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Les défis à relever pour renforcer la participation de la femme au développement

Le ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille a organisé, les 10 et 11 février à Rabat, le premier colloque national sur «La femme, la famille et le pari du développement». Cette rencontre a été l’occasion d’ouvrir un large débat entre les acteurs institutionnels et de la société civile dans le but d’identifier et suivre les différents enjeux et défis auxquels fait face le processus de promotion de la condition de la femme et de la famille.

Le Maroc a enregistré des progrès significatifs en matière de respect des droits de la femme et de la famille aux cours des dernières années. Et ce, grâce au soutien de S.M. le Roi Mohammed VI qui place la promotion de la condition de la femme marocaine au centre de sa Vision Stratégique que ce soit sur le plan économique, social ou politique », a souligné Aawatif Hayar, ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, à l’ouverture du premier colloque national sur «La femme, la famille et le pari du développement», qui s’est tenu les 10 et 11 février à Rabat. La ministre a également appelé les différentes parties prenantes à multiplier les efforts en vue de trouver des solutions opérationnelles pour surmonter les problématiques liées à l’exécution des politiques publiques, en particulier celles en rapport avec la participation économique et politique de la femme et la violence fondée sur le genre. Aawatif Hayar a, en outre, fait observer que l’organisation de ce colloque intervient dans un contexte marqué par le lancement de plusieurs chantiers, politiques publiques et programmes visant à promouvoir la condition de la femme marocaine, sous la conduite de S.M. le Roi.

«Le programme gouvernemental prévoit d’augmenter le taux d’activité des femmes à plus de 30% au lieu de 20%, à l’horizon 2026, ainsi que la mise en place d’un plan spécifique de soutien à leur activité économique et de lutte contre la vulnérabilité. Par ailleurs, le ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille a mis en place une série de programmes et de mesures dans le cadre de sa stratégie GISR (Green Innovative Social Regeneration) vers un développement social inclusif, novateur et durable», a indiqué la ministre. Et d’ajouter qu’«il s’agit particulièrement du plan “Maroc de l’autonomisation et du leadership” et le programme “GISR pour l’autonomisation et le leadership” 2022, mené en partenariat avec les Conseils des régions, les wilayas et d’autres partenaires, ainsi que l’activation des engagements du ministère au titre de la déclaration de Marrakech 2020 pour la lutte contre la violence faite aux femmes». Le ministère a également lancé, en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE), une consultation citoyenne sur la participation de la femme au développement. «143.239 personnes ont participé à cette consultation qui a été lancée à travers la plateforme de participation citoyenne du CESE “ouchariko.ma”», a souligné Ahmed Reda Chami, président du CESE lors de son intervention au colloque. Ce dernier a fait savoir que d’après les résultats de cette consultation le nombre de participantes dépasse les 75%, ce qui reflète le grand intérêt accordé par les femmes à cette question.

Changer coûte que coûte les mentalités pour permettre l'épanouissement de la femme 

«Le Conseil relève qu’aucun progrès ne peut être réalisé sans changer les mentalités et lever les restrictions et les barrières culturelles qui entravent la voie vers la promotion du statut de la femme, car construire une société moderne, inclusive et dynamique nécessite de faire face aux stéréotypes, qui dégradent la dignité des femmes», a affirmé le président du CESE. De leur côté, les représentants des différents départements ministériels, qui ont participé au premier panel du colloque consacré aux départements gouvernementaux, ont mis en avant l’importance de promouvoir la place et la condition de la femme au service de la famille et du processus de développement. C’est ainsi que Mustapha Baïtas, ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, a salué la portée novatrice des lois et textes législatifs adoptés par le Maroc en relation avec la famille et la situation de la femme. M. Baïtas a également mis en avant les importantes occasions qu’offre la Charte de l’investissement en matière d’autonomisation et de promotion de la situation des femmes, plaidant pour un développement politique, culturel et sociétal de la femme marocaine.

