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Samedi 04 Mai 2024
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Impacts psychologiques du séisme : les signes à surveiller chez les enfants

Le tremblement de terre qui a frappé la région d'Al Haouz le 8 septembre dernier aurait affecté plus de 100.000 enfants, entraînant de nombreuses séquelles psychologiques et sociales selon l’Unicef. Dans cet entretien, Dr Houda Hjiej, pédopsychiatre, nous explique l’impact d’une telle catastrophe sur les enfants sinistrés, ainsi que les signes à surveiller.

Impacts psychologiques du séisme : les signes à surveiller chez les enfants
Ph. AFP

Le Matin : Le séisme d’Al Haouz a provoqué un véritable choc, difficile à surmonter, pour les adultes, mais aussi pour les enfants. Comment peut-on l’expliquer ?


 

Dr Houda Hjiej : Comme toutes les catastrophes naturelles, le séisme que le Maroc a subi peut engendrer un choc traumatique aussi bien pour les adultes que les enfants. Le traumatisme dans ce genre de situation peut être dû à plusieurs facteurs notamment : le caractère imprévisible de l’événement, les images traumatiques des blessures et des décès, l’incertitude face à l’avenir… Le traumatisme réveille chez l’enfant comme sentiment de danger et de risque de perdre la vie pour lui ou pour un proche.
La réaction traumatique peut être aiguë sous forme de symptômes intenses d’anxiété, de flash-back, de comportement d’évitement parfois même des réactions confusionnelles. Ces symptômes peuvent persister et se développer avec le temps. Quand ils persistent au-delà d’un mois le patient rentre alors dans un état de stress post-traumatique chronique.

>>Lire aussi : Le séisme est une agression psychologique qu’il faut suivre et traiter (Dr. Tyal)

Quels sont les signes auxquels il faut faire attention chez l’enfant ?

Chez l’enfant, il faut faire attention à l’apparition de certains symptômes comme les troubles du sommeil, la perte de plaisir, l’apathie, l’instabilité psychomotrice excessive, des cauchemars répétitifs, le retour des images traumatiques de façon répétitive (réviviscence), l’énurésie secondaire, l’irritabilité ainsi que les troubles de concentration.
Il est également à noter que la réaction face au traumatisme peut varier selon plusieurs facteurs comme la fragilité psychologique de l’enfant, les expériences douloureuses précédemment vécues, sa sensibilité à la peur, ainsi que son état de santé physique et mentale et l’âge à la survenue du traumatisme. Il existe aussi d’autres facteurs tels que la sévérité, l’intensité et la durée du traumatisme, son impact émotionnel, sa proximité, ses conséquences physiques, l’existence ou pas de soutien psychologique social et familial après le traumatisme…
De ce fait, les enfants qui ont vécu ce traumatisme de près ou de loin vont avoir besoin de réacquérir un sentiment de sécurité à travers des expériences positives et le réconfort que pourrait leur apporter le soutien psychologique social et familial.
Les enfants ont besoin en premier lieu de soins physiques de se sentir en sécurité et de pouvoir se projeter dans l’avenir. Mais aussi d’une attention particulière à travers une écoute attentive et régulière. Cette écoute peut être facilitée chez les enfants par des activités intermédiaires comme le jeu, le dessin, la narration ou autres.

Quel comportement faut-il adopter avec ces enfants ?

La présence d’adultes rassurants et sécurisants est importante. Les parents doivent aussi être accompagnés, car souvent la réaction des enfants va dépendre du degré d’angoisse manifestée par les parents. Il est important de redonner à ces enfants des repères dans le temps et l’espace et de les aider à reprendre rapidement leurs routines habituelles à savoir aller à l’école, recommencer les activités habituelles, les jeux…

Des équipes de spécialistes se relaient pour soutenir ces enfants ...

Dès les premiers jours qui ont suivi le tremblement de terre, les différentes associations de pédopsychiatres, psychologues et psychiatres se sont rendues sur place pour soutenir les parents et enfants victimes du séisme. D’autres se sont organisées pour des consultations à distance pour toutes les personnes qui en ont besoin.

Enfin, quels conseils pouvez-vous donner aux parents dans les villes pour sensibiliser les enfants à ce genre de situation et les aider à surmonter le choc ?

Ce qu’on voit actuellement en consultation, c’est des parents traumatisés qui parlent sans retenue de leur vécu traumatisant devant les enfants.
On conseille aux parents de faire attention à leurs réactions émotionnelles, d’éviter d’en parler devant les enfants, de s’adresser à un professionnel afin de demander de l’aide si besoin est. Il est aussi recommandé d’éviter d’exposer les enfants de façon répétitive aux images du traumatisme et de reprendre rapidement leur routine habituelle. Les parents doivent aussi être à l’écoute des émotions exprimées par leurs enfants et ne pas banaliser leurs ressentis.

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