Plus que jamais, le Maroc et l’Espagne sont conscients de leur communauté de destins et de la nécessité de développer une coopération solide et mutuellement bénéfique. C’est incontestablement la raison pour laquelle les relations entre Rabat et Madrid ne se sont jamais aussi bien portées. Et c’est ce qui explique aussi la ferme détermination affichée de part et d’autre pour l’édification d’un partenariat global et renouvelé, à la hauteur des enjeux du 21e siècle.
Communauté de destin, une responsabilité partagée
Les responsables marocains et espagnols l’ont bien compris. Leur histoire commune, leur proximité géographique et les défis imposés par leur environnement géopolitique font qu’ils ne peuvent que coopérer et coordonner dans le cadre d’une vision convergente qui prend en compte leurs besoins et leurs aspirations respectifs. Économiquement, les deux pays se complètent et peuvent nouer des partenariats exemplaires. Mais, c’est surtout face aux défis globaux que leur coopération revêt une importance primordiale. Pédro Sanchez a déclaré, en avril dernier devant le Congrès des députés à Madrid, que «le Maroc est un pays ami, un allié fondamental pour le développement économique de l’Espagne et notre porte d’entrée vers l’Afrique, ainsi qu’un allié fondamental pour notre sécurité et dans la gestion de l’immigration ordonnée dans notre pays et sur le continent européen».
Le 7 avril 2022, le tournant !
C’est un nouveau palier qui a été franchi dans les relations entre les deux Royaumes et un grand saut qualitatif a été effectué par les deux voisins. Cette date marque le début d’une nouvelle ère dans les relations entre les deux Royaumes qui ont donné ainsi une impulsion inédite à leur partenariat.
C’est ainsi que les deux pays ont établi une Feuille de route durable et ambitieuse, annoncée par un document rendu public à l’issue des discussions entre le S.M le Roi Mohammed VI et le Président du gouvernement espagnol lors de la visite de ce dernier à Rabat en avril 2022.La 12e Réunion de Haut Niveau a tenu toutes ses promesses
Rabat et Madrid ont tenu, près de dix mois plus tard, leur deuxième Réunion de Haut Niveau dans la capitale marocaine. Ce rendez-vous exceptionnel a insufflé une nouvelle dynamique aux relations entre les deux pays voisins et confirmé leur détermination à bâtir de concert un partenariat stratégique et tourné vers l’avenir. Co-présidée à Rabat par le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, cette Réunion de Haut Niveau a vu la signature de plusieurs accords de coopération dans différents secteurs comme l’éducation, la gestion de la migration, le tourisme, les infrastructures, les ressources en eau, l’environnement, l’agriculture, la formation professionnelle, la sécurité sociale, le transport, la sécurité sanitaire et la recherche et développement. Mieux encore, la Déclaration conjointe adoptée à l’issue de cette importante réunion, a souligné l’engagement des deux parties à perpétuer les relations d’excellence qui les ont toujours liés et à les enrichir en permanence.
