Avec le démarrage de l’opération Marhaba 2023 début juin, les Marocains résidant à l’étranger (MRE) commencent déjà à rentrer en masse au Maroc. Le retour, pendant les vacances d’été, de beaucoup d’entre eux est synonyme d’acquisition de biens immobiliers. De quoi redonner des couleurs à un secteur en pleine crise.
C'est ce que confirme Anice Benjelloun, vice-président de la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI) et président de son pôle Promotion immobilière : Il y a actuellement un effet favorable du retour des MRE sur le marché immobilier. D'ailleurs c'est saisonnier, chaque année le marché profite de la demande des MRE pendant l'été.
Pour sa part, Kevin Gormand, CEO & fondateur de Mubawab, tient à nuancer : «Le retour des Marocains résidant à l'étranger (MRE) dans leur pays d'origine peut avoir un effet sur les transactions immobilières. Les MRE ont traditionnellement joué un rôle important sur le marché immobilier marocain en raison de leur forte demande de biens immobiliers dans les régions où ils ont des liens familiaux. Cependant, ces dernières années, l'impact des MRE sur le marché immobilier a été faible en comparaison avec la période allant de 2000 à 2015». Et d’ajouter «Lorsque les MRE retournent au Maroc, ils peuvent chercher à investir dans l’immobilier, que ce soit pour leur propre usage ou comme un investissement à long terme. Leur retour peut stimuler la demande et avoir un impact sur les prix des propriétés, en particulier dans les régions populaires auprès des MRE».
Sur les cinq premiers mois de l’année en cours, la demande provenait principalement de MRE habitant en France (15% de la demande globale), Belgique (3%), Espagne, Pays-Bas & Etats-Unis (2% chacun), Allemagne, Canada et Italie (1% chacun), nous apprend Kevin Gormand. Ces clients potentiels sont principalement intéressés par les appartements (61% des demandes), villas (12%), terrains (11%), maisons (9%), riads (4%) et biens commerciaux (2%). Concernant les villes ciblées, Casablanca et Marrakech se partagent la première place du podium avec 19% des demandes chacune. Elles sont suivies de Tanger (11%), Rabat (7%), Agadir (6%) et Témara & Salé (3% chacune) et Kenitra (2%). Les biens livrables immédiatement ont le vent en poupe alors que les «ventes sur plan» ont beaucoup diminué, selon Gormand, mais continuent d’attirer spécialement chez les promoteurs jouissant d’un capital confiance auprès des MRE.
Les MRE cherchent des biens immobiliers balnéaires ou dans leurs villes d’origine
«Il y a effectivement une catégorie de Marocains du monde (MDM) qui acquiert des biens immobiliers pour leurs familles, dans leurs régions d’origine. A cela s’ajoutent ceux qui achètent un bien pour en faire leur résidence principale ou secondaire au Maroc dans des projets balnéaires», explique pour sa part Anice Benjelloun. Néanmoins, nuance Gormand, il convient de noter que l’effet du retour des MRE sur les transactions immobilières peut varier en fonction de plusieurs facteurs tels que l’économie globale, les politiques gouvernementales, les conditions du marché local et les préférences individuelles des MRE.
«Certes, les MRE jouent effectivement un rôle saisonnier important. Cependant, ce n’est pas la relance espérée par le secteur», nuance Anice Benjelloun, vice-président de la FNPI, ajoutant qu'il en faut beaucoup plus pour sortir le secteur de sa morosité : Leur effet sur le secteur est certes visible et s’étend sur tout le territoire national. Mais bien que ce phénomène persiste, il ne résout pas le problème de l’activité immobilière. «On est passé de 300.000 à 100.000 unités en production. Les autorisations de construire ont reculé de 50%, les plans déposés de 50%. Il y a également destruction d’emplois : entre 300.000 et 400.000», nous révèle Benjelloun. Et pour cause, explique-t-il, le secteur souffre de 4 problématiques majeures : l’inflation qui impacte à la hausse les prix des matériaux de construction, la cherté du foncier, les lourdeurs administratives et la fiscalité (taxes d’enregistrement, taxes de la protection civile…). Toutes ces charges sont supportées, au final, par l’acquéreur. Un frein non négligeable à l’acte d’achat.
>>Lire aussi: Le secteur immobilier a besoin d'une véritable reprise en main