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Les banques confirment leur résilience (BAM)

En raison de l’impact des nouvelles conditions de taux sur la valorisation comptable de son portefeuille de titres, le système bancaire a enregistré un recul de son résultat sur base sociale de 13% en 2022. Néanmoins, grâce aux performances des activités opérées à l’étranger, le résultat consolidé des 11 groupes bancaires s’est amélioré de 15,5%. Et en dépit d’un niveau significatif des créances en souffrance, les banques ont pu préserver leur résilience, avec de solides ratios de solvabilité et de fonds propres, indique le rapport annuel 2022 de Bank Al-Maghrib sur la supervision bancaire.

Les banques confirment leur résilience (BAM)

Dans un environnement marqué par une hausse des taux monétaires et obligataires, les résultats dégagés par le système bancaire se sont repliés de 13% en 2022 sur base sociale à 10,5 milliards de DH. Une évolution qui reflète l’impact des nouvelles conditions de taux sur la valorisation des portefeuilles de titres détenus par les banques. Néanmoins, et grâce aux bonnes performances réalisées par les activités des implantations de certaines banques à l’étranger, le résultat cumulé des 11 groupes bancaires s’est amélioré de 15,5% à 14 milliards de DH. C’est l’un des principaux constats du rapport annuel 2022 sur la supervision bancaire publié le 24 juillet. Ce rapport a été présenté hier à Casablanca par Hiba Zahoui, directrice de la Supervision bancaire à Bank Al Maghrib.

>>Lire aussi : Le secteur financier marocain résilient malgré un contexte macroéconomique perturbé

Rappelons que la Banque centrale a augmenté son taux directeur à deux reprises en 2022, puis une troisième fois en mars 2023, soit au total un relèvement de 150 pb à 3%, et ce afin de favoriser le retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. En dépit de ce resserrement monétaire, l’encours brut des crédits a augmenté de 6,5% à 1.060 milliards de DH, contre une hausse de 2,7% en 2021. Cette performance est tirée par l’augmentation des besoins de financement des entreprises induits par le renchérissement des prix des produits énergétiques et des matières premières. D’ailleurs, les prêts accordés par les banques aux entreprises privées ont progressé de 10,1%, dopés par les crédits de trésorerie (+16,9%), tandis que les crédits aux ménages ont décéléré à +2%.

Rapporté au PIB, l’encours global des crédits s’est établi à 80%, soit 2 points en plus par rapport à 2021, en relation avec le ralentissement du PIB enregistré en 2022. L’année dernière a été également marquée par une bonne tenue de la collecte des dépôts qui ont bondi de 6,9% à 1.126 milliards de DH, après +5,3% en 2021, tirée par leur composante à vue. S’agissant des créances en souffrance, leur progression a connu une nouvelle décélération, le taux de risque ayant, en conséquence, baissé de 0,2 point de pourcentage à 8,4% sur base sociale et 0,4 point à 9,4% sur base consolidée.

Bank Al-Maghrib a invité les banques à maintenir la prudence en matière de distribution de dividendes

Face à un niveau qui reste significatif des créances en souffrance, les banques ont continué à renforcer leurs fonds propres. Ainsi, les banques ont pu préserver leur résilience, avec des ratios moyens de solvabilité et de fonds propres de catégorie 1 s’établissant à 15,6 et 12,4% respectivement sur base sociale et à 13,4 et 11,2% sur base consolidée. Pour renforcer cette résilience, Bank Al-Maghrib a invité les banques à maintenir la prudence en matière de distribution de dividendes et de lui soumettre les éléments de confort nécessaires à cet égard à travers la réalisation de projections de leur solvabilité selon divers scénarii.

À noter qu’en complément du ratio de solvabilité, Bank Al-Maghrib a introduit en 2021 le ratio réglementaire de levier, qui rapporte le volume des fonds propres de catégorie 1 des banques à la somme de leurs expositions bilan et hors-bilan. Le ratio minimum est fixé, sur base sociale et consolidée, à 3% aligné avec les standards internationaux. «Le ratio de levier moyen du secteur bancaire s’est situé en moyenne à 7,41% à fin 2022, quasi stable par rapport à fin 2021, reflétant un faible recours au levier par les banques marocaines», est-il indiqué.