Dans le même document, les deux pays ont exprimé leur engagement à promouvoir les échanges commerciaux et les investissements pour la mise en œuvre de projets de développement communs dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant. Ils ont, en outre, souligné leur attachement à la préservation et à la consolidation de la relation Maroc-Union européenne (UE) et leur volonté de développer davantage le Statut avancé du Maroc auprès de l’UE, le prochain Conseil d’association étant une occasion importante dans ce sens.La coopération économique se consolide
La dynamique qui caractérise les relations entre le Maroc et l’Espagne traduit une volonté commune de garantir le développement des deux pays dans de nombreux domaines et notamment le secteur économique. Cette dynamique se traduit déjà par une amélioration des indicateurs liés aux échanges commerciaux entre les deux pays. Des entreprises espagnoles de différents secteurs et tailles entretiennent également des relations commerciales avec le Maroc, faisant de l’Espagne le premier client et fournisseur de ce marché. En 2021, l’Espagne était le troisième pays en termes de stock d’investissement. Partant de ce constat, les acteurs économiques s’emploient pour promouvoir davantage les investissements au Maroc touchant ainsi de nombreux secteurs comme les énergies renouvelables ou encore la gestion de l’eau. C’est dans cette optique que s’inscrit la Rencontre Entrepreneuriale Espagne-Maroc, qui se tient aujourd’hui à Casablanca en présence notamment d’une délégation de 58 entreprises espagnoles à la recherche de partenaires locaux potentiels leur permettant de s’établir ou de se consolider dans le territoire marocain. Ces sociétés appartiennent à différents secteurs économiques, notamment les énergies renouvelables et la gestion de l’eau, l’environnement, le secteur industriel, les infrastructures de transport, l’éducation et les entreprises
de services.Rencontre entrepreneuriale Espagne-Maroc : plus de 130 rendez-vous B2B déjà programmés !
La Rencontre entrepreneuriale Espagne-Maroc, qui se poursuit jusqu’au 8 juin à Casablanca, vise à promouvoir les investissements entre les deux pays. «Cet événement se déroulera en présence de Xiana Méndez, secrétaire d’État au Commerce d’Espagne et présidente d’Icex Trade and Investment, ainsi qu’une délégation de 58 entreprises espagnoles à la recherche de partenaires locaux potentiels leur permettant de s’établir ou de se consolider dans le territoire marocain», indique un communiqué de l’ambassade d’Espagne au Maroc.
Les sociétés participantes appartiennent à différents secteurs économiques, notamment les énergies renouvelables et la gestion de l’eau, l’environnement, le secteur industriel, les infrastructures de transport, l’éducation et les entreprises de services.La Rencontre est consacrée notamment au développement des affaires et à la promotion des relations entre les acteurs locaux et les représentants espagnols. Cet événement sera rythmé par des panels abordant de nombreuses thématiques qui intéressent les investisseurs. Ainsi, deux panels d’experts avec la collaboration d’entreprises et d’organismes publics sont programmés. Le premier panel, intitulé «Espagne-Maroc : vers un partenariat économique consolidé», souligne l’importance des relations économiques et commerciales hispano-marocaines, ainsi que les opportunités d’investissement sur le marché marocain. Le second panel, intitulé «Financement de l’investissement au Maroc», porte sur les instruments dont disposent les entreprises pour financer ces opportunités d’investissement. Par la suite, des workshops seront organisés autour des énergies renouvelables et l’environnement, des infrastructures, du secteur industriel et l’éducation au Maroc. Le programme comprend aussi des sessions B2B, rencontres bilatérales entre les sociétés espagnoles et leurs potentiels partenaires locaux, sur invitation des Bureaux économiques et commerciaux de l’Ambassade d’Espagne au Maroc. Le 8 juin sera entièrement dédié aux réunions B2B. Au total, plus de 130 rendez-vous sont déjà programmés pour favoriser d’éventuelles ententes de collaboration.*******************
Échanges commerciaux : de record en record
Les exportations espagnoles vers le Maroc ont bondi de 23,6% en 2022 à 11,75 milliards d’euros, battant le record de l’année précédente qui affichait 9,5 milliards d’euros. En face, les importations espagnoles depuis le Maroc ont progressé de 19,1% à 8,7 milliards d’euros. Sur la période 2011-2021, la progression des exportations marocaines vers l’Espagne (+8,3% par an en moyenne) était plus rapide que celle des importations marocaines en provenance de ce pays (+7,8%).
