L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a présenté, en avril, le Répertoire de données sur les inégalités en santé dans le monde (Health Inequality Data Repository). Il s’agit du recueil mondial le plus complet accessible au public de données ventilées et d’éléments probants sur la santé de la population et ses déterminants, souligne l'institution. «Ce répertoire permet de suivre les inégalités en matière de santé entre les groupes de population et au fil du temps, en ventilant les données selon certaines caractéristiques des groupes, depuis le niveau de scolarité jusqu’à l’origine ethnique», indique l’OMS dans un communiqué.
Il ressort des données figurant dans le répertoire qu’en dix ans à peine, l’écart entre riches et pauvres a presque diminué de moitié en ce qui concerne la couverture des services de santé chez les femmes, les nouveau-nés et les enfants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Ces chiffres montrent, en outre, que dans ces pays, on aiderait à sauver la vie de 1,8 million d’enfants en éliminant les inégalités liées au niveau de richesse pour la mortalité des enfants de moins de cinq ans. «La capacité d’orienter les services vers les personnes qui en ont le plus besoin est essentielle pour faire progresser l’équité en santé et améliorer la vie des populations. Conçu comme un guichet unique pour les données sur les inégalités en matière de santé, le Répertoire nous aidera à aller au-delà du simple dénombrement des naissances et des décès, de façon à ventiler les données sanitaires par sexe, âge, niveau d’éducation, région et plus encore», a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. «Si nous sommes réellement déterminés à n’oublier personne, nous devons trouver qui sont les laissés pour compte».
L'offre de soins est plus étoffée sur l'axe Casablanca-Rabat
Contactée par nos soins, Dre Maryam Bigdeli, représentante de l’OMS au Maroc, affirme qu’on constate également de nombreuses inégalités en matière de santé au niveau national. «Certes, depuis quelques années, il y a eu énormément de progrès dans les indicateurs de santé au Maroc, comme l'espérance de vie à la naissance, le taux de mortalité maternelle ou le taux de mortalité infantile qui ont connu des améliorations notables. Mais si on décortique ces améliorations, on va trouver des inégalités importantes, entre le milieu rural et le milieu urbain par exemple. L'offre de soins est bien plus étoffée dans les villes en particulier sur l'axe de Casablanca et Rabat que dans d’autres régions du pays, plus enclavées», explique Dr Bigdeli. Cette dernière indique qu’il existe également des inégalités liées à la pauvreté. «Lorsqu’on sait que près de 45% des ménages ont Maroc paient encore pour les soins de santé de leurs poches, il est clair que ce sont les familles les plus pauvres qui seront les plus affectées lorsqu’elles auront besoin d'accéder aux soins de santé. Et enfin, il y a bien entendu des inégalités liées au genre qui peuvent influencer l'accès des femmes aux soins par rapport à leurs besoins spécifiques», souligne la représentante de l’OMS.
Dr Maryam Bigdeli, précise, par ailleurs, que la stratégie de coopération entre le Maroc et l'OMS 2023-2027 tient compte du travail sur les inégalités en matière de santé. «Cela est au cœur même de notre travail. Dans tous les axes de la stratégie de coopération, nous nous fixons l’objectif de ne laisser personne pour compte et de s'assurer que l'offre de soins couvre le territoire national en quantité suffisante et une bonne qualité pour que les personnes les plus vulnérables puissent y accéder et qu'elles puissent être couvertes», indique-t-elle. Et d’ajouter que «l’OMS et le ministère de la Santé vont également travailler sur les aspects multi-sectoriels au niveau des déterminants de la santé, c'est-à-dire l'accès à l'éducation, au logement, aux transports, aux divers moyens de subsistance et à une nourriture saine et équilibrée tout au long de la vie, de manière à ce que ces déterminants puissent agir en amont pour que la santé de la population s'améliore, y compris pour les populations les plus défavorisées».*********************Améliorer l'accès aux soins : les recommandations de l’OMS
En présentant le Répertoire des données sur les inégalités en santé, l’OMS appelle les pays à adopter un suivi systématique de ces inégalités, à rendre publiques les données ventilées, à en élargir la collecte et à accroître les capacités d’analyse et d’information. «Il conviendrait de réaliser régulièrement des analyses des inégalités au niveau mondial, national et infranational, en intégrant le suivi des inégalités en matière de santé aux objectifs, aux indicateurs et aux cibles mondiaux et nationaux, ainsi qu’aux évaluations des résultats sanitaires. L’OMS s’engage à travailler avec les pays et les partenaires pour mettre à jour cette ressource et l’élargir chaque année», souligne l’Organisation dans un communiqué.
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