Plus de trois années se sont écoulées depuis l’apparition des premiers cas de la Covid-19. Aujourd’hui, on sait que le virus n’est pas près de disparaitre, qu’il continue de muter et de circuler mais sa virulence a nettement baissé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé la semaine dernière que le nombre de décès causés par la Covid-19 a chuté de 95% depuis le début de l'année. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’il faut arrêter de s’en méfier. De nouvelles vagues de contaminations et de décès sont toujours possibles.
L’Organisation a également mis en garde contre les conséquences du virus sur la santé, notamment les effets ressentis par certaines personnes qui développent le Covid long ; cette pathologie s’accompagne de plusieurs symptômes affectant le quotidien des patients pendant plusieurs mois après leur infection. Cela concerne au moins une personne sur dix, d’après l’OMS, soit des centaines de millions de personnes à travers le monde qui pourraient nécessiter des soins de longue durée. «La majorité des études réalisées sur le Covid long convergent pour dire qu’au moins 10% des personnes ayant contracté le virus continuent d’avoir des symptômes jusqu’à une année après leur infection. Les études ont également montré que cela ne concerne pas uniquement les personnes âgées ou celles ayant souffert d’une forme grave de la Covid, mais également les patients asymptomatiques et les jeunes en bonne santé, d’où l’importance de continuer à rester vigilant et se protéger», déclare au «Matin» Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes, au Maroc ou ailleurs, partagent leurs expériences avec le Covid long qui a eu un impact important sur leur quotidien. «Cela fait des mois que je souffre des effets du Covid long. J’ai été testé positive 3 fois, mais j’étais loin d’imaginer que cela m’affecterait autant. Je souffre quotidiennement d’une fatigue extrême. J’ai souvent mal à la tête et j'ai des difficultés à respirer. Je n’arrive plus à accomplir certaines tâches que je faisais facilement avant la maladie, ce qui est très frustrant. Je ne peux plus faire de grandes promenades avec mes enfants et même lorsque nous voyageons, nous n’arrivons plus à en profiter comme avant. Je me demande souvent si je redeviendrais un jour comme avant, et cela me déprime un peu», confie Sahar, influenceuse et jeune maman de deux enfants.
Une longue liste de symptômes à surveiller après une infection à la Covid
Les médecins affirment que la liste des symptômes liés au Covid long est très longue. Les plus fréquents sont la fatigue excessive, l’essoufflement et les problèmes respiratoires, les maux de tête, l’irritabilité, l’anxiété, les douleurs musculaires, les troubles de sommeil… «Des études ont également montré que les personnes qui souffrent de Covid long sont susceptibles de présenter un risque plus élevé de problèmes cardiovasculaires et pulmonaires, voire un risque de décès. La maladie peut aussi s’accompagner d’une perte de goût et d’odorat mais également de problèmes d’audition, de problèmes rénaux, de problèmes digestifs et de troubles neurologiques ou psychiatriques, tels que la dépression, le vertige, des pertes de mémoire, des difficultés de concentration…», explique Dr Hamdi. Et d’ajouter que «les causes du Covid long ne sont toujours pas définies, ce qui rend la prise en charge des patients difficile».
De son côté, Pr Said Moutaouakkil, expert en anesthésie-réanimation et membre du Comité technique et scientifique de lutte contre la Covid-19, souligne qu’il est important que les patients consultent lorsqu’ils présentent des symptômes. «Même si la vaccination contre Covid peut diminuer la fréquence du Covid long, de nombreuses personnes risquent d’en souffrir. C’est pourquoi il faut sensibiliser les personnes pour prendre conscience de cette maladie et ne pas hésiter à consulter pour poser un diagnostic et savoir s’il s’agit bien d’un Covid long ou une autre maladie. L’orientation des malades et leur prise en charge doit se faire en milieu médical avec la participation de plusieurs spécialistes», précise-t-il.
Il est à rappeler que 333 cas d’infection à la Covid-19 ont été enregistrés du 22 au 28 avril, soit une hausse de 38% par rapport à la semaine précédente, ce qui confirme la reprise épidémiologique et l’arrivée d'une nouvelle «vaguelette». Bien qu’on estime que cette dernière sera moins sévère et moins virulente que les précédentes, les spécialistes appellent à la vigilance pour éviter de contracter le virus et courir le risque de souffrir d’un Covid long.
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