Un guide marocain de prescription des anticancéreux fait référence

L'Association des guides thérapeutiques en cancérologie (Aguthec) a présenté, le 20 janvier dernier à Dakar, au Sénégal, le «Guide de prescription des anticancéreux 2021». Les représentants de l’Association ont ainsi partagé avec leurs confrères sénégalais les dernières avancées et les best practices dans le domaine des traitements anticancéreux, notamment en ce qui concerne les protocoles de chimiothérapie, d’hormonothérapies, de thérapies ciblées ou d’immunothérapies.

«Nous sommes fiers aujourd’hui de distribuer ce guide à titre gracieux à l’ensemble des spécialistes concernés par l’oncologie et la cancérologie au Sénégal. Nous partageons ce travail avec nos amis sénégalais dans le cadre de nos partenariats avec nos homologues africains. Nous poursuivrons cet élan d’échange et de Networking cette année en partageant notamment avec l’actualisation de ce guide», a déclaré Pr Nawfel Mellas, professeur d’oncologie médicale à la Faculté de médecine et de pharmacie de Fès et vice-président de l’Aguthec. Et d’ajouter : «Ce premier guide vise à unifier et à standardiser les protocoles thérapeutiques, à aider le praticien à trouver rapidement et facilement le protocole thérapeutique selon les localisations tumorales et leurs situations et enfin à reconnaître facilement les effets secondaires selon la drogue en question».

D’autre part, le Pr Ali Tahri, professeur d’oncologie et de radiothérapie, a déclaré : «Cette réunion a pour objectif de développer la coopération Sud-Sud qui existe entre le Maroc et les autres pays africains et de distribuer à nos confrères sénégalais le guide de prescription des anticancéreux et le manuel de cancérologie». Pour sa part, Dr Salif Baldé, spécialiste en oncologie médicale sénégalais, a félicité l’Aguthec pour cette initiative : «L’oncologie médicale au Sénégal est une spécialité très jeune. Nous sommes quatre oncologues médicaux au Sénégal et nous faisons de notre mieux pour essayer de satisfaire la demande, même si elle est assez forte par rapport au nombre de malades qui est assez important. Nous sommes aidés par l’État du Sénégal qui a mis en place la gratuité des molécules de chimiothérapie, ce qui accroît encore la forte demande de chimiothérapie».

Rappelons que ce guide pratique, premier en son genre au Maroc et en Afrique, est une référence dans le domaine des traitements anticancéreux. La première édition du Guide a été lancée en mai 2022. Elle est consacrée aux médicaments utilisés en cancérologie et donne un aperçu rapide et succinct de chaque protocole de traitement, des précautions à prendre, des principaux effets indésirables à connaître et l’association de chimiothérapie et de radiothérapie. Il détaille également les modalités d’administration, le dosage, la durée d’administration, la fréquence et la séquence d’administration. Outre le Sénégal, le Guide sera distribué dans d’autres pays en Afrique subsaharienne et sera actualisé chaque année.

Pr Nawfel Mellas, vice-président de l’Aguthec : Le guide a permis d’améliorer la prise en charge des patients, tout en standardisant et actualisant les pratiques

Ce guide a été lancé en mai 2022. C'est la première référence nationale en matière de traitement anticancéreux, quel impact a-t-il eu sur la prise en charge des personnes souffrant de cancer ?

Il s’agit d’un travail de longue haleine, de plus de 24 mois, réalisé par des experts marocains reconnus et validé par des experts internationaux. Ce guide de prescription des anticancéreux constitue une première au niveau continental et a été très bien salué par les oncologues marocains. Ces derniers ont pu gagner énormément de temps au niveau de toutes les étapes liées notamment au diagnostic et au traitement, puisque le guide comprend tous les protocoles, les référentiels, la posologie et les effets secondaires liés aux différents traitements anticancéreux. Il s’agit d’une mine d’informations pour les oncologues marocains et je peux vous dire que les avantages du guide sur la prise en charge de leurs patients cancéreux sont nombreux. Ils ont ainsi pu améliorer la prise en charge de leurs patients, tout en standardisant et actualisant les pratiques. Le guide leur a également permis d’éviter quelques erreurs de prescription, d’établir le protocole adéquat à chaque cas et d’améliorer le suivi thérapeutique.

Quel est l'objectif de la présentation de ce guide au Sénégal ?

Il est destiné à tous les médecins-oncologues, aux pharmaciens hospitaliers, aux infirmiers et aux préparateurs, toutes nationalités confondues. C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes en train de le traduire en anglais pour les pays anglophones. C’était tout à fait naturel pour nous de partager cet ouvrage avec nos confrères africains. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du partenariat Sud-Sud, impulsé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et qui englobe tous les domaines, particulièrement ceux liés à la science et à la santé. Au Sénégal, les oncologues sont peu nombreux et font de leur mieux pour répondre à une demande très importante. Ce guide, qui a été distribué à titre gracieux, leur permettra de gagner beaucoup de temps, ce qui contribuera au traitement d’un nombre plus important de patients et donc à sauver des vies. Après le Sénégal, nous allons nous rendre à d’autres pays africains pour leur présenter ce guide référence. Tous les oncologues africains recevront les versions actualisées de cet ouvrage.

Quels sont, d'après vous, les autres points sur lesquels il faut se pencher pour améliorer la prise en charge des patients cancéreux au Maroc ?

Le Maroc a réalisé d’énormes avancées dans la prise en charge des patients cancéreux, grâce au Plan national de prévention et de lutte contre le cancer et les efforts consentis par la Fondation Lalla Salma contre le cancer. Le Maroc enregistre chaque année près de 50.000 nouveaux cas de cancer, en particulier le cancer du sein chez les femmes et celui des poumons chez les hommes. Il s’agit d’un problème majeur de santé publique qui ne concerne pas seulement le Maroc, mais tous les pays, même ceux développés.
Les principaux problèmes rencontrés ont trait à l’accessibilité des soins et la proximité des centres de traitement. Au Maroc, plusieurs progrès ont été réalisés dans ce sens ces dernières années. La généralisation de la couverture médicale permettra, pour sa part, de faciliter la prise en charge des patients. Ceci dit, beaucoup reste à faire en termes de sensibilisation au dépistage précoce. Il faut multiplier et renforcer les campagnes de sensibilisation et exploiter d’autres supports de communication comme le digital.