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Maintien du taux directeur : peu attendu mais pas surprenant

Après trois relèvements successifs de 50 points de base depuis septembre 2022, Bank Al-Maghrib (BAM) décide de maintenir inchangé son taux directeur à 3% ce mois de juin. Pour Attijari Global Research (AGR), cette décision ressort en décalage avec le consensus du marché qui prévoyait un nouveau relèvement d’au moins 25 points de base. Les experts des équilibres macroéconomiques, eux, n'entrevoyaient pas de hausse. Que faut-il en penser ?

Maintien du taux directeur : peu attendu mais pas surprenant
Bank Al-Maghrib

Le Conseil de Bank Al-Maghrib a maintenu inchangé le taux directeur à 3% lors de sa réunion de mardi dernier, après trois hausses successives d'un total de 150 points de base. Une pause donc dans le cycle de resserrement de la politique monétaire, alors que le consensus du marché prévoyait un quatrième relèvement. Comme l'expliquer ?

La décision de Bank AL-Maghrib de maintenir le taux directeur est en cohérence avec l’inflexion des prix à la consommation

«Après trois relèvements successifs de 50 points de base depuis septembre 2022, la Banque centrale a décidé de maintenir inchangé son principal taux directeur (TD) à 3% en juin 2023, soit à son plus haut depuis 2014», commente Attijari Global Research dans son dernier «Research report Fixed income», notant que «cette décision ressort en décalage avec le consensus du marché qui prévoyait un ralentissement du rythme de hausse du TD en juin 2023 à +25 pbs». Néanmoins, ce statu quo «peu attendu» demeure en cohérence avec l’inflexion baissière des prix à la consommation au Maroc, et ce depuis mars 2023. «Après avoir atteint un pic de près de 30 ans à 10,1% à fin février 2023, l’inflation a ralenti pour le troisième mois d’affilée pour atteindre les 7,1% en mai 2023. Toutefois, l’inflation alimentaire, principale composante du panier du consommateur marocain, demeure élevée à 15,6% en mai 2023 et l’inflation sous-jacente ressort à 6,4% durant la même période», détaille AGR.

Les experts des équilibres macroéconomiques ne s'attendaient pas à une augmentation du taux directeur

Commentant la décision de BAM, l’économiste et spécialiste des politiques publiques, Abdelghani Youmni, déclare au «Matin» que «cette décision est tout sauf une surprise», si l’on tient compte de la «politique macroprudentielle et accommodante dans la gestion de la politique monétaire au Maroc, qui est l’essence de l’ADN de Bank Al-Maghrib». «L’augmentation n’était pas attendue par les experts et les connaisseurs des évolutions des équilibres macroéconomiques et budgétaires du Royaume. Le Maroc va mieux, et il faut donc que le climat des affaires et les investisseurs des secteurs industriel et immobilier puissent aspirer à la relance et le taux directeur est une clé de la relance économique», nous indique M. Youmni.

Cette décision, souligne l’économiste, est un agrégat des conclusions de l’évaluation de l’évolution positive des cours des matières premières, surtout le gaz et le pétrole et les denrées alimentaires à l’international. La baisse a permis le ralentissement de l’augmentation des prix à la consommation, donc de l’inflation qui perd 2 à 4 points dans l’ensemble des pays du monde. Aussi, elle va dans le sens des décisions des Banques centrales mondiales qui maintiennent les taux pour amortir les effets sur la croissance économique qui semble être faible et atone et ne dépassant pas les 4,5% pour l’ensemble des pays pour 2023. De même, la décision du Conseil de BAM, poursuit M. Youmni, prend en compte le fait que «les taux des crédits bancaires ont augmenté de 53 points de base, et qu'une augmentation de 50 points de base du taux directeur pourrait entraîner des surenchères, et nous éloigner des deux objectifs de la Banque centrale, à savoir la maîtrise de l'inflation et le renforcement de l'assise d'une croissance économique forte et de qualité».

Qu'en est-il des répercussions du maintien du taux directeur à 3% sur la parité dirham/euro ?

Toujours en rapport avec la décision de BAM, M. Youmni fait observer que «pour la première fois depuis 18 ans, le taux directeur de BAM (qui est de 3%) est inférieure à celui de la Banque centrale européenne (BCE) qui est de 3,75%. «Cela peut avoir des répercussions sur le cours du dirhams face à l’euro», souligne l’économiste, notant toutefois que «ces répercussions seront légères». «Pour une fois, la monnaie est moins chère au Maroc que dans la zone euro, et cela est dû à l’inflation et non vraiment à la politique monétaire de la BCE qui est une politique expansionniste de nature», explique l’économiste.

Inflation : aux entreprises d'agir pour le maintien du pouvoir d'achat

La décision de BAM permettra-t-elle de contenir l’inflation ? En réponse à cette question, M. Youmni précise que «la politique monétaire accommodante de Bank Al-Maghrib et la non-convertibilité totale du dirham sont le réel rempart contre une inflation à deux chiffres». Les autres adoucisseurs de l’inflation, ajoute-t-il, sont les mesures gouvernementales de subventions par la compensation et la pluviométrie dans un pays à forte population rurale. Pour lui, la non-convertibilité du dirham sauve aujourd’hui et sauvera l’économie marocaine des spéculations monétaires et des dévaluations par effet cliquet.

«Dans ces conditions, l’inflation que nous avons vécue n’a jamais été monétaire, elle a été subie puis alimentée par une composante majeure importée et virale qui aujourd’hui s’atténue partout et le Maroc, pays ouvert et mondialisé, tire profit de cette accalmie», affirme M. Youmni. Et d’ajouter qu’aux États-Unis, l’inflation passerait de 8% en 2022 à 4,4% en 2023 et dans la zone euro elle atteindrait 3,3% contre 8,8% en 2022. Ces améliorations n’épongent pas la cherté de la vie et les pertes de pouvoir d’achat qui se sont installées. À mon avis, l’intervention des Banques centrales pour venir à bout de l’inflation importée et géopolitique est salutaire. C’est au tour des entreprises aujourd’hui de jouer les pompiers du pouvoir d’achat en augmentant les salaires, car leurs profits résultant des hausses des prix ont été surdimensionnés».

Lire aussi : Bank Al-Maghrib maintient le taux directeur inchangé à 3%

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