De record en record. Les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Espagne, qui n’ont cessé de se développer, démontrent la solidité des partenariats politique et économique entre les deux voisins. En 2022, les exportations espagnoles vers le Maroc qui ont bondi de 23,6% ont battu le record enregistré en 2021 (9,5 milliards d’euros). En face, les importations espagnoles depuis le Maroc ont progressé de 19,1% à 8,7 milliards d’euros. Ces chiffres sont ceux de la Douane espagnole. Selon les statistiques de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) du ministère de l’Économie et des finances marocain, «entre 2011 et 2021, les échanges bilatéraux ont enregistré un taux de croissance annuel moyen de 8%. La progression des exportations vers l’Espagne (+8,3% par an en moyenne) est plus rapide que celle des importations en provenance de ce pays (+7,8%)». Avec ces performances, l’Espagne a damé le pion depuis plusieurs années à la France, historiquement premier partenaire du Maroc. Avant 2014, Madrid se positionnait deuxième avec une part dans les exportations marocaines de 18% en moyenne entre 2000 et 2010, contre 26% pour la France.
L’Espagne, premier partenaire commercial du Maroc
Aujourd’hui, l’Espagne est incontestablement le premier partenaire commercial du Maroc (avec une part de 17,9% du total des échanges en 2021, en hausse de 4,6 points depuis 2011). Elle est son premier client (21,5%, +3,2 points) et premier fournisseur (15,7%, +4,7 points). Quant à la part du Maroc sur le marché espagnol, celle-ci est passée de 1,2% en 2011 à 2% en 2021. Avec 3% des exportations totales, le Maroc est le troisième client de l’Espagne hors UE en 2022, juste derrière les États-Unis et le Royaume-Uni et devant la Chine (2,1% des exportations espagnoles). Le Maroc était le treizième fournisseur de l’Espagne en 2022, avec 1,9% du total de ses importations.
Hausse de 18,6% des exportations espagnoles au premier trimestre 2023
À fin mars dernier, les exportations espagnoles vers le Maroc ont atteint 3,251 milliards d’euros, en progression de 18,6% par rapport à la même période un an auparavant. Il s’agit là d’une décélération comparativement au premier trimestre 2022 de l’année précédente où elles avaient augmenté de 23,6%. Selon les chiffres de la Douane espagnole, à fin mars dernier, les importations espagnoles en provenance du Maroc ont enregistré une hausse de 8,2% à 2,395 milliards d’euros.
Pour une intégration intra-industrielle renforcée
En plus du développement de leurs échanges commerciaux, le Maroc et l’Espagne se sont engagés dans un processus d’intégration intra-industrielle important. Bien entendu, les deux parties ont compris et se sont forgées la conviction mutuelle qu’il est possible d’assurer, via un partenariat bilatéral, un meilleur développement économique et social. L’agriculture, le textile et l’automobile sont des secteurs où les échanges entre les deux pays sont très développés à travers des chaînes de valeur intégrées. Les équipements, accessoires et composants automobiles représentent l’un des exemples les plus performants dans ce sens.
Hausse du nombre des entreprises exportatrices vers le Maroc
En 2022, quelque 18.673 entreprises espagnoles ont réalisé des exportations vers le Maroc. Ce qui représente une hausse de 5,8% par rapport à 2021. Plus de 33,6% (6.274 entreprises) sont des exportateurs réguliers. L’année dernière, l’Espagne a été le premier client commercial du Maroc (20% de ses exportations totales). La France arrive en deuxième position (19%). Suivent l’Inde (6%), l’Italie (4%) et le Brésil (4%) notamment.
Transferts de fonds des Marocains d’Espagne : un record en 2021!
En 2021, les transferts des Marocains résidant (MRE) en Espagne ont atteint un record de 13,3 milliards de DH, en hausse de 54% par rapport à 2020. Ces transferts représentent 14,2% des transferts globaux des MRE contre 12,7% en 2020 et 8,8% en 2019. Sur un autre registre, les recettes voyage générées par les touristes espagnols se sont établies à 3,2 milliards de dirhams en 2021, en repli de 4,8% après une chute de 49% en 2020. Cette mauvaise performance est la conséquence de la crise sanitaire Covid-19 (restrictions aux voyages internationaux). Cependant, leur part dans les recettes totales a augmenté pour atteindre 9,4% en 2021 après 9,3% en 2020 et 8,4% en moyenne en 2017- 2019.
