent à jeûner pendant les week-ends ou encore pendant des journées bien précises, comme le 10e, le 15e encore le 26e jour de ce mois sacré, soit une journée avant la célébration de la Nuit du Destin (Laylat Al-Qadr). Cette pratique est répandue dans tous les pays musulmans et permet aux parents d’enraciner le credo islamique dans l’esprit de l’enfant. Or sur le plan purement médical, «elle doit être soumise à certaines règles», alerte Dr Laila Tami, pédiatre. Contactée par «Le Matin», celle-ci précise que le jeûne chez l’enfant dépend de plusieurs facteurs, entre autres, l’âge et la santé physique et morale.

«Le jeûne est déconseillé chez l’enfant de moins 10 ans, car cela pourrait affecter sa croissance», souligne-t-elle. Et de souligner, en revanche, que les enfants de plus de 10 ans pourront commencer à jeûner progressivement en prenant certaines précautions. Sur ce volet, Laila Tami indique ainsi que les parents doivent d’abord s’assurer de l’état de santé de leur enfant avant de lui permettre le jeûne. «Ils doivent aussi fixer préalablement avec l’enfant, soit des jours précis, soit des heures de jeûne, partant du principe qu’il n’est pas obligé de terminer sa journée de jeûne», explique-t-elle, avant de préciser que l’enfant peut aussi s’abstenir de manger seulement tout en continuant à boire de l’eau pour éviter la déshydratation de son corps.

Une précision d’importance : L’enfant ne doit pas faire des efforts lorsqu’il jeûne et les parents doivent faire attention à lui et le garder sous contrôle. «S’ils se rendent compte qu’il devient fatigué ou incapable de continuer tranquillement sa journée, ils doivent absolument le pousser à arrêter immédiatement le jeûne tout en lui expliquant les causes», alerte-t-elle.

Des contre-indications à prendre en considération

«Il faut prendre en considération les contre-indications du jeûne d’où la nécessité de faire une consultation chez le médecin-pédiatre», recommande Laila Tami. À cet effet, la spécialiste indique que «l’enfant ne doit pas jeûner s’il a un diabète, une gastrite, une néphropathie, une cardiopathie, un déficit immunitaire, une maladie cancérologique ou encore une anémie grave».

Autre point important, et non des moindres : Il ne faut absolument pas obliger l’enfant à jeûner, ni le comparer à d’autres enfants du même âge. «Chaque enfant est unique. Il a ses propres capacités qui font qu’il peut ou non supporter le jeûne pendant toute une journée du Ramadan», souligne Dr Laila Tami. Celle-ci invite aussi les parents à prendre en considération les effets néfastes que le jeûne pourrait avoir sur l’état de santé de l’enfant comme la déshydratation du corps et l’hypotension artérielle. D’où la nécessité, ajoute-t-elle, de veiller à un apport alimentaire équilibré permettant à l’enfant de prendre tous les aliments et les nutriments essentiels nécessaires à sa croissance. Elle recommande, à cet égard, que l’alimentation comprenne les minéraux et les vitamines telles que la vitamine A, le B6, le calcium, le fer, le Zinc ainsi que le magnésium et le potassium.

Il est conseillé aussi, précise-t-elle, que l’enfant obtienne les calories nécessaires à son développement pour que le jeûne du Ramadan ne soit pas une raison du manque d’énergie essentielle pour l’enfant. À propos des liquides, Dr Tami estime que l’enfant doit boire au moins 1,5 litre d’eau après les heures de jeûne pour prévenir la déshydratation, la constipation et les infections urinaires. «Il faut aussi éviter les jus industriels, riches en suce, et de les remplacer par des jus naturels tels que les oranges et les carottes puisqu’ils sont riches en vitamines et en minéraux», note-t-elle. Dr Tami ne manque pas de rappeler l’importance du repas du S'hour, en particulier chez les jeunes qui désirent jeûner. Elle recommande ainsi de le retarder au maximum et de le prendre peu avant l’aube. Ce repas, explique-t-elle, est censé donner à l'enfant l'énergie nécessaire pour l'aider à supporter le jeûne.

Soulignons, par ailleurs, qu’il est important d’initier l’enfant au jeûne dès le jeune âge, mais encore faut-il lui faire aimer cette pratique tout en lui expliquant ses raisons et son importance dans notre religion.

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