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Bourse : les actions perdent en attractivité, sauf pour les banques et les mines (Attijari)

Dans un contexte inflationniste, le marché Actions perd en attractivité, affichant une hausse sensible de la prime de risque. Ce marché est en train de marquer une rupture avec ses niveaux de valorisation historiques, enregistrés au cours des 15 dernières années, en raison essentiellement de la tendance haussière des taux au Maroc. Néanmoins, les secteurs Banques et Mines se distinguent grâce à notamment à leur résilience face à l’inflation et à la bonne visibilité de leur croissance bénéficiaire, selon une nouvelle étude d’Attijari Global Research.

Bourse : les actions perdent en attractivité, sauf pour les banques et les mines (Attijari)

La «volatilité» et «l’incertitude» deviennent des composantes structurelles avec lesquelles les investisseurs devraient désormais cohabiter. Particulièrement pour le cas du Maroc, le croisement des tensions géopolitiques, la soutenabilité de l’inflation et le retournement haussier des taux annonceraient un changement de paradigme du marché Actions. Concrètement, il s’agirait de la fin d’une décennie marquée par une grande tolérance à l’égard des niveaux de valorisation élevés des sociétés cotées et le démarrage d’une nouvelle ère où le retour aux fondamentaux prendrait le dessus. C’est ce qu’indiquent les économistes d’Attijari Global Research dans la première édition de l’AGR House View, une note stratégique dédiée aux marchés financiers africains. 

Les évolutions du marché boursier marocain 

Pour cette édition de lancement (mois de janvier), AGR s’intéresse aux évolutions du marché boursier marocain ainsi qu’aux différents signaux qui plaideraient en faveur d’un changement de paradigme à compter de 2023. Selon l’étude, les actions perdent en attractivité vis-à-vis des taux. D’ailleurs, depuis février 2022, le marché Actions a entamé une tendance baissière de fond passant d’un plus haut de 13.986 points (pts) à un plus bas de 9.718 pts. L’intensité de la correction se reflète au terme de la première semaine de janvier, durant laquelle l’indice Masi accuse la pire performance hebdomadaire de son histoire de -9,4%. «Les anticipations négatives des investisseurs envers l’évolution du marché Actions ont été révélées par l’AGR Indice de Confiance : après avoir atteint un plus haut historique en octobre 2021 à 67,4 pts, notre indice a enregistré deux baisses significatives, en avril 2022 et en octobre 2022, pour toucher un plus bas de 9 ans à 32,5 pts», est-il précisé.

Pour les économistes d’AGR, la normalisation accélérée des taux dans un contexte inflationniste est le principal facteur à l’origine de la correction du marché boursier. Après une longue période de taux bas (2014-2021) favorable aux Actions, le marché a enregistré en 2022 à un retournement haussier de la courbe obligataire. Une situation qui a quasiment neutralisé les spreads (écarts) de rendement entre les Actions et les BDT-10 ans, passant de 80 points de base (PBS) sur la période 2020- 2022 à moins de 10 PBS en ce début d’année. L’écrasement des spreads de rendement «Actions-BDT» dans un contexte inflationniste s’est traduit, ainsi, par une hausse sensible de la prime de risque envers les Actions. «Alors que les prévisions de croissance des bénéfices agrégés de la cote durant la période 2022-2023 s’élèvent à 6,9% en moyenne annuelle, nous assistons à une forte correction des multiples de valorisation du marché. Ainsi, le P/E (Price-to-Earnings) 23 retombe à 16,6x contre une moyenne normative depuis 2008 de 19,6x. Ce constat atteste que la récente baisse du marché Actions reposerait davantage sur un relèvement des taux d’actualisation appliqués par les investisseurs plutôt que sur une prévision de contraction des profits futurs des sociétés cotées», détaillent les experts.

Hors «Banques & Mines», les prévisions de croissance s’avèrent faibles

Le TCAM des profits de la cote devrait atteindre 6,9% sur 2022-2023, un taux qui, néanmoins, cacherait des disparités sectorielles. En effet, les secteurs Banques & Mines justifient l’essentiel de la croissance bénéficiaire de la cote. D’une part, les banques continuent de bénéficier de la normalisation de leur coût du risque en raison d’un effort de provisionnement important au début de la crise Covid. D’autre part, les minières profitent du contexte inflationniste à travers l’appréciation des cours des métaux et un dollar fort par rapport au dirham. Hors Banques & Mines, la masse bénéficiaire de la cote afficherait un TCAM de -0,6% sur la période étudiée. Ainsi, les économistes d’AGR estiment que le marché Actions est en phase de marquer une rupture avec ses niveaux de valorisation historiques, à savoir un multiple des bénéfices autour des 20,0x au cours des 15 dernières années. Or «tenant compte de nos projections de croissance sur la période 2022-2023 et sous l’hypothèse d’un niveau des taux toujours élevé, nous ressortons avec un P/E fondamental pour le marché Actions de 16,0x», soulignent-ils. En guise de conclusion, l’équipe AGR pense que la récente correction du marché Actions est justifiée en grande partie par la tendance haussière des taux au Maroc. Une situation qui a déclenché une correction des niveaux de valorisation des titres cotés. Si les multiples de valorisation du secteur bancaire semblent déjà normalisés, la faiblesse de la croissance bénéficiaire des secteurs non financiers durant la période 2022-2023 ne semble pas encore être intégrée au niveau des cours. Les répercussions de l’inflation et du ralentissement de la demande ne devraient se faire sentir réellement qu’à partir du quatrième trimestre 2022.

Pour les autres secteurs, AGR préconise la prudence

Dans ce contexte, AGR privilégie les secteurs Banques & Mines dans le cadre d’une stratégie de placement à moyen terme. «Ces derniers présentent une meilleure visibilité en termes de croissance, bénéficient d’une certaine résilience face à l’inflation et affichent des niveaux de valorisation en dessous de notre P/E fondamental cible», est-il indiqué. Concernant les autres secteurs de la cote, les économistes d’AGR préconisent la prudence dans l’attente que le marché intègre les annonces des résultats 2022 et les révisions de la croissance des profits en 2023.

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