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Aprés ses propos sur le contrà´le des prix, Naam Miyara a-t-il bafoué la charte de la majorité ?

S’exprimant à  l’occasion de la célébration du 63e anniversaire de l’Union générale des travailleurs du Maroc qu’il préside, Naam Miyara n’a pas hésité à  attaquer ouvertement le gouvernement sur un sujet des plus brà»lants : la hausse des prix. Les propos de M. Miyara qui préside également la Chambre des conseillers, sont d’autant plus étonnants qu’ils viennent d’un membre du comité exécutif de l’Istiqlal qui est un allié du RNI et du PAM au sein de la coalition gouvernementale. La charte de la majorité a été encore une fois bafouée.

Aprés ses propos sur le contrà´le des prix, Naam Miyara a-t-il bafoué la charte de la majorité ?

Les engagements et les précautions contenus dans la charte de la majorité pour entretenir la solidarité entre les partis de la coalition gouvernementale semblent insuffisants. En effet, après la crise qui a secoué cette majorité lors de la discussion du projet de loi des Finances 2023 et qui a conduit à la mise à l’écart de Hicham Mouhajiri – alors chef du groupe parlementaire du PAM – pour avoir critiqué le gouvernement (il avait aussi auparavant critiqué le gouvernement au sujet du programme Forsa), le même scénario, ou presque, vient de se reproduire. Cette fois-ci, c’est Naam Miyara, membre du comité exécutif du Parti de l’Istiqlal et SG de l’organisation syndicale parallèle du parti, l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), qui adopte la même posture sévère à l’égard de l’équipe gouvernementale. Les déclarations qu’il a faites à Kalaat Sraghna à l’occasion de la célébration du 63e anniversaire de l’UGTM ont étonné plus d’un.

S’exprimant à cette occasion, il a ouvertement apostrophé le gouvernement au sujet de deux questions plutôt polémiques (sans parler d’autres messages qu’il a passés relatifs notamment à la marginalisation dont souffre la localité où il a tenu son meeting). Le premier sujet est en lien avec la cherté de la vie et la flambée des prix. «Ce que nous souhaitons, ce n’est pas des contrôles de prix sur la télévision, mais des contrôles qui permettent aux citoyens de sentir la différence», a-t-il déclaré à l'adresse du gouvernement. Et d’ajouter : «Nous disons au gouvernement, faites attention, nous n’allons pas continuer à observer le silence ! Les Marocains ont voté pour vous à une forte majorité. Nous vous avons accordé notre confiance. Mais après cette vague de flambée des prix, nous ne pouvons plus continuer à observer le silence», a-t-il tonné. Tout en multipliant les critiques en lien avec les prix, il a précisé que «le principe immuable est l’indépendance dans la prise de décision au sein du Parti de l’Istiqlal et son alignement en faveur de la classe ouvrière. Car celle-ci en a marre et les gens s’impatientent».

L’Istiqlal tempère, la coalition gouvernementale se prononcera ultérieurement 

Le deuxième sujet qui fâche abordé par M. Miyara concerne le dialogue social. Sur le même ton critique, il a déclaré : «La signature de cet accord n’est pas un blanc-seing qui permet au gouvernement de faire de nous ce qu’il veut. Il est temps de mettre en œuvre le reste des engagements prévus dans l’accord», a-t-il appelé. Ces propos sont d’autant plus étonnants qu’ils viennent d’un membre du comité exécutif de l’Istiqlal et président de la Chambre des conseillers, deux titres qui le placent de facto au comité de coordination de la majorité au niveau du Parlement ainsi qu’au niveau de la coordination de la majorité à la Chambre des conseillers. Ils remettent surtout en cause la solidité de la charte de la majorité. En effet, la sortie de M. Miyara a été jugée par nombre d’observateurs comme digne d’un militant de l’opposition.

Encore une fois donc la cohésion de la majorité est mise à l’épreuve, puisque les engagements pris par ses signataires n’ont pas été respectés de façon scrupuleuse. Et c’est l’Istiqlal qui est pointé du doigt cette fois-ci. C’est ce qui explique peut-être la tentative du chef du groupe istiqlalien à la Chambre des représentants, Noureddine Moudyane, de minimiser la portée des déclarations de son collègue au parti. M. Moudyane, tout en dénonçant les propos de M. Miyara, a tenu à préciser que ce dernier s’était exprimé en sa qualité de responsable syndical. «Cela ne concerne en rien le Parti de l’Istiqlal. Le parti continue à soutenir la majorité gouvernementale pour aller de l’avant dans son processus de réformes», a-t-il souligné lors de la dernière réunion de la Commission des finances et du développement économique ayant eu lieu mardi dernier.

Du côté du gouvernement, la réaction de Mustapha Baïtas, son porte parole, a été mi-figue mi-raisin. «Les déclarations de M. Miyara concernent la majorité et non pas le gouvernement», a-t-il dit lors d'un point de presse tenu jeudi à l'issue des travaux du Conseil du gouvernement. Et d’ajouter : «quand les partis membres de la coalition gouvernementale vont se réunir, ils vont exprimer les positions qui s’imposent à cet égard, ils vont émettre les observations et les remarques qu’il faut à ce propos», a-t-il précisé. Affaire à suivre donc.

Ce que dit la charte de la majorité

La charte de la majorité constitue un cadre institutionnel, moral et politique et un référentiel qui définit, coordonne et unifie les modalités d’action et de collaboration avec les différentes institutions gouvernementales et parlementaires, en vue de consolider et d’approfondir la cohésion entre les composantes de la majorité, et d’ouvrir de larges perspectives devant l’action commune et sérieuse pour mettre en œuvre le programme gouvernemental 2021-2026.

Cette charte et le plan d’action qu’elle renferme définit les garanties d’une démarche participative et solidaire, marquée par l’efficience et l’audace, visant à mettre l’action du gouvernement sur la bonne voie en vue de relever les défis du présent et de l’avenir, et de transformer la crise consécutive à la pandémie de la Covid-19 en une chance historique de renforcer les fondements d’un État social solide et équitable.
Cette charte a été signée par le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l'Istiqlal (PI) le 6 décembre 2021. Les leaders des trois partis s’engagent, en vertu de cette charte, à créer une synergie et une complémentarité entre les rôles et les missions des composantes de la coalition afin de leur permettre de tirer vers le haut leurs performances. «Cette charte est un contrat politique et moral liant les composantes de cette coalition pour atteindre les objectifs tracés par le programme gouvernemental et ceux électoraux des partis de la majorité», indiquent les signataires dans leur document.

Lire aussi : Flambée des prix : l'opposition fustige l’incapacité du gouvernement à tenir ses promesses

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