Le Matin : Le cancer du sein triple négatif est encore méconnu du grand public, quelle est la différence entre ce cancer et un cancer du sein «normal» ?
Latifa Chérif : En effet, le cancer du sein triple négatif est encore peu connu du public même s’il touche 15% des femmes âgées de 30 à 50 ans. En raison de son caractère agressif, il est important de le diagnostiquer rapidement pour le traiter, d'autant qu’il nécessite un traitement différent.
Concrètement, il s’agit d’un groupe de tumeurs qui ne dispose pas de récepteurs hormonaux – progestérone et œstrogènes – et de la protéine HER2 à la surface de leurs cellules. C’est pourquoi le cancer triple négatif n’est pas éligible au traitement hormonal habituel.
Qu’en est il de la prise en charge du cancer triple négatif au Maroc ?Étant non hormono-dépendant, une patiente atteinte d’un cancer de sein triple négatif en rémission n'est plus soumise à un traitement, mais doit faire l'objet d'un suivi attentif et précis.
Au Maroc, la prise en charge de ce cancer est similaire à celle des autres types de cancer en termes de remboursements et il existe de plus en plus de thérapies ciblées qui améliorent la survie des patientes.
Votre association Les Amis du Ruban Rose a organisé la semaine dernière un workshop-presse pour échanger autour des cancers féminins, notamment le cancer du sein triple négatif. Quel était l'objectif de cette rencontre ?L'objectif du workshop organisé par l'association Les Amis du Ruban Rose était de sensibiliser les journalistes et le grand public à l'importance de parler des cancers féminins. Le workshop avait donc pour but de partager les bonnes informations avec les journalistes, afin qu'ils puissent relayer des messages clairs et précis de façon à émettre le bon message et rectifier les fake news concernant le cancer.
Les cancers féminins, tels que le cancer du sein, du col de l'utérus ou de l'ovaire, sont des maladies qui touchent des milliers de femmes chaque année au Maroc. Malheureusement, certains pensent encore en 2023 que c'est «7chouma» d'en parler, il existe encore beaucoup de tabous et de fausses croyances autour de ces maladies, ce qui peut empêcher les femmes de recevoir des soins appropriés ou de bénéficier d'un dépistage précoce.
Alors, donnons le droit à toutes ces femmes marocaines de parler ouvertement de leurs maux.
Au Maroc, le cancer du sein est le cancer le plus répandu, suivi du cancer de la thyroïde et celui du col de l'utérus. Comment peut-on prévenir ces cancers ?Les femmes peuvent participer activement à réduire le risque de cancer du sein. Pour cela, il est important de recevoir les meilleures informations possible sur la maladie, adopter un mode de vie sain, examiner leur poitrine régulièrement et se rendre aux examens de prévention recommandés par leur médecin.
Pour le cancer du col de l’utérus, nous avons la chance d’avoir au Maroc, dans notre programme national d’immunisation, le vaccin contre le papillomavirus (HPV) qui permet de prévenir ce cancer.
Le plus important pour le cancer, c’est la sensibilisation aux dépistages, le suivi et une surveillance de son corps à partir d'un certain âge.
Parlez-nous de votre association et des actions que vous menez pour lutter contre le cancer ?Les Amis du Ruban Rose est une association qui a été créée suite à des rencontres entre femmes atteintes de cancer du sein afin de se soutenir les unes les autres. L'association apporte un soutien et un accompagnement psychologiques. Elle conseille et oriente dans le parcours de soins des malades, offre des ateliers culturels, sportifs ou spirituels afin de «traverser» ce moment dans les meilleures conditions depuis l'annonce du diagnostic jusqu'à la guérison. Notre principal objectif est de donner un message d’espoir.
Quel est alors le message que vous souhaiteriez lancer au grand public ?Le cancer est une maladie qui peut toucher n'importe qui, et qui peut se développer dans n'importe quel organe ou tissu du corps. Il est également important de savoir que le cancer est plus facilement traitable s'il est détecté tôt.
Donc, je souhaite dire aux Marocains et Marocaines d’aller se faire dépister régulièrement, car cela sauve vraiment des vies. Comme on le sait, le diagnostic précoce mène dans plus de 90% vers la guérison.
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