IDE : la part de l’Espagne à 4,8% en moyenne entre 2011 et 2021
S’établissant à 1,6 milliard de dirhams en 2021, les investissements directs étrangers (IDE) espagnols ont enregistré une baisse de 8,5% par rapport à 2020. «Leur part dans les flux totaux d’IDE reçus par le Maroc est passée à 5,2% en 2021, contre un pic de 6,9% en 2020 et un creux de 3,3% en 2016. Sur la période 2011-2021, la part des IDE espagnols au Maroc s’est établie à 4,8%, niveau jugé important par rapport à la taille économique de l’Espagne», note la DEPF. Selon cette dernière, à fin septembre 2022, les recettes d’IDE espagnoles ont enregistré une hausse de 16,3% à 31,4 milliards de dirhams. Mais, la part de l’Espagne a reculé à 4,5% (contre 5,4% en janvier-septembre 2021), derrière la France (27%), les États-Unis (23,5%), les Émirats arabes unis (10,2%) et la Grande Bretagne (9,3%).
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Énergie, agriculture, automobile, eau... les secteurs clés de la coopération économique
Le Maroc et l’Espagne sont sur un rythme de croissance positif qui alimente le renforcement de la coopération bilatérale. Encouragés par la proximité géographique et l’excellence des relations bilatérales, les acteurs économiques des deux pays s’ouvrent sur de nouveaux secteurs prometteurs qui représentent des défis économiques communs. Il s’agit notamment du secteur des énergies renouvelables, de la gestion de l’eau et de l’automobile. Le renforcement des liens économiques entre les deux pays passe également par le transfert de technologies et d’expertise. En témoigne la mise en œuvre dernièrement du projet d’appui à la consolidation des Centres techniques industriels (CTI) comme plateformes au service des entreprises industrielles pour accroître leur productivité, leur qualité, leur innovation et leur intégration au sein des filières.
Véritable hub d’investissement en Afrique, le Maroc s’est érigé au fil des années en une destination de prédilection des entreprises espagnoles en quête d’un climat favorable aux affaires et à la création de valeur, confirmant le statut de l’Espagne en tant que partenaire de premier plan du Royaume au niveau économique et commercial. Mettant à profit la grande proximité géographique entre les deux pays, les entreprises espagnoles ont pu s’intégrer sans difficulté dans la dynamique économique nationale, marquée par l’éclosion d’écosystèmes industriels performants et la montée en force des métiers mondiaux du Maroc. Depuis 8 ans, l’Espagne représente le premier fournisseur et client du Maroc, ce qui a valu à ses opérateurs économiques une position particulière et un accès fluide au marché national, comme en témoigne aujourd’hui le poids de ces structures dans plusieurs secteurs économiques clés au Royaume. Quatrième économie de la zone euro, l’Espagne ne cesse de développer de nombreux secteurs et de réaliser des performances notamment dans les infrastructures, les énergies renouvelables, etc.
