Les symptômes post-traumatiques chez les familles ayant perdu des proches lors du séisme du 8 septembre sont d'une complexité psychologique profonde. Mohamed Hachem Tyal a décrit cette expérience comme une manifestation de ce que l’on appelle «une expérience des froids», dans le langage de la psychanalyse. Cette expérience se caractérise, selon lui, par une souffrance psychologique intense et un profond désarroi psychique qui affectent profondément les individus impliqués.
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La peur rend les citoyens vulnérables aux problèmes psychologiques
Pour les personnes ayant vécu cette tragédie, la peur peut persister ou disparaître en fonction de leurs propres capacités à rétablir un équilibre et à métaboliser la situation, a précisé Dr. Hachem Tyal. Il a noté, dans ce sens, que l'être humain a une remarquable capacité de résilience, qui peut fonctionner de différentes manières. Certaines personnes semblent reprendre rapidement le cours de leur vie, faisant comme si rien ne s'était passé. Cependant, d'autres sont confrontées à une peur persistante, les rendant «vulnérables à des agressions psychologiques», les empêchant de retrouver leur vie normale.
Et d’ajouter que «le degré de peur peut varier considérablement, et lorsque la peur est extrêmement intense, elle peut devenir invalidante. Les conséquences à moyen et long termes de cette peur intense peuvent être dévastatrices».
Pour faire face à cette situation, le psychanalyste a recommandé de mettre à disposition des citoyens des régions éloignées un accès aux services de psychiatres et de psychologues. De plus, des caravanes de soutien psychologique doivent être mises en place en coordination avec les ministères de la Santé et de l'Intérieur.Les enfants, la première catégorie impactée par les effets du séisme
En ce qui concerne les enfants, ils sont particulièrement vulnérables sur le plan psychologique. Selon Dr. Hachem Tyal, les enfants, par définition, sont fragiles au niveau psychologique, expliquant que la peur de l’idée de retourner chez eux est une manière de s’exprimer, parce qu’ils n’ont pas encore développé de mécanismes de défense nécessaires pour faire face à une agression psychologique de cette ampleur.
Lorsqu'un enfant est exposé à un événement aussi traumatisant qu'un séisme, il peut réagir de différentes manières en fonction de son âge, de sa personnalité et de ses ressources internes. Certains enfants peuvent manifester immédiatement des signes de détresse, tels que des cauchemars, des pleurs fréquents, des crises de panique ou des comportements d'évitement. D'autres peuvent sembler initialement peu affectés, mais le traumatisme peut émerger plus tard sous la forme de problèmes de comportement, de difficultés scolaires, d'isolement social ou de troubles émotionnels.
Le psychiatre a signalé, à cet égard, que «si ces enfants ne reçoivent pas un soutien adéquat et si leur psyché ne parvient pas à réparer les impacts psychologiques de cette expérience. Ces traumatismes peuvent se manifester sous forme de troubles mentaux, de troubles de sommeil et des problèmes psychologiques à l’adolescence et à l’âge adulte».
Pour dépasser ces complexités, Dr Hachem a indiqué qu’il est crucial de calmer, de normaliser et d'expliquer la situation aux enfants afin d'éviter le développement de problèmes psychologiques durables, ainsi que la construction de représentations erronées qui pourraient avoir un impact sur toute leur vie.