Le Matin : L’Union pour la Méditerranée (UpM) lance «Capitales méditerranéennes de la culture et du dialogue», pourquoi une telle initiative ?
Nasser Kamel : Une partie de nos efforts pour renforcer les liens c’est aussi les dialogues interculturels. Dans cette logique, on a créé la Journée de la Méditerranée célébrée le 28 novembre. Cet événement est célébré pendant toute une semaine puisqu’on en parle avant et après. Il partage l’identité méditerranéenne commune et l’évidence que ces pays doivent travailler ensemble et créer un espace plus homogène. Dans ce sens, on a songé à lier deux villes du sud et du nord de la Méditerranée. Les capitales méditerranéennes de la culture et du dialogue travaillent chacune de son côté, mais travaillent aussi ensemble pour montrer à la population cet héritage qu’elles ont avec le reste de la région et faire savoir l’importance de renforcer les liens culturels.
Qu’est-ce que vous attendez des villes qui seront choisies ?
Chaque ville doit préparer la vision qu’elle va planifier. Elle doit présenter les évènements, festivités et activités qui mettent en valeur ses liens avec la région et qui montrent comment elle coopère avec l’autre capitale de la Méditerranée pour créer cette identité commune.
Quelle place occuperait la femme dans l’initiative «Capitales méditerranéennes de la culture et du dialogue» ?
La place de la femme est importante dans notre programme de travail. L’égalité femmes-hommes et l’émancipation des femmes sont au cœur des préoccupations de l’UpM. Tous les pays de la Méditerranée sont d’accord pour faire valoir la place de la femme dans les différents domaines économique, social et politique et combattre la violence à son égard. À l’UpM, on adopte le slogan «No Woman No Panel» afin d’améliorer la représentation des femmes et l’égalité des sexes. On garde la même approche pour l’initiative «Capitales méditerranéennes de la culture et du dialogue».
Pensez-vous que la culture puisse contribuer aux efforts que mènent les États en faveur d’une Méditerranée résiliente ?
La culture agit à plusieurs niveaux. L’un de ses rôles est de disséminer la connaissance des uns aux autres. Elle jette la lumière sur les problématiques dans les sociétés, les défis de développement, les inégalités et la place de la femme. Faire valoir ces questions est nécessairement utile pour qu’on puisse créer des sociétés résilientes dans le futur.
Quelle est votre appréciation de la coopération culturelle aujourd’hui entre pays riverains de la Méditerranée ?
Il y a énormément de choses qui se passent au niveau culturel dans les pays méditerranéens. Nous nous sommes même réunis au niveau des ministres de culture de la région à Rome et à Naples. C’est de là que l’idée d’une capitale méditerranéenne de la culture est venue. Les ministres de la Culture des différents pays sont conscients de l’importance de travailler ensemble. Il y a beaucoup d’activités communes et de jumelage entre les villes méditerranéennes pour démontrer les liens qui existent, mais faire plus c’est toujours bien. Cela varie d’un pays et d’une ville à l’autre, mais c’est une région assez dynamique.
Comment voyez-vous le rôle du Maroc dans cette coopération en tant que partenaire de l’Euromed ?
Le Maroc a une place très importante vu sa place géographique. C’est un pont entre l’Europe et le Moyen-Orient avec une civilisation ancienne reconnue mondialement sur tous les niveaux. C’est un pays riche et ouvert avec un peuple presque bilingue et plusieurs avantages. La diaspora marocaine joue aussi un rôle important pour rapprocher le Maroc de son voisinage européen. Le Maroc a une place importante dans la région grâce à cette richesse culturelle et cette civilisation ancienne.
Quels sont les nouveaux défis culturels de l’UpM qui se profilent à l’horizon ?
On réfléchit toujours à ce que l’on doit faire pour se connaître le mieux. Il y a toujours des segments qui se méconnaissent mutuellement, ce qui crée de la méfiance. Une initiative comme «Capitales méditerranéennes de la culture et du dialogue» permet de connaître l’autre, de découvrir qu’il a les mêmes problèmes, les mêmes aspirations. On travaille ensemble pour combattre les stéréotypes entre le Nord et le Sud et faire comprendre les valeurs communes. Il faut encore plus pour faire valoir tout ce qui est commun.
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À propos de l’UpM
L’Union pour la Méditerranée (UpM) est la seule organisation intergouvernementale euro-méditerranéenne réunissant les 27 pays de l’Union européenne et 16 pays du sud et de l’est de la Méditerranée. L’UpM constitue un forum pour le renforcement de la coopération régionale, le dialogue et la mise en œuvre d’initiatives et de projets concrets ayant un impact tangible sur les citoyens de ces régions. Parmi ses domaines d’intervention, le développement économique, l’enseignement supérieur et la recherche, les affaires civiles et sociales, l’environnement, le développement urbain et les actions pour le climat.
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Détails de l’initiative
- L’initiative «Capitales méditerranéennes de la culture et du dialogue» vise à célébrer la diversité culturelle euro-méditerranéenne et à promouvoir une meilleure compréhension mutuelle dans la région.
- L’initiative est coordonnée conjointement par l’Union pour la Méditerranée (UpM) et la Fondation Anna Lindh.
- Les villes euro-méditerranéennes peuvent déposer leur candidature jusqu’au 23 juillet 2023 pour devenir en 2025 la première capitale méditerranéenne de la culture et du dialogue.
- L’annonce des deux premières capitales de la culture et du dialogue aura lieu lors du 8e Forum régional des 43 ministres des Affaires étrangères de l’UpM, qui se tiendra en novembre 2023.
- Les deux capitales désignées disposeront d’une année civile pour préparer leur programme d’activités.
- Au cours d’une année civile, les deux villes accueilleront des événements culturels, socio-économiques et sportifs afin de mettre en avant leurs valeurs et leur dimension euro-méditerranéenne respectives. Cette initiative aboutira à une grande célébration lors de la Journée de la Méditerranée, le 28 novembre.
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