Cumulant une bonne expertise dans ces domaines, le pays s’emploie à faire profiter son voisin du Sud de ces avancée. Ainsi, et pour une coopération plus efficace et porteuse de valeur ajoutée, l’Espagne continue de promouvoir ses investissements au Maroc tout en priorisant le transfert de technologie et de know-how. De plus, ces investissements participent fortement à la création de l’emploi et contribue à l’intégration économique.La gestion de la rareté d’eau, un défi commun
Les défis du Maroc pour la gestion des ressources en eau, qui sont semblables à ceux de la partie méridionale de l’Espagne, ont conduit à un échange intense entre les deux pays pour bénéficier des expériences mutuelles dans ce secteur. L’on cite notamment l’expertise de sociétés privées espagnoles, dans les cas de l’unité de dessalement de Jorf Lasfar, construite par Cadagua pour le Groupe OCP, de l’unité de dessalement d’Al Hoceïma, construite par Tedagua pour l’ONEE, et de l’unité d’ozone pour la potabilisation de l’eau des barrages de la rivière Bouregreg, construite par Acciona pour l’ONEE dans la région de Rabat. En 2022, le partenariat conclu entre la société espagnole Abengoa, l’ONEE et le ministère marocain de l’Agriculture a permis de mettre en service la Station de dessalement de l’eau de mer d’Agadir qui fournit de l’eau potable pour la ville d’Agadir et sa région, ainsi que de l’eau pour l’irrigation des exploitations agricoles de la région de Chtouka. Les deux pays ne manquent pas d’ailleurs d’insister dans leurs échanges sur l’excellente collaboration dans le domaine de l’eau et de réaffirmer leur intérêt à la renforcer davantage, notamment en matière de dessalement, de gestion intégrée des ressources en eau et de réutilisation des eaux usées. À ce titre, il est à rappeler la signature des trois Accords de coopération de haute importance :
- Mémorandum d’entente entre le ministère de la Transition écologique et le Défi démographique et le ministère de l’Équipement et de l’eau.
- Mémorandum d’entente entre l’Agence du bassin hydraulique du Loukkos et la Confédération hydrographique de Segura, qui actualisera la déclaration d’intentions de 2015.
- Mémorandum d’entente entre l’Agence du bassin hydraulique de Tensift et la Confédération hydrographique de Guadalquivir.
L’Espagne et le Maroc se félicitent également de la signature en avril 2019 d’un Mémorandum d’accord pour la promotion des activités de collaboration en matière de météorologie et de climatologie entre la Direction générale de la météorologie (DGM) et l’Agence nationale de la météorologie du Royaume d’Espagne (AEMET), dans le cadre duquel un plan d’action de mise en œuvre a été établi et sera incessamment mis en œuvre.
Les énergies renouvelables, des opportunités d’avenir
Le Maroc et l’Espagne se sont engagés à renforcer leur partenariat énergétique. Les deux pays planchent sur l’activation du Mémorandum d’entente relatif au développement d’une troisième interconnexion électrique Maroc–Espagne, signé en février 2019. Ce mégaprojet porte sur une nouvelle liaison électrique de 700 MW. Sa mise en service est prévue avant 2026 pour un investissement de 150 millions d’euros, soit près de 1,6 milliard de DH. Le projet sera financé à parts égales par les opérateurs d’électricité des deux pays : l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et Red Electrica de España. Il faut dire que le secteur des énergies est l’un des secteurs où les entreprises espagnoles ont développé une grande expertise dont elles peuvent faire profiter le Maroc pour sa stratégie du mix énergétique. Pour donner un coup de pouce à ces perspectives de coopération, les deux gouvernements ne cessent de rappeler l’importance de ce secteur stratégique que sont les énergies renouvelables. Dans le cadre du partenariat paraphé en février dernier, les deux pays ont souligné l’importance d’une coopération dans les projets menés en vue d’une décarbonisation de l’économie, qui offrent un grand potentiel pour les investisseurs : projets dans les énergies renouvelables, stratégie d’efficacité énergétique. Dans ce même registre, le Maroc et l’Espagne se sont félicités de la signature par les 2 royaumes, en plus du Portugal, de la France et de l’Allemagne, le 8 novembre 2022, de la «Set Roadmap», qui vise à intégrer les marchés électriques d’origine renouvelable des pays concernés. À noter également la signature du MoU d’un «Partenariat vert» entre le Maroc et l’UE ayant pour objectif de renforcer la coopération en matière d’énergie, de lutter contre le dérèglement climatique, de protéger l’environnement et de stimuler «l’économie verte»
Automobile : une vocation qui se confirme
L’industrie automobile marocaine qui attire les leaders mondiaux du secteur témoigne de l’intérêt grandissant des entrepreneurs espagnols à l’investissement au Maroc. Ainsi, l’installation des constructeurs automobiles Renault et Peugeot PSA au Maroc a fait en sorte que leurs fournisseurs espagnols ont mis le cap sur le Royaume. Leur positionnement stratégique a été payant puisqu’en dépit, entre autres, des fluctuations de la demande du marché automobile européen, les exportations des entreprises espagnoles de composants automobiles vers le Maroc ont augmenté en valeur deux années de suite (2021 et 2022), et sont appelées à rester sur cette tendance haussière. L’exemple est celui du groupe espagnol Bamesa qui a implanté une usine de découpe d’acier à Tanger, pour un investissement de 20 millions d’euros, afin de servir le marché marocain et surtout l’usine Renault.
