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Généralisation de l'anglais au collège : le Maroc a besoin de 5.000 licenciés en anglais par an

Au Maroc, l'heure est à la généralisation de l'enseignement de l'anglais au collège. Dès la prochaine année scolaire, la langue de Shakespeare sera enseignée aux collégiens avec un taux de couverture de 10% pour la première année secondaire et de 50% pour la deuxième année. Ce chantier, qui répond aux objectifs de la loi-cadre 51-17 et de la feuille de route 2022-2026 pour la réforme du système éducatif, renvoie néanmoins aux besoins en ressources humaines nécessaires à son déploiement. Avons-nous suffisamment d'enseignants qualifiés pour dispenser l'enseignement de l'anglais dans ces proportions ? Selon l'ancien ministre de l'Éducation nationale, Saïd Amzazi, «on doit être à pas moins de 5.000 licenciés en anglais par an» pour que soit mené à bien ce plan.

Généralisation de l'anglais au collège : le Maroc a besoin de 5.000 licenciés en anglais par an

La décision de généraliser l'enseignement de l'anglais au niveau des collèges est actée. Le ministre de l'Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa, en a fait part dans une circulaire destinée aux différents responsables de son département, aux directeurs des établissements de l'enseignement collégial et aux enseignants de la langue anglaise. Le document détaille le dispositif de mise en œuvre de ce chantier qui sera déployé à partir de la prochaine rentrée scolaire.

À partir de l'année scolaire 2023-2024, l'enseignement de la langue anglaise sera dispensé aux élèves avec un taux de couverture de 10% pour la première année du collège et de 50% pour la deuxième année. Puis il sera étendu, à partir de l’année scolaire 2023-2025, pour atteindre un taux de couverture de 50% pour la première année et de 100% pour la deuxième année. Et dès l'année scolaire 2025-2026, l’enseignement de l'anglais sera généralisé à tous les niveaux du collège.

Et pour réussir ce chantier, une commission centrale de pilotage et de suivi, présidée par le secrétaire général du ministère et composée des responsables des directions centrales concernées, sera mise en place, lit-on dans la circulaire. Cette commission sera accompagnée par d’autres commissions régionales qui seront sous la supervision directe des directeurs des Académies régionales d'éducation et de formation (AREF). Le programme de généralisation de l'enseignement de l'anglais sera élaboré avec la participation des AREF, des acteurs éducatifs et des partenaires internationaux du ministère, avec à la clé un kit pédagogique et un dispositif de formation et d'accompagnement pour les enseignants.

La capacité de recrutement des ressources humaines déterminera la vitesse de la généralisation de l'anglais au collège 

La généralisation de l'anglais au niveau du collège, qui répond à la fois à une demande populaire, exprimée notamment par les jeunes Marocains (comme l’indique le rapport intitulé «Shift to English in Morocco» du British Council), et aux objectifs de la loi-cadre 51-17 relatifs à l'adoption du plurilinguisme et de l'alternance linguistique, nécessite néanmoins des ressources humaines pour son accomplissement.

D’après l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Saïd Amzazi, «c’est la capacité et les possibilités de recrutement des ressources humaines qualifiées en anglais qui détermineront la vitesse de déploiement de cette discipline au niveau des premières années du collège».

L'ancien responsable gouvernemental, qui dit adhérer entièrement au contenu de la note circulaire du MEN et se réjouit que ce projet continue à être priorisé par le ministère, souligne dans une déclaration au «Matin» que, pour assurer la réussite de celui-ci, «on doit être à pas moins de 5.000 licenciés par an en anglais ! Il faut juste pouvoir en recruter les plus méritants et les qualifier dans les CRMEF (Centre régionaux des métiers de l'éducation et de la formation) en tant que cadres des AREF». Chiffre qui reste à portée de main, étant donné, comme l’indique M. Amzazi, «le fort engouement qu’il y a aujourd’hui pour la filière des études anglaises au niveau des facultés des lettres, à tel point que certaines facultés en font une filière sélective : admission après test écrit».

Et l’ancien ministre de rappeler que «l’anglais était généralisé au niveau du lycée qualifiant en tant que langue enseignée et seulement dispensé à hauteur de 50 à 60% au niveau de la troisième année du collège». «Je devais donc en faire une langue généralisée au niveau de la troisième année du collège avant de la dispenser au niveau des première et deuxième années du collège», note-t-il, ajoutant que «comme aujourd’hui on est arrivé à 100% d’anglais au niveau de la troisième année du collège, je pense que le ministère pourra mener favorablement ce projet au niveau des première et deuxième années du collège».

Priorité à la généralisation de la filière de licence en sciences de l'éducation, spécialité langue anglaise dans toutes les universités

L'ancien secrétaire d'État chargé de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Khalid Samadi, affirme, lui aussi, que la réussite de ce projet de généralisation de l'enseignement de l'anglais dépend avant tout de la disponibilité des moyens humains. M. Samadi fait observer que «la filière de licence en sciences de l'éducation, spécialité langue anglaise, n'est pas encore généralisée à l'ensemble des établissements de formation, compte tenu du déficit important d'enseignants-chercheurs spécialisés dans la pédagogie et la didactique de la langue anglaise et il en va de même pour les CRMEF, où les cadres des AREF suivent leur formation pratique». Aussi, M. Samadi reproche-t-il, dans un post sur sa page Facebook, au ministère de ne pas tenir compte des universités, dont le rôle, selon lui, est décisif pour la réussite de ce projet.

L'ancien secrétaire d'État fait également remarquer que le projet de généralisation de l'enseignement de l'anglais dans les collèges ne repose pas sur une évaluation de l'enseignement de cette langue au niveau secondaire qualifiant afin de déterminer les points forts et les points faibles et d'assurer ainsi les conditions de réussite pour la prochaine phase. Étant un choix stratégique à moyen terme pour le Royaume, ce projet doit être rondement mené pour aboutir, estime M. Samadi. Pour ce faire, il doit être «couplé à une approche globale et intégrée, sans précipitation», conclut-il.

Lire aussi : Le Maroc généralise l'enseignement de l'anglais dans les collèges

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