Le chemin vers l’égalité et la parité est encore long au Maroc. Le pays n’avance pas selon le rapport 2023 sur les inégalités femmes-hommes dans le monde fraîchement publié par le Forum économique mondial (WEF). Au contraire. S’il est de nouveau classé 136e, en queue d’une liste de 146 pays, son score de 0,621 point (inégalité = 0, parité = 1) est en baisse par rapport à l’édition de 2022 (0,624 point).
Le score indique ainsi que seulement 62,1% de l'écart entre les sexes est comblé au Maroc, soit un niveau au-dessous de la moyenne de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA). Dans cette région, le Maroc fait également pâle figure. Il se situe au 11e rang sur une liste de 13 pays, devant Oman (0,614 point) et l’Algérie (0,573 point). Pourtant, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord reste la région la moins égalitaire, avec 62,6% de l'écart entre les sexes comblé. Cela représente une baisse de 0,9% de la parité depuis la dernière édition. Les Émirats arabes unis (71,2%) et Bahreïn (66,6%) ont atteint la parité la plus élevée de la région. Le rapport, qui en est à sa 17e édition, évalue l'évolution des écarts entre les sexes dans quatre domaines : participation et opportunités économiques, niveau d'éducation, santé et survie, et émancipation politique. Il s'agit de l'indice le plus ancien qui, depuis sa création en 2006, suit la progression dans la réduction de ces écarts. Il étudie également l'impact des récents chocs mondiaux sur l'écart entre les femmes et les hommes concernant le marché du travail.
Selon l’indice «Participation et opportunités économiques», le Maroc est 141e, avec un score de 0,404 point, perdant ainsi 2 places par rapport au classement précédent (139e en 2022 avec 0,447 point). Concernant le «Niveau d'éducation», le pays est 115e pour un score de 0,953 point, contre 114e un an plus tôt avec 0,945 point. S’agissant de la «Santé et Survie», le Maroc occupe la 130e place (0,961 point), au lieu de 131e en 2022 (0,961). Enfin, sur le volet de l’«Émancipation politique», le Royaume gagne 9 places pour se situer au 90e rang mondial, mais avec un mauvais score de 0,165 point en petite amélioration par rapport au 0,145 point de 2022. À l’échelle mondiale, les inégalités femmes-hommes globales ont été réduites de 0,3 point de pourcentage par rapport à l'édition de l'an dernier.
Parité : 131 ans pour combler l'écart global entre les femmes et les hommes
La parité n'a progressé que de 4,1 points de pourcentage depuis la première édition du rapport en 2006, et le taux global d’évolution a considérablement ralenti. À ce rythme, il faudra 131 ans pour combler l'écart global entre les femmes et les hommes, selon les experts du WEF. L’Islande est le pays le plus égalitaire au monde pour la 14e année consécutive et le seul pays à avoir comblé plus de 90% de l'écart entre les sexes. Si aucun pays n'a encore atteint la parité totale, les neuf premiers pays du classement ont comblé au moins 80% de leur écart. Par région, l'Europe affiche la parité entre les sexes la plus élevée avec 76,3%, dépassant l'Amérique du Nord depuis l'édition 2022.
Un tiers des pays de la région se classent parmi les 20 premiers et plus de la moitié (56%) ont atteint une parité d'au moins 75%. La progression est toutefois mitigée, 10 pays, avec en tête l'Estonie, la Norvège et la Slovénie, ayant progressé d'au moins un point de pourcentage, tandis que 10 autres pays, dont l'Autriche, la France et la Bulgarie, ont enregistré des baisses d'au moins un point de pourcentage. À noter que l'Afrique subsaharienne a comblé 68,2% de l'écart entre les sexes, ce qui représente une amélioration globale de 0,1%, mais la progression reste mitigée selon les pays.
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