Toujours dans l’automobile, l’entreprise Ficosa est aussi une énième success-story en provenance du voisin ibérique, ayant inauguré un centre de production au Maroc pour un investissement total de 50 millions d’euros. La spécialisation de ces groupes dans des activités de pointe et à forte valeur ajoutée, confirme la confiance de ces entreprises dans la plateforme industrielle nationale dont l’agilité, la flexibilité et la résilience constituent des atouts majeurs pour booster la croissance des entreprises accueillies et préserver leur compétitivité en cette conjoncture assez particulière.Tourisme et agriculture, deux autres exemples réussis de coopération
Dans le secteur agricole, les entreprises espagnoles, qui ont toujours considéré leurs homologues marocaines comme de grandes concurrentes, ont commencé à s’intéresser de plus en plus à l’investissement au Maroc. Elles s’activent de plus en plus dans des domaines variés comme la production, l’irrigation, la récolte, le conditionnement et la commercialisation des produits agricoles, et ce pour des besoins d’exportations vers les différents marchés de l’Union européenne. Il s’agit surtout des primeurs et des produits saisonniers, comme la fraise, la framboise, la myrtille, les haricots verts, mais également des plantes aromatiques et médicinales. Au niveau touristique, plusieurs groupes espagnols sont attirés par l’énorme potentiel du Royaume, à l’instar du groupe Barcelo qui détient de nombreux hôtels dans plusieurs villes du Royaume. Le partenariat dans ces secteurs est promis à de belles perspectives, vu la position de l’Espagne qui figure parmi les principaux marchés émetteurs pour le tourisme national.
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Entretien avec la Secrétaire d’État au Commerce et présidente de ICEX Espagne Exportations et Investissements
Xiana Méndez : "Nous souhaitons que les sociétés espagnoles puissent connaître les opportunités d’investissement qui existent au Maroc"
Une délégation de 58 entreprises espagnoles est attendue ces 7 et 8 juin à Casablanca dans le cadre de la Rencontre entrepreneuriale Espagne-Maroc. Objectif : prospecter des partenariats locaux pour s’établir ou se consolider dans le Royaume du Maroc et renforcer ainsi les relations économiques et d’investissement entre les deux pays. C’est également une occasion pour partager avec ces entreprises les nouvelles opportunités d’investissement au Maroc encouragées notamment par la nouvelle Charte de l’investissement. Le point avec Xiana Méndez, Secrétaire d’État au Commerce et présidente de ICEX Espagne Exportations et Investissements.
Le Matin : Pourquoi la Rencontre entrepreneuriale Espagne-Maroc les 6, 7 et 8 juin à Casablanca est-elle importante et quelles en sont vos attentes ?
