Menu
Search
Dimanche 24 Novembre 2024
S'abonner
close
Dimanche 24 Novembre 2024
Menu
Search

Économie : ce qui attend les Marocains en 2023

Les pronostics du HCP pour la croissance de l'économie nationale attendue cette année sont moins optimistes que ceux de l’Exécutif (4%) ou encore de la Banque mondiale (3,5%). L’institution des statistiques table sur 3,3%, et pourvu qu'il pleuve. De même, ce niveau de croissance demeure hautement sensible aux incertitudes liées notamment au développement de la guerre en Ukraine, à l’évolution des taux d’intérêt et aux risques épidémiques et climatiques.

Économie : ce qui attend les Marocains en 2023

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) est moins optimiste que le gouvernement sur la croissance attendue cette année. Dans son budget économique prévisionnel, rendu public le 12 janvier, l'institution d’Ahmed Lahlimi pronostique une croissance de 3,3% cette année contre 4% attendue par l’Exécutif ou encore 3,5% par la Banque mondiale. En 2022, l’économie nationale aurait progressé de 1,3%, selon le HCP.

Pour l’année en cours, le HCP précise que des incertitudes pèseraient toutefois, sur cette croissance, liées notamment au développement de la guerre en Ukraine, l’évolution des taux d’intérêt, les risques épidémique et climatique. Globalement, l’économie du pays évoluerait dans un contexte marqué par des perspectives d’entrée en récession des principaux partenaires commerciaux, d’un durcissement des conditions financières internationales et du maintien des prix à des niveaux élevés. Le commerce mondial devrait ralentir, affichant une hausse de 1,6% après 4% en 2022.

Dans ce tableau, la demande mondiale adressée au Maroc devrait, par conséquent, connaître une baisse de son rythme d’accroissement passant à 3,2% en 2023 contre 7,6% en 2022. Par ailleurs, la valeur ajoutée du secteur primaire afficherait une hausse de 9% en 2023, sous l’hypothèse d’un déroulement conforme à une campagne agricole moyenne notamment au cours des saisons hivernale et printanière. Les risques du retour du spectre de la sécheresse après la pluviométrie relativement abondante pendant le mois de décembre 2022 sont encore probables. Ce n'est pourtant pas le seul défi auquel serait confronté le secteur agricole, soulignent les experts du HCP. Redéfinir la stratégie de son développement en faveur d’un renforcement de la souveraineté alimentaire et de la préservation de l’environnement et l’amélioration des revenus des agriculteurs fortement impactés par la récurrence de la sécheresse sont autant de facteurs auxquels doit faire face le secteur agricole.

Petite accélération de la consommation des ménages au Maroc

Hors agriculture, l’activité poursuivrait son ralentissement, affichant une hausse limitée de 2,7% en 2023, du fait notamment de la dissipation des effets du rattrapage mécanique des services du tourisme et du transport sur l’offre, d’une demande étrangère peu dynamique pour les industries d’exportation et d’une politique monétaire peu accommodante, explique le HCP. La demande intérieure continuerait, elle, à constituer le principal moteur de la croissance, avec une hausse de 3,2%. La consommation des ménages s’accélérerait légèrement, grâce à l’accroissement prévu des revenus agricoles et du niveau soutenu des transferts des MRE (Marocains résidant à l'étranger). En revanche, l’investissement brut resterait modéré et sa part dans le PIB ne dépasserait pas 31,5%.

L’investissement pâtira des aménagements fiscaux

Les nouvelles modifications des prélèvements de l’impôt sur les sociétés, l’élargissement de l’assiette fiscale et la poursuite de la politique de resserrement monétaire pousseraient les entreprises à modérer leur mouvement de constitution de stocks et d’investissement en 2023. De même, la demande extérieure nette conserverait son apport négatif à la croissance économique à hauteur de -0,2 point. Le déficit commercial devrait se situer aux alentours de 20% du PIB en atténuation par rapport à 2022. Le déficit en ressources poursuivrait son allégement pour s’établir à -13,3% du PIB en 2023, tenant compte d’une décélération des échanges nets des services après le rebond enregistré en 2022.

L’épargne intérieure devrait se contracter pour atteindre 20,9% du PIB au lieu de 22,3% en moyenne durant la période 2017-2021. Les revenus extérieurs, représentant 6,5% du PIB, porteraient l’épargne nationale à 27,4% du PIB en 2023. Tenant compte du niveau d’investissement de 31,5% du PIB, le besoin de financement de l’économie nationale devrait connaître un allégement pour atteindre 4,1% du PIB cette année.

Séquelles durables sur le capital productif et humain

Selon le HCP, les chocs subis par l’économie nationale au cours des trois dernières années, et malgré sa résilience relative, laissent des dégâts plus durables sur les ressources économiques et sur le capital productif et humain. Pendant la décennie 2010, et suite au choc de la crise financière internationale de 2007, l’économie a perdu 75.000 postes de son potentiel de création d’emplois et la dynamique de croissance du stock de capital physique s’est réduite de 0,7 point par rapport à la décennie 2000-2009. En 2022, les pertes avoisinent 22.000 emplois dans le sillage de la crise sanitaire, soit 1,3 point de moins au niveau de la dynamique de croissance du stock de capital. L’année 2023 se solderait sur un retour de la croissance vers un sentier d’évolution moins soutenu comparativement à la période d’avant-crise, avec de faibles gains sur les déséquilibres macroéconomiques et des risques de renforcement de la cherté de l’argent.

L’accentuation des menaces sur le développement de la rentabilité des entreprises renforce le risque d’un affaiblissement plus prononcé de la productivité et de la croissance potentielle, dans un contexte de cherté du financement. Le HCP souligne en outre que le taux de croissance potentielle avait connu une réduction progressive, passant de près de +4,8% en moyenne annuelle en 2000-2009 à près de 3,4% en 2010-2019. L’effort d’investissement, orienté à la baisse et dont le rendement, mesuré par l’ICOR, a été en détérioration au cours de la dernière décennie 2010-2019 s’établissant à 9,2, ne permettrait pas de récupérer les pertes de points de croissance ni de postes d’emplois enregistrés au cours des trois dernières années. Regagner les niveaux réalisés d’avant la crise Covid en termes de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales serait également plus lent, à en croire l’analyse du HCP, notamment avec le prolongement des politiques publiques «peu accommandantes».

Renforcer les investissements productifs

Pour éviter une accentuation de l’affaiblissement de la croissance économique, il est indispensable de renforcer les investissements productifs, recommande le HCP. Contrairement à ce que l’on croit généralement, ce sont les entreprises privées et les ménages qui jouent un rôle décisif dans la relance du capital physique, puisqu’ils assurent 66% de la formation brute de capital fixe globale en moyenne entre 2000 et 2019, au moment où l’investissement public n’assure que le tiers restant, souligne le HCP. L’investissement public devrait donc, selon les équipes de Lahlimi, constituer à terme un levier de croissance, en favorisant des investissements privés «plus importants et plus efficaces».

Lire aussi : La croissance économique au Maroc prévue à 3,3% en 2023 (HCP)

Lire aussi : La croissance au Maroc s'accélérerait à 3,5% en 2023 (Banque mondiale)

Lisez nos e-Papers
Nous utilisons des cookies pour nous assurer que vous bénéficiez de la meilleure expérience sur notre site. En continuant, vous acceptez notre utilisation des cookies.