De même, après l’entrée en vigueur de la circulaire de Bank Al-Maghrib relative à la mesure du risque de taux d’intérêt inhérent au portefeuille bancaire «IRRBB36» en mars 2021, les banques mesurent la sensibilité de la valeur économique de leurs fonds propres sous six scénarii de stress tests réglementaires, dont les courbes de taux actuarielles et l’ampleur des chocs des taux d’intérêt sont différenciées par devise.

La variation de la valeur économique des fonds propres induite par un mouvement de taux d’intérêt ne doit pas dépasser un seuil maximum de 20% des fonds propres de catégorie 1 jusqu’à fin 2022. La perte maximale sur la valeur économique des fonds propres moyenne du secteur est de -8,39% à fin 2022 contre -6,62% à fin 2021, inférieure à la limite réglementaire. Globalement, «en matière de supervision prudentielle, la Banque centrale a orienté ses actions de surveillance vers les sources de risque induites par la conjoncture économique, en particulier les risques de crédit, de marché et de taux d’intérêt».

Par ailleurs, pour accompagner les efforts de transition vers une économie verte et durable, Bank Al-Maghrib a mené avec l’appui de la Banque mondiale un exercice d’évaluation des risques susceptibles d’impacter les institutions bancaires du fait du changement climatique. Sur le volet de la surveillance de l’intégrité financière, BAM a poursuivi sa contribution active à la réalisation de la feuille de route nationale pilotée par l’Autorité nationale du renseignement financier visant la mise en œuvre du plan d’actions arrêté avec le Groupe d’action financière (GAFI). «Ces efforts ont été couronnés par la sortie, début 2023, de notre pays de la liste grise tenue par cet organisme».

Accompagnement de la digitalisation des services financiers

Concernant la digitalisation des services bancaires, BAM a notamment contribué à la mise en place d’un système d’authentification et d’identification en ligne des usagers des services bancaires, édicté une directive régissant le recours au cloud computing par les établissements bancaires et œuvré à catalyser l’usage du paiement mobile à travers la révision des exigences réglementaires assortissant l’enrôlement des commerçants. «Sur ce même registre, le dispositif réglementaire devant encadrer le développement des plateformes de crowdfunding a été parachevé dans la perspective du lancement prochain de nouveaux services de financement désintermédiés au bénéfice de la TPE, des micro-entreprises et des startups», souligne le rapport.

Pour ce qui est de la protection du consommateur des services financiers, une série d’initiatives ont été entreprises aux plans réglementaire, conventionnel, de contrôle et de communication. BAM a notamment édicté une directive relative à l’information des demandeurs de crédit, une autre portant sur la gestion des risques de corruption, ainsi qu’une recommandation incitant les banques à promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation économique des femmes.

Au plan conventionnel, BAM a impulsé l’adoption d’un code éthique interbancaire de recouvrement pré-judiciaire des créances. Elle a en parallèle intensifié les contrôles sur place portant sur l’application de ses directives en matière de clôture de compte, de délivrance des mainlevées sur garantie et de traitement des réclamations.

Soulignons enfin qu’en 2022, le paysage bancaire s’est caractérisé par l’entrée de deux nouveaux acteurs avec l’octroi d’un agrément à une société de financement et à un établissement de paiement et la sortie d’un opérateur du marché des établissements de paiement suite au retrait de son agrément. Ainsi, le nombre d’établissements de crédit et organismes assujettis au contrôle de Bank Al-Maghrib est passé de 89 en 2021 à 90 en 2022. Il s’agit de 19 banques conventionnelles, 5 banques participatives, 29 sociétés de financement, 6 banques offshore, 11 associations de microcrédit, 18 établissements de paiement, la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) et la Société nationale de garantie et du financement de l’entreprise (SNGFE). Sont également soumises au contrôle de Bank Al-Maghrib, 4 fenêtres participatives, dont une spécialisée dans la garantie des financements.

 

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