Depuis sa dernière exposition individuelle il y a plus d’une dizaine d’années, Abdelmalek Berhiss est invité par la Galerie Tindouf à Marrakech pour présenter ses nouvelles créations, connues pour être issues d'un monde onirique et fantastique avec une remarquable finesse. Reconnu comme un des pionniers des artistes souiris, Abdelmalek Berhiss a expérimenté différents médiums et divers matériaux avant de se consacrer à la peinture. Ainsi, à travers des œuvres d’une grande force visuelle, les scènes féeriques de ses compositions puisent leurs racines dans les légendes ancestrales et ses origines culturelles marocaines.
Cet univers onirique met en scène une abondante iconographie élaborée à partir de formes zoomorphes ainsi que de motifs et autres symboles colorés. «La peinture de Abdelmalek Berhiss s’inspire de multiples influences et de techniques séculaires, telles que les gravures rupestres de l’Atlas ou encore le pointillisme, procédé primitif utilisé notamment par les tribus aborigènes d’Australie. Ses compositions, caractérisées par la douceur et la rondeur du trait, par la mélodie répétitive du geste, sont les manifestations d’un imaginaire débridé et musical utilisé pour envoûter le spectateur».
Selon l’écrivain et critique Abdelhak Najib, «ses peintures sont parfois tendres par leurs tons pastel et la douceur des courbes du dessin ; parfois, formes lisses et couleurs vivantes rappellent la rudesse de la vie dans cette région aride peuplée de chimères inquiétantes. Certains tableaux font d’ailleurs penser aux gravures rupestres, comme celles des aborigènes d’Australie, qui peuvent être rapprochées des créations contemporaines comme les “Nanas” de Niki de Saint Phalle.
L’artiste a aussi choisi de peindre des racines dont les formes complexes guident son imagination vers ces grouillements de reptiles et de serpents qui lui sont familiers…» La technique de Brhiss à la fois épurée et précise, proche du pointillisme dans ses tableaux, traduit un travail minutieux et propose un univers fantasmagorique où apparaissent des créatures chimériques, un bestiaire onirique qui semblent lentement émerger des civilisations lointaines pour envoûter le spectateur.
Ses œuvres, marquées par la douceur et la rondeur du trait, sont des manifestations d’un imaginaire débridé, musical qui puise aussi ses racines dans les légendes ancestrales et les origines culturelles marocaines du peintre. L’écrivain Tahar Ben Jelloun qualifie l’expression de Berhiss de manifeste. «Il tente de nous emmener avec lui dans ses descentes magiques, dans ses itinérances non balisées, dans ses aventures où il s’abandonne et où il nous laisse médusés, fascinés et éblouis en même temps. Nous sommes face à un infini irrésolu. Le retour du même dans un changement perpétuel. À travers ces images peintes comme on fait dans une broderie, nous nous trouvons captifs de mouvements lancinants qui finissent par nous faire poser des questions».
BiographieNé en 1971 dans un village aux environs d’Essaouira, Abdelmalek Berhiss se met à la peinture très jeune et entre à la galerie Damgaard alors qu’il n’avait que 19 ans. Autodidacte, il s’essaie à différents médiums et matériaux, comme la peinture et la sculpture.Son travail a été présenté à plusieurs reprises à l’occasion d’expositions à la galerie d’art Frédéric Damgaard au Maroc (1990, 1992, 1995, 2004), à la Biennale internationale de Casablanca (2014 et 2016) et à la Biennale de Marrakech en 2016. Puis dans d’autres manifestations comme «Berhiss et les artistes souiris à l'Institut français de Tanger» (2022), Outsiders/Insiders (2021) et Écritures ésotériques (2018) au MACAAL, Marrakech et Artistas Singulares Marroquies au Museo Sa Bassa Blanca, Majorque (2014). Mais, ses œuvres ont aussi voyagé à l’étranger, notamment en Allemagne (Musée de Wuppertal), en Suisse (au Musée de l’art et de la culture d’Amérique), ou encore au Portugal et en France.