Élargir la classe moyenne

Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du commerce, a, pour sa part, affirmé que l’objectif d’augmenter le taux d’activité des femmes dans le secteur économique est primordial pour la réalisation d’une relance économique au profit de l’élargissement de la classe moyenne. Par ailleurs, Mezzour a révélé que les compétences travaillant au sein du secteur de l’industrie avoisinent un million de personnes, dont 44% de femmes. Cependant 64% d’entre elles travaillent au sein du secteur du textile et perçoivent des revenus plus bas de 25% par rapports aux hommes et n’occupent que 23% de postes de responsabilité. «Le rééquilibrage de ces chiffres constitue l’un des défis à surmonter pour la promotion de la situation de la femme en milieu professionnel, notamment dans le secteur industriel», a-t-il insisté.

Attention au décrochage scolaire !

Mohamed Baja, représentant du ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports, a, quant à lui, souligné l’importance du rôle de l’éducation et de la scolarisation dans la promotion de la situation des filles et des femmes au sein de la société. Il a également mis en garde contre l’impact négatif du décrochage scolaire sur la situation des élèves en général et de la famille en particulier, rappelant que plus de 300.000 élèves quittent le système scolaire annuellement, dont 42% sont des filles. Le représentant du ministère de l’Éducation nationale a indiqué, en outre, que ce département veille à lutter contre les stéréotypes et toute forme de discrimination au sein des écoles et dans les manuels scolaires. Au cours du deuxième panel réservé aux institutions publiques, les intervenants ont plaidé pour la consolidation de la culture de l’égalité des genres, en luttant contre les stéréotypes sur le rôle des femmes, en renforçant leur participation à la vie publique et en œuvrant pour assurer une forte cohésion familiale fondée sur un système de valeurs communes pour un développement social inclusif et durable. Lors de son intervention, Amina Bouayach, présidente du Conseil national des droits de l’Homme, a fait observer que le Maroc a, certes, réalisé de multiples acquis, notamment dans les domaines de la réforme constitutionnelle, législative et institutionnelle, mais pour que la femme marocaine puisse participer pleinement au développement, il faut multiplier les efforts pour éradiquer toutes les formes de discrimination et de violence à son égard.

Poursuivre l’élan de réforme juridique pour une égalité homme-femme réelle

Pour sa part, le coordinateur national de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), Mohamed Derdouri, a relevé que la question de la femme dans son rapport avec le développement constitue un sujet fondamental de par son lien étroit avec la stabilité sociétale. M. Dardouri a également souligné que des milliers d’associations et de coopératives sont l’illustration de l’exploit consistant en l’insertion des femmes dans le monde de l’économie. Il a aussi rappelé que l’INDH a réalisé des milliers de centres aux missions diverses, chargés d’accueillir et d’accompagner les femmes et les filles en situation de vulnérabilité de différentes régions. Lors du troisième panel intitulé «Les institutions internationales», la représentante d’ONU Femmes au Maroc, Lïila Rhiwi, a salué les réalisations du Maroc en matière de promotion de la situation de la femme, citant notamment le programme gouvernemental pour l’égalité, la stratégie nationale pour l’inclusion économique des femmes et la politique nationale de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles. Ces progrès ont permis, entre autres, d’identifier un certain nombre de défis, a-t-elle relevé, mettant l’accent sur la nécessité de poursuivre l’élan de réforme juridique pour une égalité réelle entre les hommes et les femmes, promouvoir le pouvoir économique des femmes, intégrer les préoccupations du genre dans le chantier de la protection sociale, en plus d’inclure les femmes dans les différentes instances de décision. En ce qui concerne la situation de la famille, Amal Idrissi, représentante du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) au Maroc, a fait remarquer que la nouvelle configuration démographique mondiale démontre un changement très important au niveau de la famille. La formation des familles, qui impliquent la création des couples et l’arrivée des premiers enfants, se produit de plus en plus tard partout dans le monde, a-t-elle fait savoir, précisant que ce phénomène est mis en évidence au Maroc par les indicateurs de taux de fécondité qui ont largement baissé, passant de 5,6% dans les années 80 à 2,12% actuellement. Speciose Hakizimana, représentante de l’Unicef au Maroc, a, quant à elle, relevé l’importance de la famille en tant que maillon central dans le bien-être et le développement de l’enfant et le rôle de la parentalité positive comme nouvelle approche de travail avec la famille. Hakizimana a, en outre, rappelé que le Maroc est l’un des premiers pays à ratifier la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) qui stipule que tous les enfants doivent avoir le droit à une famille et que le milieu familial est indispensable pour que tous les autres droits soient respectés. Au cours des quatrième et cinquième panels consacrés aux organisation féminines et à la société civile, des militantes associatives ont mis en avant l’importance de l’autonomisation économique des femmes en tant que levier fondamental de l’inclusion sociale et de la réalisation du développement.