Xiana Méndez : Cet événement commercial organisé par le ministère espagnol de l’Industrie, du commerce et du tourisme, par l’intermédiaire de l’ICEX Espagne et des bureaux économiques et commerciaux de l’ambassade d’Espagne au Royaume du Maroc, est de la plus haute importance pour le secrétaire d’État du Commerce. Dans le cadre de cet événement, les entreprises espagnoles pourront s’informer directement sur les opportunités d’investissement et de coopération commerciale dans les secteurs de l’eau et de l’environnement, de l’automobile, des énergies renouvelables, des chaînes de valeur alimentaires, des services éducatifs et de l’infrastructure.Cette réunion a lieu dans le cadre de la nouvelle Charte de l’investissement que le Maroc a promulguée cette année. Nous cherchons à ce que les entreprises espagnoles puissent s’établir dans le Royaume du Maroc par le biais d’investissements accrus, ainsi que participer à de grands projets, dans un environnement de sécurité juridique croissante et de développement pour les deux pays. En outre, il est important de souligner l’étroite collaboration avec la CEOE et la Cámara de Comercio de España dans ce type d’événement, ainsi qu’avec son homologue marocaine.Économiquement parlant, comment expliquez-vous la position confortable de l’Espagne dans les échanges commerciaux avec le Maroc, l’Espagne étant le premier fournisseur et premier client du Maroc ?
Les relations économiques bilatérales entre l’Espagne et le Maroc sont très intenses. Depuis plusieurs années, l’Espagne est le principal client et fournisseur du Maroc. Le Maroc est également un marché très important pour les exportations espagnoles, et le plus grand d’Afrique. Plusieurs raisons expliquent cette «position confortable». Premièrement, la proximité géographique entre les deux pays facilite les relations commerciales, puisque cette proximité réduit les coûts de logistique et de transport. Cependant, l’élément clé qui favorise l’établissement de l’Espagne comme premier partenaire commercial du Maroc est la complémentarité de nos économies : l’intégration des chaînes de valeur encourage différentes parties de la phase de production à être effectuées en Espagne et d’autres au Maroc. Il s’agit d’une relation positive pour les deux pays, qui favorise les échanges et un climat propice aux investissements.Les secteurs de l’automobile ou du textile en sont des exemples éloquents, même si cette tendance s’étend progressivement à de multiples secteurs. Tout cela s’inscrit également dans un contexte de plus grande connaissance mutuelle et de confiance entre les acteurs économiques et sociaux des deux pays.
Les statistiques commerciales entre l’Espagne et le Maroc confirment ce dynamisme. À l’exception de l’année 2020, la pire année de la crise sanitaire, nous enchaînons depuis 2010, année après année, des records historiques dans les exportations espagnoles vers le Maroc, atteignant près de 12 milliards d’euros en 2022. Les chiffres préliminaires pour la période janvier-mars 2023 laissent présager un nouveau pic cette année.Chez les deux pays, il y a une grande volonté politique pour booster davantage les relations commerciales. À votre avis, qu’est-ce qu’il faut faire pour atteindre cet objectif ? Et que faut-il faire pour pérenniser cette bonne entente ?
Le cadre général des relations économiques est très positif et a conduit à un degré élevé et croissant d’interrelation entre les deux pays. Ces relations économiques et commerciales solides constituent un bon point de départ pour l’établissement de relations futures dotées d’un grand potentiel de croissance.En ce sens, les accords signés en février lors de la réunion de Haut niveau entre les deux pays donneront une impulsion importante à nos relations commerciales, au bénéfice des deux Royaumes. L’administration espagnole s’efforce également de stimuler les exportations et les investissements dans votre pays. Le Maroc est un pays prioritaire dans la stratégie Horizon Afrique, qui vise à soutenir l’internationalisation des entreprises espagnoles sur le marché africain et à promouvoir une présence espagnole croissante et solide sur le continent.Cependant, notre coopération va au-delà de l’aspect purement économique. Elle s’étend aux domaines de l’éducation sociale, de la culture et du tourisme. À cet égard, le soutien du Royaume du Maroc à la candidature conjointe de l’Espagne et du Portugal pour l’organisation de la Coupe du monde 2030 est un magnifique exemple des possibilités de coopération qui s’ouvrent aux deux pays. Cet événement pourrait renforcer nos liens économiques, contribuer à la consolidation de nos relations commerciales et encourager les investissements mutuels dans les infrastructures. Nos relations fraternelles se renforceront à l’avenir. Il s’agit d’apprendre à se connaître et de nous permettre de partager des espaces ensemble.
