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Les freins à l’employabilité des femmes au Maroc et les éventuelles solutions

Faibles opportunités d’emploi dans le secteur formel, fragilisation à cause du statut social, faible taux de scolarité et poids social des mentalités. Ce sont là quelques-uns parmi les facteurs qui entravent encore le plein accès des femmes au marché de l’emploi. Ces facteurs et bien d’autres ont été relevés par les différents intervenants dans le cadre de la conférence-débat organisée jeudi par la Fondation Fqih Titouani, en partenariat avec le ministère de l’Intégration économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, sous le thème «Les droits de la femme au marché de travail : contraintes et défis».

Les freins à l’employabilité des femmes au Maroc et les éventuelles solutions

Ce n’est un secret pour personne. Les femmes peinent à accéder au marché de l’emploi et nombreuses parmi celles qui étaient actives ont été contraintes de quitter leurs emplois à cause de la crise économique ayant accompagné l’avènement de la Covid-19. Selon les statistiques officielles publiées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), le taux d’activité des femmes ne dépassait pas les 19,8% à fin 2022. Par ailleurs, une étude réalisée par la Banque mondiale a confirmé le même constat, appelant le Maroc à consentir davantage d’efforts pour améliorer le taux d’employabilité des femmes qui constitue d’ailleurs un grand manque à gagner pour l’économie marocaine. Pourtant, l’économie marocaine se porte de mieux en mieux après la période de pandémie et montre même des signes de résilience.

>>Lire aussi : Le taux de féminisation de l'emploi atteint seulement 29,7% au Maroc

Quels sont donc les obstacles qui entravent le plein accès des femmes au marché de l’emploi ?

Cette question était justement au centre des débats dans le cadre de la conférence organisée jeudi par la Fondation Fqih Titouani, en partenariat avec le ministère de l’Intégration économique, de la petite entreprise, de l'emploi et des compétences, sous le thème «Les droits de de la femme au marché de travail : contraintes et défis».

Les différents intervenants ont passé au peigne fin les freins qui entravent encore l’émancipation de la femme, à commencer par le problème de mentalités encore machistes qui favorisent l’employabilité des hommes au détriment des femmes et ne reconnaissent pas les multiples fonctions remplies par la femme et qui demeurent des emplois non rémunérés. Même les femmes qui parviennent à accéder au marché de l’emploi, travaillent dans leur majorité dans le secteur informel et ne jouissent pas pleinement de leurs droits. «C’est scandaleux de savoir que les femmes qui constituent 51% des jeunes ne représentent que le quart des personnes déclarées à la Caisse nationale de sécurité sociale.

Pourtant, si l’on tient compte de la scolarité des filles, du PIB par personne, on s’attend à un taux d’employabilité des femmes beaucoup plus élevé, mais on constate, dans les faits, que ce taux est très faible, ce qui est le cas dans la région en général», souligne Jamal Rhmani, ancien ministre de l’Emploi et consultant international au niveau de l’Organisation internationale du travail.

Equité Hommes-Femmes : les disparités salariales persistent 

Les intervenants ont décrié par ailleurs les disparités relevées au niveau des salaires. Selon les chiffres communiqués par la CNSS, le salaire moyen des salariés hommes calculé en 2008 était de 5.400 DH en 2008, contre seulement 4.500 DH comme salaire moyen pour les femmes. Pourtant, notent les intervenants, le Maroc a enregistré des avancées considérables en termes de renforcement du cadre législatif relatif à la protection de la femme et la promotion de la discrimination positive, mais ces avancées ne se sont pas reflétées au niveau de la pratique.

Une situation due notamment au faible engagement des femmes elles-mêmes à défendre leurs droits. «Lorsqu’on examine la réalité, on réalise que les femmes méconnaissent leurs droits et elles sont par conséquent incapables de les défendre. Par ailleurs, les entreprises rechignent à signer les conventions collectives et voient toujours d’un mauvais œil la création de bureaux syndicaux en leur sein, d’une part, et, d’autre part, les bureaux syndicaux hésitent encore à accorder des postes de responsabilité aux femmes», note pour sa part Zahra Mohcine, parlementaire de l’Union marocaine du travail (UMT).

Les conférenciers ont ainsi souligné la nécessité de relever une série de défis pour faire du marché du travail un moteur du développement et de la croissance économique, à commencer par la création d’emplois plus nombreux, meilleurs et inclusifs. En effet, les intervenants estiment que le premier obstacle à l’employabilité des femmes au Maroc réside dans l’incapacité de l’économie à générer des emplois de qualité, à la hauteur du nombre de demandeurs, notamment pour les femmes qui accèdent pour la première fois au marché du travail. «Le Maroc devra adopter une approche nationale du travail décent et la décliner en plan d’action qui implique tous les intervenants et les différents départements gouvernementaux», note M. Rhmani. Par ailleurs, les différents experts appellent au changement urgent des mentalités et à la considération du travail non rémunéré des femmes aussi bien dans le foyer que dans des secteurs où elle est appelée à aider leurs conjoints, notamment celui de l’agriculture.

«Les femmes soutiennent leurs conjoints à travers différentes formes, notamment la fabrication et la commercialisation de produits artisanaux et l’adhésion à des coopératives. Or ce genre de travail invisible reste non reconnu, d’où la nécessité d’adapter les législations», note pour sa part Aïcha Bakkali Idrissi, secrétaire générale de l’Association professionnelle des femmes chefs d’entreprises au Maroc. Pour ce qui est du cadre légal, les participants à cette conférence estiment qu’il faudra modifier certaines lois visant la protection de la femme, bien que le Maroc ait fait énormément de progrès au cours des dernières années pour réformer sa réglementation dans une démarche non discriminatoire. Il y a lieu de citer la Moudawana, le texte relatif aux travailleurs domestiques et la loi contre le harcèlement.

 

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