Pour cette rentrée politique et sociale, les formations politiques de l'opposition ont des priorités différentes les unes des autres, même si elles sont du même côté de la barricade. C'est notamment le cas du Parti socialiste unifié, un parti de gauche représentée au Parlement. Approchée par «Le Matin», la secrétaire générale, Nabila Mounib, a mis en avant plusieurs dossiers prioritaires qui guideront l'action de son parti pour la saison qui s’ouvre. La dirigeante de gauche pointe du doigt de nombreux défis qui doivent être relevés par le Maroc s'il veut atteindre le niveau de développement souhaité et instaurer les bases d’une justice sociale qui profite à tous.
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Rentrée politique : Le coût de la vie et les inégalités sociales en première ligne
La cheffe du PSU, Nabila Mounib, identifie plusieurs priorités à aborder dès la rentrée politique. Tout d'abord, elle souligne comme préoccupation majeure la hausse du coût de la vie, notamment la flambée des prix des produits de première nécessité, tels que les fournitures scolaires. Elle déplore aussi les écarts sociaux et territoriaux qui s’aggravent, le chômage des jeunes, ainsi que la question «épineuse» de l'émigration, qui, selon elle, pose de graves problèmes, comme en témoignent les tragédies des jeunes qui tentent de traverser vers l’Europe. Nabila Mounib souligne également la persistance de la violence économique et physique envers les femmes, affirmant que «ce qui se passe au Maroc doit être analysé». Elle insiste sur le fait que le PSU a des solutions alternatives à proposer pour faire face à ces problèmes.
Le PSU dénonce l'influence du FMI et de la Banque mondiale
Fidèle à la ligne de conduite de son parti, Mme Mounib s'oppose catégoriquement à ce qu'elle considère comme une «ouverture économique à tout va». Elle critique vivement le rôle du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, affirmant qu'ils imposent leurs directives au Maroc. Elle pointe du doigt le FMI, qui, selon elle, pousse le Maroc vers davantage de privatisations dans des secteurs clés tels que l'eau, l'énergie, l'électricité, le transport, et elle laisse même entendre que des entreprises telles que l'ONHYM, la MAP, l'ONDA et l'ONCF figurent sur la liste des établissements privatisables.
Elle critique le fait que le Maroc suive scrupuleusement les recommandations du FMI, notamment en ce qui concerne la réforme financière qui vise la libéralisation du dirham, ce qui, selon elle, menace la souveraineté nationale. Nabila Mounib estime que les réformes nécessaires au Maroc doivent s'orienter dans une direction radicalement différente de ce que propose le FMI. Tout en déplorant le retard dans la mise en œuvre de la régionalisation et la persistance des disparités territoriales, la députée de gauche critique également le gouvernement pour sa politique de privatisation dans le secteur de l'éducation. Selon elle, seulement 12% des étudiants accèdent à l'université grâce à l'enseignement public, ce qui favorise le développement des écoles privées. Elle estime que toutes ces actions vont à l'encontre de l'idée d'un État social que le gouvernement prétend promouvoir.
Quelles sont les alternatives prônées par le PSU ?
En interne, le PSU s'engage dans une réflexion visant à élaborer une alternative aux difficultés évoquées. Nabila Mounib annonce que le parti élabore actuellement deux plateformes importantes en préparation du prochain congrès prévu les 20 et 21 octobre prochain. Cette démarche vise à permettre aux militants d'engager un débat démocratique et libre. L'objectif du congrès est de développer une vision globale pour surmonter les difficultés que vit le Maroc, en proposant des alternatives dans les domaines économique, de la protection de l'environnement, de la création d'emplois pour les jeunes, tout en favorisant le développement du Maroc dans l'esprit de l'émancipation en cours en Afrique et en accordant une place de choix à l'unité du Maghreb.
Les deux plateformes en cours d’élaboration au sein du parti portent les noms de «Souveraineté populaire» et «Changement démocratique». À ce sujet, la secrétaire générale du PSU dénonce le fait que son parti n’ait pas bénéficié, depuis les dernières élections, du soutien de l'État, contrairement aux autres formations, comme le recommande pourtant la Constitution, rappelle-t-elle.
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