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La grippe saisonnière plus féroce que jamais cet hiver : Les explications des experts

L’épidémie de grippe saisonnière explose au Maroc cette année. On croirait que tout le monde est malade. Les symptômes sont aussi plus sévères et durent plus longtemps que d’habitude. D’après les spécialistes que le «Matin» a contactés, cette situation serait due à la perte de la mémoire immunitaire de la population après les trois années de la pandémie Covid-19, ainsi que le faible taux de vaccination contre la grippe.

La grippe saisonnière plus féroce que jamais cet hiver : Les explications des experts

Fièvre, maux de tête, maux de gorge, courbatures, toux sèche, fatigue… la grippe saisonnière connaît une intensité très élevée cette année. Professionnels de santé et patients ont constaté que l’épidémie est plus virulente qu’à l’accoutumée. Cet hiver, les symptômes sont plus sévères et durent plus longtemps que ce soit chez les personnes âgées ou les enfants et même chez les adultes en bonne santé. «Je n’ai jamais pris une simple grippe au sérieux. Je ne me suis d’ailleurs jamais absenté de mon travail à cause de cela. Mais cette année, c’était différent. Je ne pouvais pas bouger les premiers jours. Je suis resté cloué au lit pendant une semaine. Les symptômes sont devenus plus légers par la suite, mais je ne me sens toujours pas bien rétabli», témoigne Mohammed, 42 ans.

Les médecins que le «Matin» a contactés notent une augmentation du nombre de consultations pour des syndromes grippaux cette année. «Le virus de la grippe saisonnière touche cette année beaucoup plus de personnes que les années précédentes. Les symptômes sont aussi très sévères, en particulier chez les personnes vulnérables», affirme Dr Moulay Said Afif, président du Collège syndical national des médecins spécialistes privés. «Cette importante hausse des contaminations était prévue. En effet, la pandémie Covid-19 nous a légué une “dette immunitaire” qui explique le fait que nous soyons aujourd’hui beaucoup plus vulnérables face aux épidémies saisonnières. Durant les deux années de confinement et de respect strict des gestes barrières, l’immunité des citoyens n’a pas pu se développer puisqu’ils n’ont pas été exposés aux virus», développe-t-il.

Même son de cloche chez Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé. «Les cas de grippe cette année sont plus nombreux et plus sévères notamment à cause de la perte de la mémoire immunitaire chez la population. Notre corps n’était pas préparé à faire face aux virus après l’arrêt des mesures barrières qui nous protégeaient contre la Covid-19, mais aussi contre les différentes infections respiratoires. De plus, nous faisons cette année face à une souche très virulente, ce qui complique la situation davantage», explique le médecin. «Il est important de continuer à appliquer les gestes barrières, surtout durant cette période de l’année durant laquelle les virus se propagent plus facilement. Il faut donc se laver les mains fréquemment, aérer les espaces clos, porter un masque lorsqu’on est malade… Il faut arrêter de penser que la grippe est une maladie bénigne. Elle cause chaque année entre 300.000 et 650.000 décès chaque année. Et il ne faut pas non plus vérifier grâce à un test PCR s’il s’agit bien d’une grippe ou de la Covid-19», insiste Dr Hamdi.

La vaccination, encore et toujours 

Dr. Hamdi a également souligné que la vaccination contre la grippe est un excellent moyen pour se protéger. Cependant, la demande sur le vaccin a reculé dernièrement. «La vaccination contre la grippe n’a malheureusement jamais été une habitude nationale au Maroc, malgré sa grande importance, en particulier, chez les personnes âgées. Mais ces deux dernières années, on remarque que les gens se font encore moins vacciner. Grâce à la protection garantie par l’application des mesures barrières, des personnes ne voyaient plus l’utilité de se faire vacciner. D’autres sont démotivés et ont aujourd’hui peur de le faire à cause des fake news concernant les vaccins contre la Covid-19», affirme Dr Hamdi.

Afin de rapprocher le service de la vaccination aux citoyens et le rendre plus accessible, les pharmaciens appellent le ministère de la Santé, depuis quelques années, à les autoriser à faire cet acte dans leurs officines. «Plusieurs personnes veulent bien faire le vaccin, mais elles sont découragées par l’obligation de la consultation chez le médecin. C’est ce qui explique, en partie, le nombre faible des personnes qui se font vaccinées. Chez le pharmacien, cela ne prendra pas beaucoup de temps et permettra à un plus grand nombre de citoyens de se protéger», souligne Abderrahim Derraji, pharmacien et fondateur de «Pharmacie.ma».

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