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Migration : les grandes tendances dans le monde (Banque mondiale)

La Banque mondiale dresse un panorama complet du phénomène migratoire dans le monde et analyse son évolution ainsi que ses implications sur l’ensemble des pays du globe en fonction de leur niveau de développement. Selon le rapport présenté mercredi, dans les décennies à venir, le pourcentage d'adultes en âge de travailler devrait diminuer considérablement dans de nombreux pays, ce qui pourrait les amener à rechercher davantage de travailleurs étrangers. Et le Maroc ne ferait pas exception, sachant qu'il connaît lui aussi une «transition démographique qui devrait s'accélérer».

Migration : les grandes tendances dans le monde (Banque mondiale)
Ph. Seddik

Tous les migrants ne sont pas identiques et les politiques migratoires doivent en tenir compte. La concurrence pour les travailleurs augmente à mesure que la population des pays riches ou à revenu moyen vieillit. Mieux encore, la migration deviendra de plus en plus nécessaire pour les pays, à tous les niveaux de revenu. Ce sont là les principales problématiques abordées par les auteurs du dernier rapport annuel de la Banque mondiale sur «le développement dans le monde» qui porte, cette année, sur la migration. Intitulé «Migrants, réfugiés et sociétés», le document a été présenté mercredi à Tanger lors d’une rencontre ayant réuni des experts de la Banque mondial, dont les auteurs du rapport, des experts marocains de la migration, des chercheurs et des universitaires… Organisée par la Banque mondiale, le ministère de l'Économie et des finances et l’Université Abdelmalek Essaâdi de Tanger, cette rencontre fait partie d'une série d'événements programmés en préparation des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, qui auront lieu à Marrakech en octobre prochain.

Les quatre types de migrants distingués par le rapport de la Banque mondiale

Le rapport de la Banque mondiale qui a constitué la matière première du débat avant de focaliser davantage sur la question de la migration et ses portées au Maroc, révèle que 184 millions de personnes, environ 2,3% de la population mondiale, vivent en dehors de leur pays. L'un des auteurs du rapport, Quy Toan Do, économiste principal à la Banque mondiale, a présenté les résultats de ce rapport en identifiant quatre catégories de migrants et les priorités stratégiques pour chacune d'entre elles. La première catégorie concerne les migrants économiques qui représentent le groupe le plus important. La deuxième catégorie concerne les réfugiés possédant des compétences recherchées dans les pays de destination. La troisième catégorie concerne les migrants en situation de détresse, notamment ceux qui se trouvent en situation irrégulière. Enfin, la quatrième catégorie concerne les réfugiés en général. Selon lui, quelque 43% des migrants et des réfugiés se trouvent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, 40% dans des pays à revenu élevé de l’Organisation de coopération et de développement économiques et les 17% restants dans des pays du Conseil de coopération du Golfe. Citant le rapport, il affirme que dans les décennies à venir, le pourcentage d'adultes en âge de travailler devrait diminuer considérablement dans de nombreux pays, ce qui pourrait les amener à rechercher davantage de travailleurs étrangers. L'économiste principal à la Banque mondiale, en parlant du Maroc et de la concurrence à venir pour les travailleurs et les talents, a souligné que le Royaume connaît également une «transition démographique qui est en train de se produire et qui devrait s'accélérer», selon ses estimations. Par ailleurs, Jesko Henstchel, directeur pays de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, a considéré que la migration comportait des avantages et des inconvénients pour les migrants, les pays d'origine et les pays de destination. Toutefois, il souligne que le bilan dépend des caractéristiques individuelles des migrants, des circonstances de leur déplacement et des politiques qui leur sont appliquées.

La nécessité d'adopter une vision à long terme en matière de migration marocaine

Concerné au premier chef par la problématique migratoire, Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), a prôné la nécessité de prendre du recul sur cette question. «Il faut refroidir la question de la migration», ainsi qu’il l’a toujours plaidé. Il a aussi appelé à adopter une vision à long terme en matière de migration marocaine, soulignant que le Royaume a toujours eu une politique active de la diaspora, avec la création progressive d'institutions telles que le CCME, ainsi que la dynamique des acteurs privés, tels que le secteur bancaire qui a renforcé sa présence à l'échelle internationale. Critiquant l’utilisation des termes tels que «la fuite des cerveaux», M. El Yazami a préconisé le passage d'une politique de mobilisation de compétences marocaines à une politique d'attractivité de compétences, indiquant que tous les États du monde devraient adopter cette approche. Selon lui, la migration doit être considérée comme une opportunité pour le développement tant des pays d'origine que des pays de destination.

Proposition d’un cadre d'action commun pour la gestion de la migration et de l'asile

La présidente du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), Amina Bouayach, a également partagé cette vision s’agissant de la question migratoire. Confrontée régulièrement à cette problématique et à ses implication socioéconimque, Mme Bouayach estime que la migration est une réalité quotidienne incontournable qui fait partie intégrante de l'histoire humaine. Toutefois, elle a souligné que la perception de la migration et de l'asile au niveau international posait problème. Pour résoudre ces défis, elle a appelé à l'adoption d'un cadre d'action commun pour la gestion de la migration et de l'asile ainsi que pour la protection des migrants et des réfugiés. Pour sa part, Chadia Arab, géographe et chargée de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a souligné que les mouvements migratoires au Maroc évoluent vers de nouvelles dynamiques Sud-Sud, Nord-Sud et Nord-Nord. Selon elle, il y a un changement dans la géographie des flux, avec des pays qui passent du statut de pays d'immigration à celui de pays de transit et vice versa. De plus, de nouvelles routes migratoires émergent, avec une augmentation de la proportion de femmes qui se déplacent…

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Le Maroc, un pays central de la dynamique migratoire

Pour le président de l'Université Abdelmalek Essaâdi, Bouchta El Moumni, le choix de Tanger en tant que lieu d'accueil de cette rencontre est une preuve du rôle central joué par le Maroc en tant que pays qui gère la dynamique migratoire à plusieurs niveaux. Il a ainsi rappelé que le Maroc avait mis en place des politiques efficaces faisant preuve de sagesse en redéfinissant les mouvements migratoires à l'échelle mondiale, en considérant les migrations comme des opportunités pour les pays d'accueil et de transit. Bouchta El Moumni a déclaré que ce type de discussions mettait en lumière la nécessité critique d'aborder la question de la migration avec de nouvelles stratégies qui consolident les valeurs universelles et contribuent au maintien de la paix et de la prospérité à l'échelle internationale.

Lire aussi : Travailleurs migrants : les initiatives du Maroc et les recommandations du CNDH

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