Le Matin : Le Congrès mondial de psycho - thérapie se tient pour la première fois au Maroc. Parlez-nous de l’importance de cet événement ?
Pr Driss Moussaoui : Le Congrès mondial de psychothérapie est un événement de grande envergure organisé par la Fédération inter - nationale de psychothérapie, dont le premier président est Carl Jung, un des deux grands fondateurs de la psychanalyse. La 23e édition a lieu, en effet, à Casablanca du 9 au 11 février. Il faut savoir que depuis 1934, date de création de la Fédération internationale de psychothérapie, c’est la première fois que ce congrès se tient dans un pays africain ou arabe. C’est un événement très attendu, notamment par les professionnels de la santé mentale, psychiatres et psychothérapeutes marocains. Ces derniers parcourent le monde pour aller à la source du savoir et de la pratique psychothérapique afin de découvrir les dernières avancées et innovations dans ce domaine et cela leur coûte beaucoup d’argent. Là, c’est le Congrès mondial de psychothérapie qui se déplace vers eux.
Quels sont les objectifs de ce congrès et quelles sont vos attentes ?
Ce congrès a pour objectif de démontrer l’importance de la psychothérapie en partageant notamment des exemples réussis de la pratique quotidienne dans tous les contextes cliniques à travers le monde. En effet, la pandémie de la Covid-19, qui a duré plus de deux ans, nous a montré la nécessité d’aborder les difficultés et les troubles de santé mentale, y compris avec des outils psychothérapeutiques. Aujourd’hui, après les difficultés dues à la pandémie, c’est la première fois que des psychothérapeutes de 45 pays différents, originaires des 5 continents, se retrouvent pour apprendre sur les nouveautés dans le domaine de la psychothérapie et échanger leurs expériences.
Parlez-nous du programme de ce conclave ?
Nous avons un programme scientifique de grande richesse et les meilleurs spécialistes du monde seront là pour animer les séances. Nous avons ainsi prévu 14 tables rondes et 17 séances plénières où des experts de haut niveau débattront de sujets d’actualité. Les participants discuteront des défis actuels de la psychothérapie dans le monde, des innovations dans notre domaine et des voies qu’il reste à découvrir. Par ailleurs, sept cours d’une demi-journée au profit des étudiants en médecine, des cliniciens et des stagiaires en début de carrière sont également au programme pour les aider à améliorer leurs compétences cliniques. Certaines séances seront aussi dédiées aux familles des patients. Des expositions d’art seront organisées en marge du Congrès.
Le Congrès sera marqué par la signature du «Casablanca Proclamation on Psychotherapy», de quoi s’agit-il exactement ?Cette proclamation (le terme en anglais, la langue officielle du Congrès, a un sens légèrement différent qu’en français) est une première historique dans le domaine de la psychothérapie. Le thème du Congrès insiste sur l’importance de la santé publique en psychothérapie. Ce n’est plus seulement un acte entre une per - sonne souffrante, parfois un couple ou un petit groupe, et le ou la psychothérapeute, c’est une affaire qui doit de plus en plus impliquer la famille, le milieu professionnel et social et la société dans son ensemble. Le pourcentage de personnes souffrant de troubles mentaux dans toutes les sociétés – et la société marocaine ne fait pas exception – est important. L’état de santé de ces personnes s’est aggravé en période de Covid-19. L’accès aux soins des personnes ayant besoin d’une aide thérapeutique doit être ouvert à tous. Y compris la psychothérapie. Ceci est particulièrement vrai pour les personnes en milieu rural, ce qui re - présente 40 à 45% de la population mondiale. Cette proclamation sera signée par les présidents des sociétés savantes les plus anciennes et les plus importantes dans le monde : l’Association mondiale de psychiatrie, l’Association mondiale de psychiatrie sociale, la Fédération mondiale pour la santé mentale et la Fédération internationale de psychothérapie que j’ai l’honneur de présider depuis 2018. D’autres grandes associations se joindront par la suite pour signer cette proclamation. Durant cette signature qui aura lieu à la séance d’ouverture du Congrès le 9 février à 17 h, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sera représentée en tant qu’observatrice par la personne en charge de la Santé mentale au siège de l’OMS à Genève.