Le 22 juin, sur la route d'Essaouira, des groupes de jeunes font l'autostop pour rejoindre la ville des Alizés. Sur les réseaux sociaux, les derniers covoiturages se bouclent. Les autocars à destination d'Essaouira affichent complet. C'est un grand jour pour les amoureux des notes des «Tbels», «Qraqebs» et «Guembris». Aujourd'hui démarre la vingt-quatrième édition du Festival Gnaoua et musiques du monde. Après une absence due à la crise sanitaire, l'événement riche en échanges et en émotions réunit cette année, jusqu'au 24 juin, des musiciens du monde, des mâalems gnaouis et des mélomanes assoiffés de la plus grande messe de musique gnaoua.
L'édition 2023 du Festival Gnaoua a un goût spécial
Elle se tient après la concrétisation d'un rêve : l'inscription de la culture des gnaouas sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. «C'est une immense fierté pour les gnaouas qui sont longtemps rester dans l'ombre, pour notre équipe qui a travaillé si durement, mais aussi pour tous les amoureux de cette musique aux vertus euphorisantes», affirme Neila Tazi, productrice du festival. Avec des mots pleins d'émotions, elle rappelle les débuts de ce projet fondé il y a 25 ans et développé au fil des années avec l'engagement de ressusciter «une culture marginalisée et une ville un peu oubliée.» Devenu, au fil des années, l’un des évènements artistiques majeurs de l’agenda culturel marocain et international, le Festival Gnoua et musiques du monde promet cette année des moments exceptionnels sous le signe de la communion, de la joie et du partage. Au plus grand bonheur des adeptes qui afflueraient encore plus nombreux vers Essaouira à partir de vendredi, des musiciens du monde s’autorisent à s’affranchir de toutes les contraintes et à oser les associations les plus audacieuses.
Le 23 juin, le grand maître du «Qawwali», le pakistanais Faiz Ali Faiz, un habitué du festival, renouera avec Nass El Hal, Issaoua de Fès, pour un concert empreint de spiritualité et d’énergie. Le samedi 24 juin, Borj Baba Marrakech accueillera une rencontre exceptionnelle entre des artistes à l’audace musicale reconnue, à la rigueur ascétique et aux univers empreints de spiritualité et de sagesse. Mâalem Abdeslam Alikane, Torsten de Winkel à la guitare, le légendaire Sulaiman Hakim au saxophone et Zouhair Amkas à la batterie vont se rencontrer, s’écouter, échanger et fusionner. À partir de 23 h, sur la scène Moulay Hassan, le public assistera à une magnifique expérience musicale entre le concertiste d’exception Mâalem Hamid El Kasri, le saxophoniste Jaleel Shaw, le guitariste, auteur-compositeur de renom Torsten de Winkel et le percussionniste Mustapha Antari. Une fusion éclectique 100% groove qui fera résonner les murailles de la ville au loin.
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Autres fusions de maâlem gnaouis au programme
• Une résidence artistique pointue (Scène Moulay Hassan – samedi 24 juin à 20 h) :
Mâalem Majid Bekkas s’associe avec David Patrois, l’un des plus talentueux vibraphonistes de sa génération, le génie du rythme adepte du spoken word, cet ancêtre du slam, le percussionniste Minino Garay, le batteur Mokhtar Samba ainsi que le saxophoniste Axel Camil. Ils présenteront un concert aux couleurs du Maroc, de l’Argentine, du Sénégal et de France, qui fera assurément des étincelles.• Les Amazones d’Afrique et Asmaa Hamzaoui & Bnat Timbouktou (Mali/ Bénin/ Congo/ Maroc) (Scène Moulay Hassan – samedi 24 juin à 21 h 45) :C’est toute la puissance des divas africaines qui est réunie dans ce concert où les Amazones d’Afrique rencontrent Asmaa Hamzaoui & Bnat Timbouktou. Les premières sont un «super-groupe» féminin panafricain dont les voix célèbrent avant tout l’amour et la nécessaire solidarité entre femmes. La seconde, Asmaa Hamzaoui, a su faire preuve de courage, d’audace et de persévérance pour s’imposer dans un univers exclusivement masculin. Un bel exemple de sonorité africaine tout en rythme et panache.Lire aussi : Festival Gnaoua et musiques du monde : Une 24e édition riche en nouveautés