Comment votre établissement (ICEX) se positionne-t-il dans cette nouvelle ère des relations bilatérales ?
La tenue de la Rencontre entrepreneuriale est un exemple que le Maroc est devenu un pays prioritaire pour notre organisation. Ces dernières années, les échanges commerciaux ont connu une croissance vertigineuse, tout comme les flux d’investissement. Sur le plan commercial, nous souhaitons nous positionner comme une marque de qualité capable de maintenir des prix raisonnables. Nous exportons des produits compétitifs, de haute technologie et à valeur ajoutée. La preuve en a été le pavillon ICEX au salon SIAM, avec la présence d’une délégation de plus de 30 entreprises du secteur agro-industriel ayant une vaste expérience dans la fourniture de technologies pour une meilleure utilisation des ressources agricoles et de la transformation des aliments. En ce qui concerne les flux d’investissement, nous sommes conscients qu’il existe de nombreuses opportunités d’investissement au Maroc et c’est pourquoi nous souhaitons que les sociétés espagnoles puissent les connaître. Notre capacité d’investissement en chiffres est peut-être inférieure à celle d’autres pays, mais notre priorité est qu’il s’agisse d’un investissement durable, socialement responsable et générateur d’emplois de qualité.Quels sont les créneaux ou les activités que vous avez identifiés comme bénéfiques au développement des entreprises espagnoles ou leurs activités au Maroc ?
Parmi les secteurs que nous avons identifiés comme prioritaires figurent l’eau et l’environnement, où les entreprises espagnoles sont à l’avant-garde des marchés internationaux : infrastructures, production et réutilisation ; développement de nouvelles technologies ; gestion. Et le secteur automobile, où nous avons observé que le Maroc est devenu non seulement une base de commerce international, mais aussi un marché important pour les entreprises espagnoles. Le Maroc est devenu non seulement une base de production, mais aussi un client, ce qui favorise l’intégration verticale et raccourcit la chaîne d’approvisionnement. Les énergies renouvelables sont un autre secteur d’avenir, puisque d’ici 2030, le Maroc vise à ce que 52% de sa capacité installée de production d’électricité provienne de sources renouvelables.Nous voyons également de grandes opportunités dans l’agro-industrie, un secteur dans lequel de nombreuses entreprises espagnoles sont déjà présentes dans de nombreuses régions du Maroc. Les services liés à l’éducation ont un avenir prometteur. À cet égard, l’Espagne dispose du plus grand réseau de centres espagnols au monde, avec 10 centres au Maroc, tant publics (Instituto Cervantes) que privés. Enfin, je voudrais souligner les infrastructures : les chemins de fer, les autoroutes et le secteur portuaire… Notre tâche est de contribuer à une meilleure compréhension des opportunités d’affaires offertes par le pays afin d’élargir le tissu d’entreprises espagnoles exportatrices et investisseuses.
Qu’en est-il des entreprises marocaines voulant se développer en Espagne ?
L’Espagne offre plein d’opportunités d’affaires pour les entreprises marocaines. La proximité de l’Espagne et du Maroc facilite énormément les relations commerciales.Invest in Spain est le département de l’ICEX chargé d’informer les entreprises étrangères des possibilités d’investissement dans notre pays et de les guider dans ce processus. En étant présentes en Espagne, elles peuvent ensuite développer leurs activités en Europe ou en Amérique latine. Nous serions ravis d’accueillir davantage d’entreprises marocaines, car leur présence en Espagne est encore faible par rapport à la communauté d’affaires d’autres pays.Lire aussi : Maroc-Espagne : une Déclaration conjointe sanctionne les travaux de la Réunion de Haut Niveau