Les recommandations du Colloque nationale de la femme et la famille 

À l’issue du colloque, un rapport de synthèse préliminaire a été présenté samedi. Ce rapport regroupe les résultats de cette rencontre nationale et plusieurs recommandations aussi riches que variées.

  • Dans le domaine de la famille et des canaux d’initiation sociale, les recommandations ont porté sur la consolidation des valeurs et de la culture des droits et obligations, notamment à travers l’intensification de la prise en charge des familles, en vue d’en faire un espace d’ouverture et d’éducation aux valeurs et garantir la protection contre la violence et la discrimination, en plus de consacrer le rôle de la famille dans le renforcement de l’égalité et les normes de protection sociale, ainsi que la solidarité intergénérationnelle.
  • Il s’agit aussi de renforcer les programmes d’éducation civique dans les écoles primaires et secondaires et les lycées, de manière à ancrer dans les esprits des enfants les principes d’égalité entre la femme et l’homme, en plus d’adopter les moyens appropriés pour s’initier à l’éducation sexuelle, ainsi que d’alléger les charges familiales, à travers le renforcement de la protection sociale des individus et la création d’alternatives à la prise en charge familiale.
  • Le rapport a également souligné l’importance de renforcer la protection et la prévention de toutes les formes de violence et de discrimination, y compris la lutte contre les stéréotypes, en mettant l’accent sur la protection des femmes dans l’espace familial à travers une approche préventive et proactive et une approche protectrice qui garantit une intervention immédiate et une prise en charge efficace.
  • L’accent doit également être mis sur le renforcement du cadre législatif propre au harcèlement moral et sexuel à l’égard des femmes dans l’espace public et sur le lieu du travail, ainsi que de garantir le droit à la vie privée et de relever les défis relatifs à la protection des données à caractère personnel à la lumière de l’évolution technologique, en plus de prêter attention au domaine de l’éducation numérique et de sensibiliser à ses dangers sur la vie de l’individu et de la famille.
  • Il est tout aussi important de mettre en place des environnements favorables aux femmes et à la famille, à travers l’opérationnalisation, le développement et la généralisation du système de prise en charge des femmes, en vue d’assurer sa disponibilité dans tous les espaces territoriaux, et offrir les conditions d’accès de toutes les catégories à l’espace public, y compris les personnes âgées, en plus de doter les espaces territoriaux d’accessibilité et de durabilité, ainsi que de renforcer l’accessibilité aux services, notamment dans le milieu rural, et d’offrir à la femme rurale des opportunités d’enseignement et de formation, en investissant dans les nouvelles technologies.
  • Au niveau de la justice spatiale, le rapport de synthèse préliminaire a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le rôle de la famille en tant que partenaire dans l’opération éducative, notamment dans le soutien de la scolarisation des filles rurales et la garantie de la qualité des enseignements, en plus de la réalisation de l’obligation scolaire.
  • Les recommandations du colloque ont, par ailleurs, porté sur la mise en œuvre des différentes composantes de la protection sociale dans une perspective d’égalité, en plus de l’adoption d’une approche de renouvellement et d’innovation numérique dans la consécration des droits de la femme et l’autonomisation de la famille, et d’une plus grande flexibilité dans le recours aux nouvelles méthodes de travail au sein des entreprises.

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