Nouveau bulletin d'alerte de niveau de vigilance orange concernant une vague de chaleur, émis par la Direction générale de la météorologie (DGM). Celle-ci prévoit en effet des températures maximales devant atteindre jusqu'à 44°C à partir de ce mardi. Une vague de chaleur qui ne sera pas clémente pour la campagne agricole en cours qui, selon les experts, demeure toujours conditionnée aux pluies.
Impact négatif de la canicule et de la rareté des pluies surtout sur les céréales semi-tardives
Selon l'ingénieur agronome spécialisé en irrigation Abderrahim Handouf, «tout excès de chaleur ou de pluviométrie se répercute négativement sur la saison agricole». «Les températures anormales en cette période auront un impact négatif, en particulier sur les céréales semi-tardives, dans la mesure où cette vague de chaleur coïncide avec la période de remplissage des grains. Les fortes températures provoquent l'échaudage des céréales à paille et compromettent donc le rendement», explique cet expert dans une déclaration au «Matin». Un autre impact négatif, souligne l'ingénieur agronome, tient au fait que lorsque les températures augmentent, la demande en eau des cultures s'accroît en conséquence.
Toutefois, note le M. Handouf, la hausse des températures peut également avoir des effets positifs sur certaines cultures, car elle accélère leur cycle de production, comme c'est le cas des cultures maraîchères ou des cultures des pastèques ou des melons, faisant remarquer que le bulletin de la DGM prévoit des températures supérieures à 40°C dans le sud du Haut Atlas, et entre 36 et 38°C dans le nord du Haut Atlas, lesquelles ne constituent pas de très fortes chaleurs.
Il en va de même pour l'ingénieur agronome Abdelmoumen Guenouni, qui indique au «Matin» qu'«en principe, cette vague de chaleur n'aura pas d'impact sur le maraîchage ou l'arboriculture, cultures qui supportent certains degrés de chaleur ou de froid», notant toutefois qu'une forte augmentation de la chaleur peut avoir un certain effet sur quelques cultures se trouvant en phase de floraison ou de pollinisation. Mais pour les grandes cultures telles que les céréales ou les légumineuses, poursuit M. Guenouni, le risque est plus grand, car tout dépend de l'état de la culture à l'heure actuelle et du stade auquel elle est arrivée. «Comme nous le savons, cette année est encore une année de sécheresse, et l'état des terres pluviales non irriguées (dites «bour») est généralement très mauvais, celles-ci étant en proie à un stress hydrique depuis pas mal de temps et la forte chaleur va continuer d'assécher le sol», explique M. Guenouni. Par conséquent, cette vague de chaleur aura un impact sur les grandes cultures qui sont en général des cultures non irriguées, affirme l'ingénieur agronome.
Sécheresse, stress hydrique... la campagne agricole pas très prometteuse
L'actuelle campagne agricole, bien que nettement meilleure que la précédente, reste marquée par la sécheresse et ne s'annonce donc pas très prometteuse, comme le montrent les dernières données disponibles. En effet, au 30 mars 2023, si le cumul des précipitations est en hausse de 15,6% par rapport à la campagne précédente, il est en revanche en baisse de 17,3% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, selon la revue mensuelle de la conjoncture économique, monétaire et financière de Bank Al-Maghrib.
Pour ce qui est du taux de remplissage des barrages, il demeure faible, se situant à 34,3% au 7 avril, contre 33,9% en 2022 et 50,9% en 2021. Cette faible pluviométrie limitera la reprise de la production agricole et devra, par conséquent, se répercuter négativement sur la croissance économique, comme le pronostique Fitch Solutions qui a publié récemment ses dernières prévisions sur les perspectives économiques du Maroc. Selon le spécialiste international du risque crédit et de la macro-intelligence, le PIB du Maroc ne devrait pas dépasser 1,8% cette année.
À rappeler que les projections de Bank Al-Maghrib, élaborées sur la base des données disponibles au 10 mars 2023, prévoient une récolte céréalière autour de 55 millions de quintaux. Ce qui se traduirait par une amélioration de la valeur ajoutée agricole qui, après un recul de 15% en 2022, croîtrait de 1,6% en 2023, avant de s’accélérer de 6,9% en 2024, sous l’hypothèse d’un retour à une production moyenne de 75 millions de quintaux, a indiqué la Banque centrale, à l’issue de la première réunion trimestrielle de son conseil de l'année 2023 tenue le 21 mars dernier.
Par ailleurs, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), l’activité agricole poursuivrait son redressement au rythme de 2,9% au deuxième trimestre 2023, «portée par une amélioration mécanique de la production végétale», après une chute de 17% en 2022. Les récoltes des cultures maraîchères et des rosacés stagneraient, mais celles des céréales et des légumineuses connaîtraient une augmentation sensible, «traduisant un effet de base favorable», note le HCP dans un point de conjoncture publié fin mars.
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