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Samedi 18 Mai 2024
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L’artiste Bouchra Khalili questionne la migration et la mobilité

Finaliste du prestigieux Prix Marcel Duchamp, Bouchra Khalili expose le fruit de son travail au centre Pompidou le 4 octobre prochain. Son exposition se penche sur la question du droit fondamental à la mobilité.

L’artiste Bouchra Khalili questionne la migration et la mobilité
Silhouette Of Refugees People With Luggage Walking In A Row

En France, être finaliste du prix Marcel Duchamp est la reconnaissance d’un rayonnement international. Dédiée aux artistes français ou résidents en France, la récompense atteste d’un parcours artistique des plus représentatifs de sa génération. En 2023, la Marocaine Bouchra Khalili fait partie des quatre finalistes de ce prix après un parcours lumineux qui l’a amenée à exposer dans les quatre coins du monde, en particulier au Palais de Tokyo à Paris en 2015 et au Moma à New York en 2016. L’artiste s’apprête à dévoiler son travail début octobre au Centre Pompidou, à Paris.

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Tout au long de son parcours, Bouchra Khalili a développé une approche artistique qui oscille entre documents historiques et fictions. Son objectif n'est pas de documenter de manière objective ou de commenter l’actualité, mais plutôt de créer des espaces d'expression collective où les différentes subjectivités contribuent à une histoire plurielle. Son projet pour le Prix Marcel Duchamp, qui sera montré le 4 octobre prochain, poursuit cette approche en formant une constellation d'œuvres – vidéos, affiches, photographies – autour d'un film inédit. L'interrogation sur la mobilité humaine et pourquoi celle-ci est devenue un privilège plutôt qu'un droit fondamental est au cœur du projet artistique de Bouchra Khalili. Les autres finalistes du prix sont l’Algérien Massinissa Selmani, le Palestino-Suédois Tarik Kiswanson et la Française Bertille Bak. Le lauréat de l’édition sera dévoilé le 16 octobre. 

La migration, une question lancinante pour Bouchra Khalili

L’intérêt pour la migration et les questions adjacentes ne date pas d’hier chez Bouchra Khalili. Née à Casablanca en 1975, l’artiste a été témoin depuis son adolescence des flux massifs d'émigration des Marocains vers l'Europe. Dans les années 1990, les pateras de la mort commencèrent à obnubiler la jeunesse marocaine au point de la jeter dans le ventre de la mer. Ce contact précoce avec les réalités des déplacements humains la pousse à questionner la place des immigrés dans la société. Les frontières géographiques, l’identité et la distinction arbitraire entre les personnes ont déjà alimenté ses premières photos prises à l’adolescence et plus tard, durant ses études en théorie du cinéma et arts visuels à l'École nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy. Depuis une quinzaine d’années, son œuvre se concentre sur l'expérience du déracinement des populations immigrées ainsi que sur la puissance de la transmission orale des récits comme moyen de résistance.

Les événements de 1973, marqués par une grève de la faim initiée par des travailleurs arabes en France pour de meilleures conditions de travail et des droits fondamentaux, se trouvent au cœur de nombre de ses récents travaux. Ces travailleurs, jusque-là dans l'ombre, ont trouvé leur voix grâce au Mouvement des travailleurs arabes (MTA), créé un an auparavant, et ont utilisé le théâtre pour mettre en scène leurs expériences et revendications.

Les dernières créations de Bouchra Khalili, les films «The Circle» et «The Storytellers», actuellement exposés à la fondation Luma Arles, reprennent ces thèmes. Ils capturent les narrations issues de pièces de théâtre jouées il y a cinquante ans, mettant en avant l’engagement de l’artiste envers l'expérience des immigrés et la transmission des récits. Conteuse des temps moderne, Bouchra Khalili se démarque par son approche artistique multisupport et une thématique qui dépasse la dimension esthétique de l’art pour plonger dans le questionnement philosophique.

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