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Entretien avec Fatima Mabchour, présidente fondatrice de l'Association marocaine de la musique andalouse

L'Association marocaine de la musique andalouse (AMMA) Å“uvre pour la promotion du patrimoine musical marocain. Elle organise plusieurs événements dans ce sens. Sa présidente Fatima Mabchour détaille les objectifs et la vision de l'AMMA.

Entretien avec Fatima Mabchour, présidente fondatrice de l'Association marocaine de la musique andalouse

 

Le Matin : Pourquoi avez-vous décidé de créer l’Association marocaine de la musique andalouse ?

Fatima Mabchour : La création de l'Association marocaine de la musique andalouse est née d'une constatation du manque alertant de nouvelles associations aptes à assurer la relève et la continuité des missions fondées par les associations mères qui ont œuvré pour la promotion et la sauvegarde du patrimoine musical marocain, particulièrement celui de la musique andalouse dite «Al Ala». Aussi, en tant que femme, il était incompréhensible pour moi de voir que le peu d'associations actives dans le domaine est l'œuvre d'hommes et qu'il est permis d'intégrer, symboliquement et occasionnellement, la femme au sein de l'association tout en lui imposant de suivre le système !

La création de l'Association marocaine de la musique andalouse est venue apporter soutien et continuité au travail déjà réalisé par ses précédentes, mais aussi, créer un nouveau concept permettant une large promotion de notre patrimoine musical marocain et son ouverture sur les autres cultures et civilisations.

Comment voyez-vous la présence féminine dans la musique andalouse au Maroc actuellement ?

La femme a été écartée de la scène artistique pendant longtemps et a su regagner les rangs, parmi musiciens et chanteurs, à partir des années 1940 grâce à la création de conservatoires, particulièrement celui de Tétouan qui a contribué à la formation de plusieurs cantatrices et musiciennes de haut niveau.

De nos jours, nous constatons une absence totale des femmes dans les orchestres professionnels, à l'exception de l'Orchestre feu Mohamed Larbi Temsamani dirigé par maître Mohamed Amine Akrami. Pour remédier à ce phénomène, nous insistons sur l'introduction de la femme au sein de nos plateaux artistiques et l'encourageons, jeunes talents et confirmées, à s'investir et se produire de plus en plus pour défendre la place de la femme marocaine dans la musique andalouse.

Comment choisissez-vous les thématiques de vos manifestations culturelles ?

L’Association marocaine de la musique andalouse est avant tout une association citoyenne. Elle s'investit dans la promotion et la sauvegarde du patrimoine musical marocain, le diffuse et le partage avec d'autres cultures et civilisations en les invitant à s'enrichir du modèle civilisationnel marocain unique. La thématique de chaque évènement dépend des participants, du programme artistique et de l'actualité marocaine pour que notre manifestation musico-culturelle soit porteuse de messages et servir ainsi une cause nationale.

Est-ce qu'il y a un grand engouement pour les manifestations de musique andalouse ?

Grâce à l'importance que donne Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L'assiste, à la culture, à la préservation et à la promotion de notre patrimoine culturel, ainsi que la dynamique et le travail colossal que le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication investit dans ce sens ainsi que celui des différentes associations du domaine, nous avons constaté, ces dernières années, un enthousiasme et un vif intérêt populaire phénoménal concernant les manifestations de musique andalouse. La diversité des programmes proposés et la multiplication des manifestations aux thèmes variés ont suscité un véritable engouement chez Marocains et étrangers assoiffés de culture et du vivre ensemble.

Plusieurs artistes introduisent un air de modernisme sur la musique andalouse. Est-ce que vous pensez que ce genre d'initiative pourrait impacter les spécificités poétiques de cet art ancestral ?

Plusieurs tentatives sont mises en œuvre pour attirer la jeunesse marocaine et l'impliquer dans le domaine de la musique andalouse particulièrement. Certaines réussissent et d'autres non ! Dans nos propres productions modernes, et en tant qu'amateurs, nous déléguons la mission des fusions et création du style moderne aux professionnels avec la supervision des grands maîtres de la musique andalouse afin de ne pas défigurer la structure et la base aussi bien musicale que poétique de ce patrimoine.

Que faites-vous en tant qu'association pour la préservation du patrimoine musico-culturel marocain ?

Plusieurs actions et activités sont engagées par notre association afin de préserver l'identité plurielle et sauvegarder notre patrimoine musico-culturel. Nous citons principalement ce qui suit :

• Des ateliers d'apprentissage sont organisés de façon hebdomadaire sur toute l'année.

• Un accompagnement des artistes, musiciens et chanteurs, pour la création de nouveaux orchestres andalous dans plusieurs villes, est assuré.

• La création de l'Orchestre marocain de la musique andalouse, un orchestre composé de musiciens de plusieurs villes du Maroc. Cet orchestre se produit souvent en fusion avec les grands maîtres de la musique andalouse afin de s'imprégner de leurs âmes et acquérir ainsi la touche de l'école traditionnelle marocaine.

• Plusieurs manifestations musico-culturelles, dont des festivals, concerts et conférences organisés tout au long de l'année, au Maroc comme à l'étranger.

• Autres actions à venir.

Lire aussi : L'Association marocaine de la musique andalouse rend hommage à la femme

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