Après avoir terminé l’année 2022 sur une perte cumulée de près de 20%, la Bourse de Casablanca a démarré 2023 sur un très fort mouvement baissier : -1,81% mercredi 4 janvier, -3,82% jeudi et -3,22% ce vendredi. En une semaine, le Masi, indice global de la place, a perdu -9,35%. Cette panique n’est pas accompagnée de gros volumes : les transactions sur le marché central ont totalisé une moyenne de 100 MDH quotidiennement. Il n’empêche qu’en 5 jours la capitalisation boursière a perdu 51 milliards de DH. Plusieurs grosses capitalisations sont touchées : banques, assurances, télécoms, agroalimentaire…
Chute de la Bourse : les explications
Les analystes voient clairement en ce mouvement la conséquence du combo relèvement du taux directeur et nouvelles mesures fiscales de la Loi de Finances 2023. En effet, Bank Al-Maghrib a relevé le taux directeur d’un point, passant de 1,50% à 2,50% en l’espace de 3 mois (en septembre et en décembre) pour faire face aux chocs inflationnistes dans un contexte de ralentissement économique. Et de grandes institutions internationales comme Fitch ou Allianz s’attendent à une poursuite du relèvement du coût de l’argent au Maroc en 2023, à un minimum de 2,75% (Allianz), voire 3,50% (Fitch Solutions).
Cette situation induit mécaniquement une hausse des taux sur le marché des bons du Trésor qui devient plus rémunérateur pour les investisseurs. Il augmente également la prime de risque que les investisseurs exigeront sur le marché Actions en termes de rendement. Or la capacité bénéficiaire et les rendements de dividendes des grosses capitalisations de la place seront fortement impactés, à partir de 2023, par les nouvelles mesures fiscales de la Loi de Finances qui vient d’entrer en vigueur. Cette dernière a, notamment, instauré une augmentation progressive jusqu’en 2026 du taux d’IS qui devrait atteindre 35% pour les sociétés réalisant un bénéfice supérieur à 100 MDH, et 40% pour les établissements financiers. A cela s’ajoute la contribution sociale de solidarité qui a été prorogée jusqu’en 2025 et dont le taux atteint 5% pour les entreprises réalisant des bénéfices supérieurs à 40 MDH. Ce qui donnera, à terme, des taux d’imposition oscillant entre 40% et 45% pour les grosses capitalisations, des niveaux très élevés qui rogneront peut-être des bénéfices déjà en berne compte tenu de la situation économique morose que vit le Maroc.
Les prochains jours apporteront certainement des explications plus détaillées sur la situation actuelle et permettront de savoir si cette tendance se poursuivra.
